Les ex-présidents français restent mieux lotis que leurs homologues

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Par Daniel Vigneron (Paris)
11/10/2016
 
Commentaire:  "Pourquoi certains n'auraient pas tout ? Il y en a qui n'ont rien. Ça fait l'équilibre.”
 
Audiard Michel (1920-1985)
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Giorgio Napolitano et Valery Giscard d'Estaing / Wikimedia Commons


myeurop avec RFI Accents d'Europe





Les privilèges accordés aux anciens chefs de l’Etat vont être réduits. Ils resteront cependant les mieux traités en Europe même si d’autres chefs de l’exécutif bénéficient d’un traitement qui fait de l’objet de critiques dans leur pays.


Cette fois, c’est acté : un décret paru il y a quelques jours au Journal Officiel revoit sensiblement à la baisse les privilèges accordés aux anciens présidents de la République.

Le 20 septembre dernier, le site Mediapart avait révélé le contenu d’un rapport du vice-président du conseil d’État et du premier président de la Cour des comptes estimant à plus de dix millions d’€ le coût annuel pour les contribuables de l’entretien des trois ex-chefs d’État encore en vie. Un train de vie dénoncé depuis longtemps par le député René Dozières car il accorde aux anciens président un traitement digne de princes de sang. 


Une normalisation très relative
Il serait toutefois très exagéré de prétendre que ce nouveau régime normalise la situation. Le décret publié le 5 octobre ne modifie ni la retraite des ex-présidents – 65.000 € bruts par an -, ni le fait qu’ils disposent à vie d’un appartement de fonction, d’une voiture avec chauffeur et d’une protection policière adaptée. Sans compter les 15.000 € bruts mensuels versés aux membres du conseil constitutionnel dont les « ex » sont membres de droit mais que Valéry Giscard d’Estaing est désormais seul à toucher.

Seuls deux points sont modifiés. D’une part, les sept collaborateurs et deux agents de service dont ils disposent actuellement seront ramenés à trois collaborateurs et un agent au bout de cinq ans après la fin de leur fonction (et dans cinq ans pour les trois anciens présidents actuels).

D’autre part, la prise en charge par l’État de leurs frais de représentation et de déplacement ne concernera plus que des activités liées à leur ancienne fonction. C’est bien le moins que l’on pouvait faire… On estime que ces mesures devraient, à terme, permettre d’économiser environ 3 millions d’€ sur les 10,3 millions actuellement dépensés.

Quant aux anciens Premiers ministres, le traitement qui leur est réservé est bien plus modeste. Les dix ex-chefs de gouvernement encore en vie en 2014 coûtaient à l’État 860.000 € annuels. Ils bénéficient d’une protection policière, d’une voiture avec chauffeur et d’un assistant personnel. Mais ils ne disposent ni d’un bureau de fonction, ni de la gratuité des transports, ni d’une retraite spécifique, leur traitement étant simplement maintenu pendant les 3 mois suivant la fin de leur fonction


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Le président italien très bien traité…
On ne peut prétendre que le traitement des ex-présidents n’a pas d’équivalent chez nos voisins. Dans deux pays, en dépit du fait que la fonction présidentielle soit largement honorifique, les anciens chefs de l’État bénéficient de conditions comparables à celle des présidents français. En Italie tout d’abord, l’ancien président Giorgio Napolitano – c’est le seul encore en vie – ne bénéficie pas d’une retraite de président mais c’est beaucoup mieux puisqu’il est devenu automatiquement sénateur à vie et bénéficie à ce titre d’une rémunération de 15.000 € nets mensuels (beaucoup plus donc que nos ex-présidents) et d’un bureau au Sénat.

Il peut compter en outre sur un secrétariat de dix personnes, le service d’un majordome, plusieurs lignes téléphoniques à sa disposition et un service de sécurité d’une trentaine d’agents !

Le président du conseil, vrai chef de l’Exécutif en Italie, est beaucoup moins bien traité puisqu’il ne dispose que de sa retraite parlementaire à 65 ans. Avant cet âge, il a tout loisir de redevenir député ou sénateur, de travailler dans le privé ou encore de toucher d’autres retraites. La presse dénonce ainsi les revenus de Mario Monti qui cumule ses généreuses retraites de Commissaire européen (9000 € mensuels) et de professeur d’Université ainsi que son indemnité de sénateur à vie. 




… de même que le président allemand

Quant au président fédéral d’Allemagne qui, rappelons-le, peut quand même dissoudre le Bundestag dans certains cas, il touche un traitement à vie de 214.000 € par an et dispose d’un bureau et d’une voiture avec chauffeur. Mais du fait d’une protection policière réduite et de frais de représentation nuls, il coûte quand même près de dix fois moins cher qu’un président français. Comme en France, les ex-présidents allemands ne sont plus que trois.

Quant aux deux anciens chanceliers allemands, ils sont à peine mieux traités que les premiers ministres français, disposant pendant trois mois de leur traitement de 24.000 € divisé par deux les trois mois suivants. De quoi inciter à se reconvertir dans le privé, comme Gerhard Schröder qui a cumulé des fonctions de conseil, notamment à la banque Rothschild et qui est actuellement président de Nord Stream AG, maître d’œuvre du projet (actuellement remis en cause) d’un gazoduc baltique piloté par le russe Gazprom. Une reconversion très critiquée outre-Rhin.
 

Gros avantages pour les premiers ministres espagnols
Deux des trois anciens présidents du gouvernement espagnol, Jose Luiz Zapatero et Jose Maria Aznar sont assez critiqués pour leurs activités dans le privé ou les conférences rémunérées qu’ils multiplient.

D’autant que deux années après leur mandat, ils peuvent cumuler ces revenus avec la retraite de 80.000 € annuels due aux anciens premiers ministres, retraite qui est assortie de dotations pour les dépenses de bureau, d’un véhicule avec chauffeur et de la gratuité des transports.

L’ancien président peut également opter pour un poste de conseiller d’État à vie rémunéré 100.000 € par an. C’est ce qu’a fait Zapatero, ce qui ne l’empêche pas de multiplier voyages et conférences pas toujours désintéressées. 


 

Les premiers ministres britanniques sous le feu de la critique
Au Royaume-Uni, les anciens premiers ministres (ils sont désormais quatre) disposent d’une enveloppe annuelle de 130.000 € pour leurs frais de représentation et d’une importante protection policière.

Il y a deux ans, Tony Blair, dont la fortune est évaluée à 60 millions de livres sterling, coûtait près de 300.000 € par an au contribuable bien qu’il ait renoncé aux 80.000 € annuels de sa pension d’ancien premier ministre. Il faut dire qu’il multiplie les conférences grassement rémunérées et dirige de multiples fondations.

Le jeune retraité David Cameron a lui aussi renoncé à sa pension ainsi qu’à son mandat de député et sa situation patrimoniale lui permet d’envisager sereinement d’attendre l’âge de 65 ans pour toucher une pension ministérielle.

En conclusion, les anciens présidents français restent très privilégiés même si leurs homologues sont en général bien traités. Ce qui demeure problématique c’est lorsque nos ex-présidents gagnent également, à l’instar de Nicolas Sarkozy, beaucoup d’argent dans le privé.

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