La marche vers la dictature écologiste

Publié le 5 novembre 2015 dans Environnement
Par Patrick Aulnas*

Le Big Brother du futur sera écologiste et disposera de la technologie nécessaire pour formater les esprits






La prochaine dictature sera la pire de toutes car la majorité y aura consenti. L’idéologie qui la porte est l’écologisme. L’écologisme touche la gouvernance des États, les états-majors des grandes entreprises, le mouvement associatif, les syndicats, le citoyen ordinaire. Il s’agit d’une idéologie rampante, non représentée par de grands partis politiques, ne constituant jamais une majorité de gouvernement, mais présente de façon latente dans tous les discours et toutes les pensées. Elle s’infiltre, elle colonise les structures sociales, elle influence les décisions et tétanise les initiatives non conformes à son dogme. Elle agit comme un venin qui affaiblit l’organisme de l’intérieur et parvient parfois à le détruire.

L’histoire de l’écologisme reste à écrire. Lorsque René Dumont se présente à l’élection présidentielle de 1974, il arrive à la télévision avec une pomme et un verre d’eau pour mettre en évidence la rareté de ces ressources naturelles. Il recueille 1,32% des voix et apparaît à beaucoup comme un aimable fantaisiste. Mais la machine écologiste est lancée. Elle va agir de façon très efficace, et à l’échelle internationale, sur les normes de fabrication, la politique énergétique et la fiscalité.

Les normes de fabrication

L’idéologie écologiste est parvenue à régenter les normes techniques de production, en particulier dans le domaine des produits alimentaires, des moteurs automobiles, plus récemment dans le domaine du chauffage des locaux d’habitation et professionnels. En ce qui nous concerne, ces normes juridiques sont européennes. Seuls les produits conformes aux normes peuvent être fabriqués. Tout le reste est interdit. Cette approche est exactement le contraire du principe démocratique selon lequel tout ce qui n’est pas interdit est autorisé. La démarche écologiste consiste à laisser le consommateur apparemment libre et à agir sur le producteur. Vous pouvez conserver votre ancienne voiture pendant trente ans ou plus, mais si vous en achetez une neuve, la liberté n’est plus au rendez-vous. Vous ne pouvez acquérir que ce que l’État a validé. Tous les fabricants sont tenus de respecter les normes écologistes et le choix du consommateur est ainsi dicté par la gouvernance politique. Le même raisonnement s’applique au chauffage des locaux. Seules les chaudières à condensation seront bientôt disponibles sur le marché car un règlement européen fixe des seuils d’efficacité énergétique éliminant de facto toute autre technologie. Dans le domaine alimentaire, l’interdiction des OGM s’applique aussi aux producteurs, privant les consommateurs de leur liberté de choix.

La stratégie écologiste consiste donc à feindre le respect de la liberté d’entreprise mais à l’annihiler par une réglementation de plus en plus dense de la production. La liberté d’entreprendre consistait à fabriquer ce que le génie individuel avait découvert. Elle consiste désormais à produire ce que l’État a autorisé. Une première forme de dictature s’installe.

La politique énergétique

Le dogme des énergies renouvelables a envahi la planète entière. Les énergies fossiles sont vouées aux gémonies. Le solaire, l’éolien, l’hydraulique ont la bénédiction des gourous de l’écologisme. La distinction renouvelable/non renouvelable est évidemment un simplisme destiné à convaincre le grand public. Lorsqu’on produit, on transforme. Rien n’est entièrement renouvelable. Les matières premières des panneaux solaires ou des éoliennes n’ont rien de renouvelable. Mais une idéologie ne s’encombre pas de ces détails. Il faut avancer et dans le bon sens. La bonne direction est celle des énergies subventionnées car, bien entendu, l’État doit déterminer la politique énergétique. L’Allemagne a ainsi abandonné le nucléaire sous pression idéologique. Les consommateurs français d’électricité se voient facturer le surcoût du fonctionnement des éoliennes et panneaux solaires (taxe appelée CSPE, contribution au service public d’électricité). Les voitures électriques, dont l’autonomie est dérisoire puisqu’on ne sait pas stocker de grandes quantités d’électricité, sont lourdement subventionnées par les pouvoirs publics. Elles sont donc en partie payées par les contribuables.

