Transition 2017 – 1/4 : La réalité n’existe pas

http://adrastia.org
Vincent Mignerot
Juillet 2017

Réformer l’écologie pour nous adapter à la réalité


1 Crédit : Collectif Alaplage

Le corpus de textes “Transition 2017” est composé de 4 articles :

1/4 : La réalité n’existe pas

2/4 : Écologie et post-vérité, mise en ligne le 31 juillet 2017

3/4 : Mythologie écologique, mise en ligne le 4 septembre 2017

4/4 : Éléments pour un programme et une éthique de transition, mise en ligne le 18 septembre 2017

L’ensemble de ces articles, publiés entre juillet et septembre 2017 sur le site de l’association Adrastia fait l’objet d’un livre, disponible dès à présent en suivant ce lien.

Je tiens à remercier Sylviane Platano, Grégoire Chambaz (également cité pour son article sur le risque d’effondrement) et Loïc Steffan pour leurs relectures et corrections de ces textes. Merci également à Alexandre Ganea de m’avoir informé de l’existence du projet de la société Terrestrial Energy (voir partie 3 sur l’hypothèse du renforcement synergique des énergies).


La réalité n’existe pas
Alors que nous prenons progressivement conscience de l’impact de l’activité humaine sur l’environnement, nous peinons à estimer son ampleur et les actions que nous entreprenons semblent sous-dimensionnées comparativement aux enjeux. Nous tenterons d’estimer dans ce texte à quel point notre perception de l’état de la planète est en décalage avec la réalité et en quoi nos propres capacités ainsi que les contraintes physiques du monde contraignent tant notre prise de conscience que l’efficacité de nos actions. Nous envisagerons également que le déploiement des énergies renouvelables génère paradoxalement plus d’émissions de Gaz à Effet de Serre que la seule exploitation des hydrocarbures.

Plan 
Avant-propos général
1 Trop tard
2 Trop complexe
3 Trop injuste
4 Pour toujours


Avant-propos général
Si l’humanité vit en ce début de 21ème siècle des temps encore privilégiés, le contexte de crise continue, qui ne semble trouver aucune issue, ouvre sur des perspectives moins engageantes.

Selon les estimations les plus prudentes,[1] pour certaines déjà dépassées par les observations et mesures sur la réalité, un effondrement économique global est attendu avant 2050, essentiellement pour cause de déplétion énergétique (réduction des approvisionnements en pétrole, charbon, gaz), laissant à terme la civilisation thermo-industrielle exsangue.[2] À ce jour, aucun autre modèle de civilisation ne semble pouvoir garantir une qualité d’alimentation, un niveau de santé et de confort général aussi élevé que celui atteint aujourd’hui pour la majorité des 7,5 milliards d’humains.

En parallèle, en complément et aggravation du seul écueil économique, la destruction de l’équilibre écologique vital (destruction directe des écosystèmes, climat, pollution) met déjà en péril une grande partie de la vie[3] et peut-être l’humanité à terme. L’’état général de l’environnement pourra dans un futur proche empêcher l’établissement de nouveaux modèles de société, aussi solidaires et sobres soient-ils. Même en cas d’improbable découverte d’une ressource énergétique providentielle, il sera au cours des décennies à venir impossible de maintenir le niveau de développement général que l’humanité aura connu à son apogée démographique. Il n’est assurément pas d’initiative plus louable que de travailler à déployer les meilleurs modèles agricoles et partager les productions sous le modèle des communs par exemple. Mais ceci n’empêchera pas les inondations et les sécheresses, toutes deux plus fréquentes et plus sévères, d’impacter les rendements. La solidarité d’après-demain comptera parmi les plus grands défis, alors que le manque de pétrole remettra progressivement en cause la possibilité de distribuer uniformément les productions.
Si le principe de vie continuera son œuvre grâce à sa capacité à renaître depuis sa plus simple configuration et dans presque toutes les conditions, l’humanité, elle, pourrait disparaître avant deux siècles, non par manque de talent, mais parce que son talent lui-même dessert ses intérêts sur le long terme. Nous renverrons à la synthèse proposée par Grégoire Chambaz sur le sujet de l’avenir de l’humanité : Introduction à la collapsologie : Déclin ou effondrement ?[4]

Comment avons-nous fait pour en arriver là ? Comment expliquer en particulier que nos projets écologiques n’aient eu aucun effet positif à ce jour, voire des effets inverses, alors que des solutions auraient dû être mises en œuvre et avoir été efficaces dès les années 1970, en particulier pour le climat, dont l’évolution subit une très grande inertie ?

