Climat : pourquoi l’Europe est en mode pause

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Par : Aline Robert
31/10/2016

Commentaire: Si le mode "pause" pouvait se transformer en mode "arrêt". Retrouver de la sérénité dans notre quotidien, "déposer" les recours et autres luttes contre les envahisseurs éoliens et leurs complices propriétaires et élus (es). Retrouver le rythme des saisons.
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Angela Merkel et Salaheddine Mezouar, président de la COP22 et ministre des affaires étrangère du Maroc, en juillet dernier

L’absence d’Angela Merkel de la COP22 symbolise une politique énergétique et climatique européenne figée par les divergences.
Angela Merkel sera la grande absente de la COP22, à Marrakech, où se retrouveront en revanche plusieurs chefs d’État européens mi-novembre. François Hollande, Matteo Renzi ou Mariano Rajoy ont prévu de participer à la conférence marocaine.
Loin d’être anodine, cette absence semble traduire le mode pause dans lequel l’Allemagne est entrée par rapport aux enjeux climatiques. Berlin a bien publié, en septembre, son plan d’action climat pour 2050, comme le pays s’y était engagé à la COP21. Mais le texte, s’il prévoit des réductions d’émission de 80 % à 95 % d’ici 2050, reste vague sur les deux principaux problèmes du pays : les centrales à charbon et le transport.


 L’Allemagne toujours accro au charbon
La raison de cette nouvelle frilosité est d’ailleurs la même qui a permis au pays d’organiser une transition énergétique relativement exemplaire jusqu’à maintenant. Il s’agit du refus du nucléaire, qui a incité le pays à développer les renouvelables puis à fermer les centrales nucléaires.
Mais la flambée des tarifs de l’électricité qui a suivi, et les risques que cela fait subir à la compétitivité de l’industrie allemande, posent aujourd’hui question. C’est d’ailleurs sous la pression des lobbys que Sigmar Gabriel a finalement refusé d’insérer dans le plan d’action climatique une date butoir pour arrêter tout recours au charbon en Allemagne. Le ministre de l’Économie a aussi déclaré, le 26 octobre, que le charbon ne serait pas abandonné avant 2040. Pour les même raisons, le plan pour la voiture électrique ne figure pas dans le projet.
Or la fermeture des centrales à énergies fossiles est incontournable pour que l’UE atteigne son objectif d’un recul de 80 à 95 % de ses émissions d’ici 2050, comme le souligne un récent rapport de l’Agence européenne de l’environnement.
L’Allemagne risque aussi de faillir à son engagement européen pour 2020 sur le climat, à la fois en terme de réduction d’émission de CO2, mais aussi, et de façon plus surprenante, sur la part des renouvelables dans la consommation totale d’énergie. Le programme Energiewende s’avère plus être une transition pour la production d’électricité, que pour l’énergie en général.

Manque d’élan pour le partage de l’effort d’ici 2030
Une situation qui place la politique climatique de l’UE dans une situation délicate, puisque l’Allemagne en était jusqu’alors un des moteurs. La France tente de l’être, mais avec une crédibilité perfectible : le pays sera également en dehors des clous de ses engagements européens pour 2020, et très en retard sur la part des renouvelables dans son mix énergétique .
La signature d’un accord européen in extremis, le 6 octobre dernier, a certes permis au bloc de ratifier l’accord de Paris d’une façon quelque peu cavalière, puisque seuls quelques pays l’ont effectivement ratifié.
Mais au niveau des politiques publiques, force est de constater que la situation reste figée au niveau européen : depuis le conseil européen de fin 2014 qui a déterminé les grands objectifs de réduction d’émission pour 2030, peu de dossiers ont avancé alors même que l’ambition est désormais rehaussée avec l’impératif de la COP21. L’heure est plutôt à traîner les pieds.
La proposition de répartition de l’effort concernant les secteurs du transport et de l’agriculture pour arriver à cet objectif s’est vue opposer une forte grogne, lors du conseil environnement de la mi-octobre.
Ainsi, 13 pays* ont réclamé que la proposition de la Commission, qui est déjà le fruit d’une âpre négociation, soit encore assouplie. Des réclamations « comptables » destinées à limiter les efforts nécessaires.

L’Union de l’énergie dans les limbes
« C’est sûr qu’il y a du bon, et du moins bon » reconnaît Laurence Tubiana, ambassadrice climat pour la France, en citant parmi les points noirs en Europe l’Union de l’Énergie, dont le projet reste bloqué dans les hauteurs du Berlaymont à Bruxelles. L’exécutif a certes planifié une série d’annonces pour le mois de novembre, histoire de paraître rester dans la course à l’occasion de la COP22. Mais au-delà des effets de communication, le sujet commence sérieusement à inquiéter chez les géants de l’énergie. Autant le concept d’union de l’énergie a fait un tabac dès sa suggestion, en 2014, par Donald Tusk, autant sa concrétisation s’avère inexistante tant personne ne semble d’accord sur ce que devrait être cette union.
L’idée d’une centrale d’achat du gaz russe a tourné court ; le Royaume-Uni a tout fait pour que les compétences de l’UE en la matière soient réduites, et même la proposition de l’Allemagne d’accélérer sur l’efficacité énergétique n’a pas été bienvenue. « L’Union de l’énergie n’avance pas, et c’est une catastrophe.
L’absence d’investissements maintenant va nous coûter très cher demain » prévient une source chez EDF, le géant français. La France défend d’arrache-pied la généralisation d’un marché de capacité, qui permet de rémunérer les capacités de production d’électricité existantes, ce qui ne met pas tout le monde d’accord. En proie à des capacités trop importantes, l’Hexagone freine aussi le déploiement de nouvelles interconnexions, surtout avec la péninsule ibérique.
Malgré cette avalanche de divergences, la France s’apprête à fêter avec force illuminations des monuments parisiens, le 4 novembre, l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris. Histoire de voir le verre à moitié plein ?

*Lettonie, République tchèque, Danemark, Lituanie, Roumanie, Pologne, Malte, Croatie, Bulgarie, Danemark, Espagne, Autriche et Belgique

Plus d'information

Commission européenne
Union de l'énergie et action pour le climat: accompagner la transition de l’Europe vers une économie à faible intensité de carbone
Communication – Accompagner la transition de l’Europe vers une économie à faible intensité de carbone

Fiche d’information: Questions et réponses sur la proposition de la Commission relative aux réductions contraignantes des émissions de gaz à effet de serre par les États membres de 2021 à 2030
Propositions législatives
Analyse d'impact(2.54 Mb)
Analyse d'impact – Résumé(205 kB)
Rapport d’évaluation sur la décision relative à la répartition de l'effort
Document de travail des services de la Commission [SWD(2016) 251/F1]

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