Là encore, la liberté recule et l’emprise de l’État avance rapidement. À l’échelle internationale, des masses financières énormes seront mises au service de la nouvelle idéologie. Ainsi, les pays riches se sont engagés à fournir 100 milliards de dollars aux pays pauvres pour favoriser leur transition énergétique. Les pays riches ? Les contribuables des pays riches, évidemment.

La fiscalité écologique

La fiscalité est désormais orientée par le dogme. De multiples taxes sur la consommation ont déjà une vocation écologiste. L’exemple le plus connu est celui de l’automobile, l’un des ennemis désignés de l’écologisme. Dans ce domaine, l’État est le serviteur dévoué de l’idéologie nouvelle. En fonction des émissions de CO2, l’acheteur d’une automobile neuve bénéficie d’une subvention (bonus de 4 000 à 6 300 €) ou se voit appliquer une taxe (malus de 150 à 8 000 €). La surveillance électronique des déplacements privés pour des raisons fiscales est toujours à l’ordre du jour. L’échec de l’écotaxe poids lourds, qui instituait en France un contrôle informatisé des déplacements professionnels, n’a pas tempéré les ardeurs des fanatiques du contrôle. Ils reviendront à la charge, n’en doutez pas !

Une dictature technologique, universelle, informationnelle et consensuelle

Malgré leur caractère empirique, les quelques observations qui précèdent permettent de repérer quatre caractéristiques de cette nouvelle dictature. Il s’agit d’un autoritarisme technologique car il appartient désormais au politique de décider des productions autorisées. La société qui se profile est une société de produits et services régulés par un corpus normatif dense, très technique, à la seule portée des spécialistes. Tout ce qui n’est pas conforme aux normes est interdit.

La dictature écologiste est universelle. Comme le disent eux-mêmes les écologistes, la pollution ne connaît pas de frontières. Il est donc nécessaire d’emmener la planète entière vers l’éden écologiste. Une convention internationale a donc été adoptée en 1992 au sommet de Rio. Elle a été ratifiée aujourd’hui par 195 États. Ce dispositif juridique a pour ambition d’aboutir à des décisions contraignantes à l’échelle planétaire. Les grands-messes internationales de style COP21 représentent les toutes premières étapes de cette dictature globale. Il faut bien comprendre l’enjeu: Un pouvoir politique planétaire, s’il advient un jour, risque d’aboutir au totalitarisme universel car il n’existera plus d’entités politiques puissantes susceptibles de le contester.

L’époque étant aux technologies de l’information, la nouvelle dictature ne peut que les mettre à son service pour convaincre et surveiller. L’enregistrement électronique des déplacements privés progresse un peu partout. Le compteur électrique intelligent va bientôt réguler votre consommation d’électricité. Le Big Brother du futur sera écologiste et disposera de la technologie nécessaire pour formater les esprits et espionner les individus.

L’aspect historiquement le plus original de l’écologisme est sa capacité à convaincre le plus grand nombre. Il existe sans doute une majorité de citoyens acceptant les contraintes de cette idéologie au nom de la survie des générations futures. Le sentiment de culpabilité, instrument classique de domination, est utilisé chaque jour avec une habileté diabolique par les tenants de l’idéologie et leurs serviteurs assoiffés de pouvoir. Espérons que le mea culpa sera de courte durée et que les hommes de demain ouvriront les yeux sur la violence qui leur est faite. Rien n’est moins sûr.

L’instrumentalisation de l’idéologie écologiste par certains politiciens afin de recueillir des voix aux élections est une évidence. Tous les partis ont plus ou moins verdi leurs programmes par électoralisme. Pourtant, ce comportement démagogique n’est pas perçu de l’opinion. L’idéologie écologiste n’en souffre pas, bien au contraire. Elle utilise cette popularité pour introduire des réformes mettant en place sur la durée et dans le consensus majoritaire la prééminence généralisée d’une vision unique du futur. La caution pseudo-scientifique du GIEC et la peur de l’avenir font le reste.

Ainsi se met en place jour après jour la tyrannie la plus écrasante que l’humanité ait imaginé.


* Diplômé d’études supérieures de droit public, ancien professeur agrégé d’économie-gestion, Patrick Aulnas est aujourd'hui blogueur et essayiste.

Site de l'auteur: http://www.rivagedeboheme.fr/




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