1 Trop tard
La recherche aujourd’hui semble considérer que notre brillant cerveau travaille essentiellement à anticiper l’avenir afin d’optimiser le traitement de l’information, d’éviter les mauvaises surprises en répondant le plus rapidement possible à une alerte et d’économiser de l’énergie.[5] Il reste néanmoins incapable d’anticiper ce qu’il ne peut pas connaître. Or, si la crainte d’un effondrement écologique est omniprésente dans l’histoire de l’humanité,[6] et si des effondrements de civilisation ont effectivement déjà eu lieu,[7] la confrontation au déclin expose nécessairement l’humanité à un scénario inédit : les modèles politiques qui organisent nos communautés et les techniques que nous déployons sont naturellement investis comme étant susceptibles d’apporter les meilleures réponses possibles aux questions soulevées par le risque et la finitude. Les sociétés qui se sont effondrées étaient toutes fonctionnelles avant de disparaître. Mais la performance instantanée ne dit rien de l’avenir, et l’effet de la rencontre subite entre le politique, la technique et une limite quelconque (changement climatique, fin des ressources, maladie…) est nécessairement inconnaissable : à chaque fois, tout est nouveau.

Aujourd’hui encore, nous nous inquiétons des problèmes systémiques, sur le plan théorique et concret, au moment où ceux-ci se révèlent, s’imposent à notre esprit, et ces problèmes nous confrontent directement à l’inconnu. Comment réagir ? Comment transformer nos sociétés, quelles techniques utiliser, quel modèle politique mettre en place ?

Il est à craindre que nos sociétés s’effondrent au même titre que n’importe quelle autre société animale ou espèce en général exposée à une impasse adaptative, car nous sommes confrontés à l’impossibilité de traiter a priori certaines données provenant du réel, cette impossibilité étant strictement irréductible dans un monde où le temps s’écoule de façon linéaire. Nous sommes capables de nous projeter dans les grandes transformations du système Terre, parce que nous avons des modèles et surtout, en nous, le souvenir plus ou moins conscient de ce que signifie un effondrement. Cependant la mise en œuvre de l’adaptation ne peut qu’être confrontée à l’inconnu, ce qui réduit de fait considérablement son efficacité ou peut même la rendre caduque par avance. La science elle-même est incapable de suivre dans l’instant le déroulement des évènements et cela se vérifie aisément : les dates indiquées sur les études montrent qu’il se passe souvent de 1 à 3 ans entre le recueil de données pour les mener à bien, leur relecture et leur publication… entre ces dates le réel aura pu changer largement et la trajectoire de son évolution bifurquer de façon totalement invisible pour nous.

Au-delà de l’incapacité de l’humain à traiter dans l’instant l’information qui conditionne son adaptation, certains aspects de l’évolution des systèmes complexes engendrent des contraintes supplémentaires dans la mise en œuvre efficace de nos réponses.

Un point qui paraît particulièrement inquiétant parmi ces contraintes est l’inertie climatique, c’est-à-dire le temps que met l’atmosphère à accumuler la chaleur correspondant à un niveau donné de gaz à effet de serre (GES). Cette inertie est estimée au plus bas à 10 ans,[8] celle-ci pouvant aller jusqu’à plusieurs centaines d’années s’il est tenu compte du fait que plus l’atmosphère est chargée en CO2, plus l’inertie du réchauffement augmente pour chaque nouvel apport de CO2.[9] Une valeur médiane est proposée par J. Hansen[10] : 40 ans (voir également Skeptical Science[11]). Dans tous les cas, la valeur de l’inertie climatique ne correspond ici qu’à la chaleur accumulée, non à la réaction globale de la biosphère à cette chaleur qui, elle, peut s’étaler sur plusieurs décennies supplémentaires, voire plusieurs siècles ou millénaires (modification de l’ensemble des flux océaniques et atmosphériques, transformations des écosystèmes). Notre investissement pour la protection du climat subit donc un important décalage temporel. Si nous retenons l’estimation d’une quarantaine d’années, le climat de 2017, qui nous inquiète déjà correspond, en chaleur, aux émissions de CO2 antérieures aux années 1980. De même, les émissions actuelles n’auront produit tous leurs effets sur la température qu’après 2050. Nous pouvons considérer que nous vivons un décalage adaptatif et émotionnel de 80 ans sur la réalité.

Nous ne pouvons traiter les données de l’instant, notre inquiétude pour le climat est décalée par rapport à son évolution naturelle… les réformes que nous pourrions faire sur nos systèmes économiques et industriels sont aussi verrouillées par d’autres contraintes dans le traitement de l’information, et d’autres effets de latence. Nous souhaiterions par exemple, et l’initiative est éminemment louable, empêcher la culture d’huile de palme qui implique l’abattage massif de forêts.

