Revoyons la programmation éolienne et photovoltaïque en Europe vu l’impasse CO2.

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LT
Publié le 6 juillet 2017

1) Assertion initiale
Toute augmentation d’intermittence dans le système électrique français actuel conduit à une hausse des émissions de CO2 pour la production électrique à production constante – alors que la réalité est autrement convaincante : l’extension de la production intermittente aux niveaux indiqués amènera la part de la CSPE spécifique de 5 à un niveau de l’ordre de 25 milliards/an; les allemands en sont à 29 aujourd’hui…! Et cette part est loin de représenter les coûts « secondaires » entraînés par l’intermittence: réseaux, compteurs, marché de capacité, durée de vie et stockages encore un peu éloignés pour ces derniers. Pire : les excédents de capacité créés par les intermittents conduisent à un prix de marché de gros extrêmement bas, ce qui conduit à une augmentation systématique des subventions attribuées, tout en rendant tout investissement plus que non rentable dans ce domaine; et l’Europe n’est pas prête à y mettre de l’ordre.
2) Réaction
Il est inexact de dire que l’introduction de productions intermittentes augmente les émissions de CO2 dans le cas de la France. En effet cette production (prioritaire) se substitue à une production nucléaire (gain en CO2 nul…) ou à une production thermique (gain faible, mais gain quand même…)

3) Contre réaction
Désolé de ne pas être d’accord: l’augmentation des émissions de CO2 vient et viendra de l’emploi plus important des centrales fossiles pour pallier les défaillances brutales liées aux électricités intermittentes; exemple: cet hiver, on a failli manquer de gaz pour alimenter ces centrales; c’est peut-être un mauvais exemple, puisque de nombreuses centrales nucléaires étaient à l’arrêt, mais la thèse vient d’une étude statistique sur 30 ans, sur les variations du vent et du soleil en Europe; on verra bien si on passe de moins de 5Og/ CO2/KWH au double avec l’augmentation programmée des électricités intermittentes. A 100g, ce sera moins de la moitié de l’Allemagne qui devrait diviser par deux ses émissions pour la production électrique, mais en partant de 550g…! Ce n’est donc pas une catastrophe absolue, mais un argument de plus, hautement symbolique: on fait comme les allemands: soit disant « le nucléaire est plus dangereux que le CO2″…

4) Réponse
Permettez moi de vous indiquer une piste qui vous permettrait d’aller plus loin et de vous retrouver avec des opinions proches.

La question est de déterminer si l’apport des énergies renouvelables conduit à des émissions de gaz à effet de serre moins importants, donc à un mix énergétique plus “propre”. J’emploie l’adjectif à dessein, car c’est exactement le but du projet européen “Énergie propre pour tous les Européens” censé amener nos émissions à – 40% en 2030 par rapport à 1990. Or les énergies renouvelables ne sont pas des perdreaux de l’année. L’Europe a commencé leur promotion il y a quinze ans et , fin 2017, nous approcherons les mille milliards d’euros d’investissements. Donc l’étude du passé, disons à partir de 2004-2005 doit procurer quelque lueur sur la question qui nous agite.

Eurostat a étudié la façon de mesurer la “propreté” du mix énergétique et a introduit “l’intensité des émissions de gaz à effet de serre rapporté à la consommation d’énergie”. Cette grandeur est aussi l’émission de gaz à effet de serre par unité d’énergie consommée pour un mix donné. Eurostat fournit cette mesure par année (de 1990 à 2015) , par pays européen et pour le territoire actuel de l’UE. C’est le tableau tsdc220, que tout le monde peut utiliser gratuitement et, qu’à ma connaissance très peu de gens regardent. En effet, pour pratiquement tout le monde le résultat des EnR est évidemment de rendre plus “propre”, pourquoi donc vérifier !

Il se trouve que la composition des mix énergétique est mal décrite dans les tableaux d’ Eurostat. Par contre, on les trouve par année (de 1990 à 2014) pour tous les pays actuellement membres de l’UE, ainsi que pour le territoire actuel de l’UE dans des tableaux de l’Agence Internationale de l’Énergie” portail “statistics’ sous-portail “statistics search”, sous-sous portail “Energy balances flows”. Et là , c’est un pur bonheur, ils vous donnent même séparément l’hydraulique, les bioénergies et le fameux couple “soleil+éolien”. Ils utilisent le “Total Primary Energy Supply”. Rassurez-vous, c’est bon.

Quand on compare les évolutions de la part des EnR dans les mix et les émissions par unité d’énergie, on constate, comme d’habitude dans tout domaine scientifique, que la réalité est plus imaginative que le cerveau des hommes et que des surprises apparaissent . Nous avons amorcé cette comparaison dans notre lettre n°70 de décembre 2016 que vous pouvez lire sur www.geopolitique-electricite.fr . En gros, nous avons trouvé ceci:

1) L’apport des EnR conduit toujours à des réactions des différents acteurs de l’énergie (les compagnies productrices , les pouvoirs publics…). Donc si vous introduisez 20% d’ EnR en plus, les 80% restant vont bouger aussi, mais leur mouvement peut être différent d’une année à l’autre, et d’un pays à l’autre.

2) D’une manière générale en Europe, les émissions de gaz à effet de serre par unité d’énergie baissent depuis 1990, et cela n’est absolument pas limité aux pays ex-communistes. Généralement aussi, ce rythme de baisse a ralenti avec la promotion des EnR. Il s’est même annulé en Allemagne. Ces contre-performances des EnR n’étant pas politiquement correctes, cette constatation se limite à des milieux restreints car elle reviendrait à remettre en cause la politique européenne et celles des Etats comme l’Allemagne et la France, ce qui n’est pas envisageable.

La Commission européenne s’est contentée d’écrire que les émissions de gaz allaient continuer à baisser, mais moins vite (communiqué du 20/10/2015). A ma connaissance, personne n’ayant éprouvé le besoin de demander pourquoi, la Commission ne s’est pas sentie obligée de l’expliquer. Je donne ci-dessous seulement une explication (entre autres) pour ne pas être trop long:

– les compagnies d’électricité à la suite des aides financières ou non des EnR (priorité d’accès au réseau) ont perdu beaucoup d’argent. Donc pour la production hors EnR elles ont serré les boulons. En particulier, le gaz , de 1990 à 2000 avait commencé à remplacer le charbon. Ce mouvement a cessé à partir de 2005, du fait de la baisse des prix du charbon, en particulier US. Cela est spectaculaire dans l’observation des mix, et encore une fois, valable à l’ouest comme à l’est.

Pour l’avenir, toujours pour des questions d’argent, ces compagnies ont fermé des centrales à gaz. Mais aujourd’hui, les Etats (dont la France et l’Allemagne) ont expliqué à Bruxelles qu’ils craignaient des coupures dues à l’intermittence solaire-éolien ( argument rendu public par la Commission européenne en avril 2016). Ils ont obtenu l’autorisation de subventionner des centrales à combustibles fossiles de secours , donc de reconstituer le parc fermé, au moins en partie (en termes choisis, cela s’appelle créer un “marché de capacité). Il est évident que si les EnR remplacent du nucléaire, comme prévu en France, et en Allemagne les émissions vont repartir à la hausse du fait du fonctionnement , de temps en temps, de ces centrales à combustibles fossiles.

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