Mais lorsque le grand public découvre la présence d’huile de palme dans les produits de consommation courante, cela signifie que son exploitation est engagée depuis plusieurs années et que le processus industriel de récolte / transport / transformation est déjà en place. Des acteurs multiples en sont dépendants, depuis le modeste agriculteur qui trouve bénéfice à l’huile de palme pour nourrir sa famille jusqu’aux gouvernements qui développent l’économie de leur pays, en passant bien sûr par les industriels à l’échelle internationale.

« Quand il est correctement planifié par les gouvernements, le développement du palmier à huile se traduit par un fort développement économique des régions concernées et une importante réduction de la pauvreté rurale. »[12]

Ainsi lorsque le consommateur scrupuleux et bienveillant envers les orangs-outans souhaite s’opposer à la déforestation, il se trouve opposé à un complexe d’acteurs qui résistent à la protection des forêts. Parmi ces acteurs il y a des paysans qui ne souhaitent pas revenir en arrière parce qu’ils désirent eux aussi que leurs enfants soient bien nourris et accèdent à un peu plus de sécurité et de confort, tout en étant certainement conscients, en voyant leurs forêts brûler, qu’une part de leur avenir se joue. Le consommateur d’huile de palme ne prend conscience de la gravité de la situation qu’après son verrouillage, et ceux qui en tirent bénéfice à court terme ont tout intérêt à le maintenir.

Nous pouvons généraliser l’exemple de l’huile de palme à n’importe quel développement technico-industriel (par exemple les biocarburants, le nucléaire, le chemin de fer… et même l’agriculture, dès son apparition !). Lorsque le bénéficiaire, également responsable de son usage, découvre son existence, le verrouillage est en place et quasi inamovible. Les intérêts sont déjà intégrés et insécables entre tous les acteurs. Nous avons vu que l’information ne peut pas être traitée par quiconque avant qu’elle soit accessible, qu’elle apparaisse dans le réel. Aurait-on pu éviter en amont le déploiement de ces marchés que l’on sait désormais délétères à terme ? Il aurait fallu, pour cela, les connaître avant même qu’ils existent…

Nous sommes toujours en retard et nous nous confrontons à des verrouillages irrévocables ? Serait-il alors possible, a minima, de stabiliser la situation après coup ? C’est la question que pose notamment le recyclage. Nous observons que la nature parvient parfaitement à faire circuler les ressources, pour le bénéfice de l’ensemble des êtres vivants. Pour nous en revanche, qui sommes dépendants d’une utilisation dérégulée des ressources (ce que nous fabriquons n’est pas recyclable par la nature), la circulation de l’énergie et des matières se fait en flux unidirectionnel, depuis le lieu d’extraction jusqu’à nos différentes poubelles, en résumé quelques décharges à peu près bien gérées mais, surtout, et sans gestion, l’atmosphère, les sols et la vie elle-même jusqu’à 10 000 mètres de profondeur sous les océans.[13]

Pourrions-nous alors réduire la quantité de déchets perdus ? Le premier point, irréductible, de l’ambitieux recyclage est que chaque « cycle » nécessite toujours un apport d’énergie qui elle, par définition, n’est en aucun cas recyclable. Le premier verrouillage du recyclage est de vouloir entretenir des cycles à partir d’un flux unidirectionnel qui ne peut que se tarir.[14] Mais il faut aussi tenir compte d’aspects simplement quantitatifs quant à la recyclabilité. Reprenons l’exemple proposé par C. Arnsperger et D. Bourg :

« (Dans une économie x), plus le taux de croissance est élevé, plus s’accroît l’écart entre la quantité d’un matériau entrant dans l’économie à un moment t du passé et la quantité entrant x années plus tard dans une économie ayant crû durant tout ce temps. Concernant le cuivre, avec un taux de recyclage de 60 %, nous injectons en 2015 dans le système 4 millions de tonnes de cuivre recyclé, soit grosso modo 60 % des 6 millions de tonnes que l’on produisait il y a quarante ans, en 1975. Or, à cause de la croissance continue de notre demande, nous en consommons aujourd’hui 16 millions de tonnes, et non plus 6 ; il nous faut donc extraire à nouveau 12 millions de tonnes de cuivre, malgré le recyclage qui nous a permis de gagner un tout petit peu de temps, mais pas de modifier la logique extractive fondamentale de notre économie. »[15]

Le principe même d’une économie parfaitement circulaire est disqualifié par la déplétion énergétique, la quantité de matière disponible pour faire fonctionner l’industrie sous ce modèle et l’entropie générale du système : l’utilisation des matières premières les disperse naturellement, rendant leur récupération difficile voire impossible.[16] Le recyclage ne soutiendra pas nos économies à terme car :
Les cycles n’en sont pas, les volumes de matière recyclable sont très inférieurs aux besoins, il y a des pertes importantes lors des « cycles ».
Il est impossible d’entretenir ces (faux) cycles à partir d’un flux énergétique qui ne peut en aucun cas, lui, se régénérer, et qui sera de toute façon en tarissement irréversible.

Si la physique dit vrai sur ces points, que le temps s’écoule bien de façon strictement linéaire et que l’irréversibilité est un principe physique élémentaire, nous sommes intrinsèquement incapables d’anticipation, condamnés à être projetés vers l’avant en perdant à chaque itération de nos actions toute emprise sur les actions passés. L’exemple ultime de notre incapacité à gérer la situation « à temps » se trouve assurément dans le champ du politique, plus précisément dans sa mise en œuvre démocratique, que nous investissons parfois comme seule capable de pallier nos errances, nos mauvais choix d’autrefois. Mais comme le dit Dominique Bourg : « En somme, quand le thermomètre du citoyen va fonctionner, il sera déjà trop tard. »[17] :



2 Écologie politique : défi de la durabilité pour les démocraties – MOOC par D. Bourg et G. Salerno 

2 Trop complexe


S’il nous est impossible de traiter l’information en temps réel et que cela, en soi, nous condamne, nous devons aussi tenir compte de notre incapacité à traiter quantitativement suffisamment de données et, surtout, à traiter la complexité, les interactions de ces données. Aucun ensemble d’humains, a fortiori aucun humain seul, même parfaitement formé, même augmenté des outils les plus performants n’est capable de connaître toutes les informations qui définissent un système, encore moins la dynamique de circulation des informations dans un système complexe, en particulier la biosphère.

« Une des raisons qui expliquerait pourquoi nous ne parvenons pas à admettre l’incompatibilité de notre existence avec l’équilibre naturel de l’évolution de la vie sur Terre (la capacité de la vie à se maintenir possible) serait à trouver peut-être dans le fonctionnement même de notre esprit : nous pensons spontanément le réel comme constitué d’objets différenciés les uns des autres, qui semblent avoir leur fonctionnement propre, des limites, des débuts et des fins d’existence aisément discernables. Cette considération du réel faite d’éléments de pensée circonscrits nous facilite leur manipulation dans l’abstraction et leur verbalisation : il est plus aisé de traiter les informations par ensembles distincts (les objets sont définis par des ensembles limités) que par les liens que ces ensembles pourraient tisser entre eux. Si nous devions en effet ajouter aux choses auxquelles nous pensons systématiquement toutes leurs connexions avec d’autres objets, nous serions rapidement dépassés par la quantité d’information à traiter, chaque chose pensée en appelant nécessairement quantité d’autres, potentiellement à l’infini. » (Méthodologie du bilan carbone, Vincent Mignerot)[18]

Les modèles mathématiques que nous utilisons pour nous aider dans la compréhension de la crise écologique sont eux aussi incapables d’intégrer certaines interactions trop complexes. La méthodologie des probabilités appliquées au climat a pour fonction notamment d’éliminer les facteurs d’incohérence ou d’incongruité dans les calculs, afin de rendre lisibles et compréhensibles des résultats qui sont intrinsèquement de nature chaotique (l’évolution fine d’un système chaotique, comme le climat, est imprévisible à long terme[19]). Même si la tendance lourde ne peut plus être réfutée, l’effet de serre anthropique étant déjà validé et mesuré a posteriori de ses effets, certains facteurs potentiellement aggravants ne peuvent être intégrés et estimés. Les modèles du GIEC, aussi indispensables soient-ils n’intègrent notamment pas de « conditions initiales » qui ne soient pas suffisamment bien connues pour ne pas engendrer de résultats dénués de sens. Ainsi, même si les derniers rapports comprenaient quelques paragraphes sur la question,[20] le GIEC ne peut pas se prononcer sur l’éventualité ou l’ampleur du déclenchement d’une boucle de rétroaction positive (un renforcement du réchauffement) qui résulterait d’un relargage de méthane depuis les terres en cours de dégel au Nord du globe ou depuis les fonds océaniques. Sur cette question, les données instantanées et les modèles sont trop incomplets pour être considérés dans les perspectives.

En outre, lorsque les rapports du GIEC sont publiés, les scientifiques n’ont pas actualisé les données depuis plusieurs années. Il est en effet très difficile voire impossible d’opérer une analyse dynamique « temps réel » de ces données, celles-ci demandant par ailleurs chacune des mois ou des années de recueil sur le terrain ou de modélisation informatique, nous l’avons vu. Nous basons notre réflexion sur ce que nous lisons, qui est en décalage sur le changement climatique. Au même moment la réalité fait tout autre chose, à un niveau de complexité bien supérieur à nos meilleurs modèles. En 2017 les perspectives les plus pessimistes du dernier rapport du GIEC (le scénario RCP8.5) sont dépassées par les mesures : nous avons transféré jusqu’à aujourd’hui à l’atmosphère plus de dioxyde de carbone que ce qui était envisagé dans la plus grave des évolutions climatiques possible, et les températures sont supérieures à tout ce qui avait été estimé dans le pire des cas.

De la même façon, les courbes du fameux « rapport Meadows »[21] (image ci-dessous), qui sont les plus fiables pour estimer la période à partir de laquelle la société thermo-industrielle pourrait ne plus résister à sa propre auto-intoxication (pollution, complexité, baisse des rendements agricoles…), n’intègrent pas de modèle climatique élaboré. Les perspectives envisagées dans le rapport Meadows sont de bonnes indications concernant les éléments relativement bien connus de contrainte au développement (ressources minérales, ressources alimentaires, production industrielle et services, démographie, pollution) mais en l’absence d’intégration de données précises sur l’évolution du climat, le contexte du déclin économique pourrait être écologiquement bien plus difficile encore. Sécheresses, inondations, évènements extrêmes auront des coûts et impacteront directement les rendements agricoles.


3 Meadows, D. H. 2012. Les limites de la croissance dans un monde fini. Paris : Rue de l’échiquier

Un autre exemple de l’impossibilité de traiter l’ensemble des informations qui définissent les systèmes est à trouver dans la différence entre les ambitions et les résultats d’un outil très utilisé aujourd’hui : le bilan carbone. Dès les premières étapes de l’utilisation du bilan carbone, la consigne est de circonscrire le champ étudié : quel bâtiment, quel foyer, quelle usine, combien d’usagers, salaire moyen des individus concernés, modes de déplacement etc. Le premier point à retenir est que la consigne même empêche l’étude systémique des relations instantanées et continues entre le sous-système défini pour ce bilan carbone et l’ensemble des autres systèmes desquels il dépend. De la même façon, le bilan carbone ne tient pas compte de l’histoire de l’ensemble des systèmes dont dépend le sous-système étudié, histoire normalement incontournable car les effets des émissions de dioxyde de carbone sur l’atmosphère sont cumulatifs. Le bilan carbone de l’instant d’un système peut être vertueux, mais si celui-ci n’aurait pas pu exister sans une histoire délétère pour l’environnement il n’a pas beaucoup de sens, il est en tout cas largement incomplet. Le poids de cette histoire étant valable pour tous les acteurs de l’économie mondialisée, les résultats d’un bilan carbone sont toujours extrêmement lacunaires et ne font pas sens pour comprendre la dynamique de l’évolution de nos sociétés, donc leur impact global.

Le bilan carbone ne tient pas compte non plus de l’exploitation de son résultat par les commanditaires : le simple fait de l’avoir établi ou financé peut être converti favorablement en argument marketing pour une entreprise ou en bonne conscience pour un consommateur, conduisant ainsi à des effets rebonds non intégrés aux calculs initiaux (l’effet rebond est une augmentation de la consommation globale suite à un gain de productivité, de rendement ou de vertu écologique pour une technologie ou un produit, paradoxalement ces gains génèrent une plus grande consommation d’énergie ou de plus importants dégâts écologiques[22]). Le bilan carbone, dont l’ambition est louable et qui peut être un bon outil pédagogique, peut donner des résultats inverses à ceux espérés soit plus d’émissions de CO2 au final mais cela, le bilan carbone ne peut pas l’estimer en amont (pour aller plus loin, lire l’article Méthodologie du bilan carbone[23]).

Globalement, parce qu’ils sont de nature complexe et intégrée, les risques écologiques auxquels nous nous confrontons ne sont pas tous connus, nous ne pouvons pas tous les connaître. 
 
3 Trop injuste
Un des effets de notre incapacité à comprendre les enjeux systémiques est la différence constatée, parfaitement mesurée, entre nos espérances et la réalité. Depuis les années 1950 et hors périodes de crises économiques, qui surviennent contre notre gré, il n’a jamais été mesuré de baisse des émissions de CO2. Nous réfléchissons pourtant à nombre de « solutions » techniques, politiques, financières, pour lutter contre l’effet de serre. Qu’en est-il de certaines de ces « solutions », si nous tentons de les réintégrer au cœur du système économico-technique et financier, en particulier pour comprendre pourquoi leur déploiement n’a jamais réduit les émissions de CO2 à l’échelle planétaire ?

Aujourd’hui la plus grosse contrainte à l’extraction des ressources fossiles (pétrole, charbon et gaz) est le Taux de Retour Énergétique (TRE), c’est-à-dire le rapport entre le coût de l’extraction et la richesse générée par cette énergie exploitée après extraction. Parce que les ressources fossiles sont au fur et à mesure de leur extraction plus profondément enfouies et dispersées (les meilleurs gisements ont été exploités en premiers), nos sociétés pourraient voir leur économie ralentir non par manque de réserves, mais par manque de capacités financières à les sortir du sol, les infrastructures étant de plus en plus coûteuses et complexes.[24]

En parallèle de cette irréductible contrainte, le TRE étant soumis aux lois de la géologie, l’humain investit ses moyens dans le déploiement d’énergies alternatives, principalement solaires, éoliennes et nucléaires, la biomasse et l’hydroélectrique étant déjà proches de la saturation. Divers programmes sont lancés de par le monde. En Europe, certains scénarios ambitionnent une production d’électricité décarbonée à l’horizon 2050 (Manifeste pour décarboner l’Europe,[25] Scénario négaWatt pour la France…[26]).

Dans une économie mondialisée et sur une planète dont la géologie a considérablement dispersé les réserves minérales et énergétiques fossiles, aucun pays n’est totalement autonome en ressources. Or il faut, pour opérer une transition énergétique une quantité considérable de cuivre, de sable, d’argent, de terres rares ou d’uranium… mais aussi du pétrole, du charbon et du gaz. La dispersion des matières premières contraint tout pays qui souhaite investir dans les énergies alternatives à s’adresser aux marchés sur lesquelles elles sont négociées, tous aujourd’hui irréductiblement interdépendants. Même un pays qui souhaiterait utiliser ses propres ressources, s’il en dispose, reste contraint de suivre les aléas des marchés, puisque sa propre économie dépend de ce que ses ressources internes sont aussi pour tout ou partie vendues sur les marchés extérieurs. De surcroît aucun pays ne dispose aujourd’hui des fonds bruts nécessaires pour envisager le financement de sa transition. L’endettement est incontournable pour toute économie, d’ailleurs même dans son fonctionnement régulier. Tout pays qui investira dans la transition devra emprunter sur les marchés financiers les sommes nécessaires.

L’effet économique de la transition énergétique, écologique en général est que l’endettement et l’achat sur les marchés des matières premières et ressources énergétiques nécessaires participeront naturellement au maintien de ces marchés, qui ont besoin que d’aucuns y investissent et s’y endettent pour se financer eux-mêmes. Tout pays qui investit dans les énergies alternatives participe à générer une richesse qui deviendra flux parmi les flux dans l’économie mondialisée, par le remboursement de la dette, par l’utilisation de cette dette transformée en capital pour assurer la pérennité du système financier etc. Même lorsque sa transition sera « finalisée », aucun pays ne pourra s’affranchir des marchés qui auront été à l’origine de sa transition, car il faudra entretenir les infrastructures, avec des ressources toujours plus rares et dispersées…

Quel pourra être l’usage général de cette richesse perpétuellement réinjectée au système afin de rendre possible et pérenne la transition ? Si l’on sort de l’analyse locale du déploiement des énergies alternatives, quelle garantie a-t-on qu’elles ne resteraient pas connectées à toute autre forme d’énergie, par la médiation des marchés ? Les places financières sont aveugles à l’usage des fonds qui y circulent. Une fois sur les marchés la valeur perd la trace de son origine grise ou verte pour être convertie en potentiel d’investissement pour toute autre forme d’activité. Ainsi, la construction d’une centrale thermique au charbon, dénuée de toute vertu pour le climat, pourra être favorisée par une richesse initialement générée par des énergies « décarbonées ». Plus singulièrement cette richesse, initialement « verte » pourra parfaitement contribuer à compenser la diminution du Taux de Retour Énergétique des énergies fossiles ! L’investissement dans la transition pourra générer des moyens que le marché utilisera pour atténuer l’augmentation progressive des coûts d’extraction des hydrocarbures. Quid alors du bilan carbone global, si la transition participe elle-même à l’extraction de Tonnes Équivalent Pétrole qui n’auraient pas pu être extraites sans le soutien économique des énergies estimées vertes ?

Paradoxalement, contre-intuitivement et contre notre volonté, le développement des énergies alternatives pourrait favoriser la continuation de la consommation globale d’énergies fossiles et même entraîner l’extraction de quantités de ces fossiles qui n’aurait pas été possible sans elles. Nous nous trouverions demain, si ce n’est pas le cas déjà aujourd’hui, face à un mix énergétique planétaire dans lequel chacun des mix locaux ne seraient en aucun cas autonomes, et pourraient même générer un renforcement synergique autour de leurs différentes qualités et faiblesses. Leurs impacts environnementaux respectifs se verraient alors tous augmentés à terme.

Voici un exemple de service que le nucléaire, une des énergies censée être parée de tant de vertus pour la décarbonation, pourrait rendre à l’industrie pétrolière. Au Canada la compagnie Terrestrial Energy[27] travaille sur un réacteur à sels fondus dont une des perspectives de déploiement serait l’installation à proximité des lieux d’extraction de sables bitumineux du plateau de l’Athabasca (Alberta). Ces installations permettraient de réaliser la séparation des sables bitumeux in-situ, en lieu et place d’un coûteux transport vers des usines de traitement qui ne sont pas délocalisables. Les gains économiques d’une telle installation combinée industrie nucléaire / industrie pétrolière permettraient de prolonger de beaucoup la possibilité d’extraction, qui sans cette combinaison technologique aurait laissé sous terre des millions de barils… et épargné l’atmosphère d’autant de CO2.[28]

Cet exemple illustre directement, en-deçà même de toute intermédiation par les marchés, comment cette hypothèse du renforcement synergique des énergies pourrait provoquer une extraction qui sans les énergies estimées vertueuses n’aurait pas été possible.

Alors qu’en 2017 les coûts de fabrication et d’installation des ENR semblent baisser et devenir concurrentiels avec les hydrocarbures, nous pourrions nous demander quel pourrait être l’intérêt de certains grands producteurs de pétrole d’investir désormais de façon notable dans les énergies renouvelables (TOTAL, ARAMCO, ENI, SHELL…). Nous verrons dans les années à venir si la tendance se confirme, et quelles en seront les raisons sous-jacentes. Quoi qu’il en soit, l’investissement direct des compagnies pétrolières n’est pas indispensable pour qu’elles bénéficient de la performance des économies soutenues, même partiellement, par les énergies alternatives. Elles ont simplement besoin que l’échéance de l’effondrement économique soit repoussée, même par un endettement au profit des énergies alternatives, ce qui leur permettrait de prolonger l’extraction d’autant.
En reprenant les éléments proposés plus haut concernant le traitement de l’information et sa complexité globale, celui qui affirme que telle ou telle énergie est décarbonée ne peut pas le savoir, cela impliquerait qu’il soit capable de traiter toutes les informations historiques et instantanées qui permettent à cette énergie d’exister. C’est impossible. Il paraît donc important de poser et vérifier l’hypothèse du renforcement synergique, en toute rigueur rien ne permet de l’exclure a priori. La vérification de cette hypothèse serait particulièrement ironique, mais aussi particulièrement injuste au regard des investissements intellectuels et financiers engagés, qui auraient pu servir à tout autre chose. Mais l’évolution ne s’occupe pas de morale et se fiche bien que nos efforts soient sanctionnés exactement à l’inverse de nos attentes.

4 Pour toujours
L’humanité n’écrit que depuis 4000 ans, période à partir de laquelle les problèmes environnementaux ont été plus fréquents, plus massifs, avec plus d’effets sur des communautés plus grandes.[29]

Il est un présupposé parmi d’autres que la rédaction d’ouvrages philosophiques, d’études sociologiques, de rapports scientifiques, de modèles prospectifs sur l’évolution du climat permette de quelque façon que ce soit de pallier les problèmes environnementaux. Ceux-ci pourraient être même causalement liés à notre capacité à traiter l’information provenant du réel sous forme verbale, mathématique, de façon générale symbolique, intrinsèquement incapable de contenir les qualités systémiques et la complexité des systèmes biosphériques.

Nos travaux techniques et intellectuels arrivent toujours après-coup, ils sont toujours parcellaires, rigides. Les écosystèmes sont en glissement temporel permanent, ils sont intégrés et traitent à chaque instant la totalité de l’information qui les définit. Nos réflexions censées pallier nos défaillances, aussi brillantes soient-elles, ne parlent jamais de la réalité.

L’humanité, malgré ses bonnes intentions, est condamnée à faire brûler la maison et essayer de ranger la cuisine après.

***
Aujourd’hui, en 2017, la grande accélération de la destruction de l’équilibre écologique vital est toujours d’actualité, les ralentissements ponctuels n’ont eu lieu que pour cause de crise économique (crise de 2008), non par choix (source : http://www.anthropocene.info/) :




La biodiversité se réduit à une vitesse totalement inédite, qui dépasse même celle des plus grandes extinctions que la Terre ait connues, et le processus est en accélération. Note : les valeurs d’extinction correspondent à la faune de vertébrés qui reste, après l’extermination de la mégafaune au début de l’holocène.


Le taux d’extinction cumulé d’espèces de vertébrés selon les données de l’UICN, en ne comptabilisant que la catégorie « espèce éteinte » à gauche, et en incluant les catégories « éteinte à l’état sauvage » et « certainement éteinte » à droite. Les courbes de couleurs indiquent les valeurs pour les mammifères (Mammals) et les oiseaux (Birds), les autres vertébrés (Others vertebrates), c’est-à-dire les poissons, les amphibiens et les reptiles, et l’ensemble des vertébrés (Vertebrates). La ligne pointillée donne le taux cumulé en période normale (Background). © Gerardo Ceballos et al., Sience Advances, UICN – Source : Futura Sciences

Les différentes ressources d’énergies continuent à s’additionner strictement, et leurs problèmes respectifs aussi (source : Avenir Climatique) :





Notes et références :
[1] Synthèses des données et références sur le site de l’association Adrastia : http://adrastia.org/synthese-donnees/
[2] Théories sur les risques d’effondrement de la civilisation industrielle, Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9ories_sur_les_risques_d%27effondrement_de_la_civilisation_industrielle
[3] La moitié des vertébrés a disparu en 40 ans – Rapport Planète Vivante 2016 : http://www.wwf.fr/vous_informer/rapport_planete_vivante_2016/
[4] Chambaz G. Introduction à la collapsologie : Déclin ou effondrement ? http://adrastia.org/introduction-collapsologie-chambaz/
[5] Stanislas Dehaene, Collège de France : Le cerveau statisticien, la révolution Bayésienne en sciences cognitives : http://www.college-de-france.fr/site/stanislas-dehaene/course-2011-2012.htm
UFR de Mathématiques et Informatique, Université Paris Descartes. Inférence bayésienne : http://www.math-info.univ-paris5.fr/~lerb/rouanet/travaux_statistiques/domaines_4.html
[6] Lafargue, J. N. 2012. Les Fins Du Monde De L’Antiquité à Nos Jours. Paris : François Bourin Éditeur Rubrique « Culture » du site de l’association Adrastia : http://adrastia.org/culture/
[7] Diamond J. 2009. Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie. Paris : Folio
[8] Katharine L Ricke and Ken Caldeira. Maximum warming occurs about one decade after a carbon dioxide emission. Published 2 December 2014 • © 2014 IOP Publishing Ltd – http://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/9/12/124002/meta
[9] Zickfeld K. Herrington T. The time lag between a carbon dioxide emission and maximum warming increases with the size of the emission. Published 10 March 2015 • © 2015 IOP Publishing Ltd – http://iopscience.iop.org/1748-9326/10/3/031001
[10] Earth’s Energy Imbalance: Confirmation and Implications. By James Hansen, Larissa Nazarenko, Reto Ruedy, Makiko Sato, Josh Willis, Anthony Del Genio, Dorothy Koch, Andrew Lacis, Ken Lo, Surabi Menon, Tica Novakov, Judith Perlwitz, Gary Russell, Gavin A. Schmidt, Nicholas Tausnev. Science03 Jun 2005 : 1431-1435
[11] Skeptical Science. Climate Change: The 40 Year Delay Between Cause and Effect: https://skepticalscience.com/Climate-Change-The-40-Year-Delay-Between-Cause-and-Effect.html
[12] L’huile de palme : Aspects nutritionnels, sociaux et environnementaux. État des lieux du Fonds français pour l’alimentation et la santé, page 9
[13] Bioaccumulation of persistent organic pollutants in the deepest ocean fauna. Alan J. Jamieson, Tamas Malkocs, Stuart B. Piertney, Toyonobu Fujii & Zulin Zhang. Nature Ecology & Evolution 1, Article number: 0051 (2017) doi:10.1038/s41559-016-0051
[14] cf. principes de la thermodynamique et développements suivants sur l’hypothèse du renforcement synergique et l’impossibilité de la substitution des énergies.
[15] Arnsperger C. et Bourg D. Vers une économie authentiquement circulaire : https://www.cairn.info/revue-de-l-ofce-2016-1-page-91.htm
[16] Bihouix P. 2014. L’Âge des low tech, Vers une civilisation techniquement soutenable. Paris : Seuil
[17] Écologie politique : défi de la durabilité pour les démocraties – MOOC par D. Bourg et G. Salerno : https://www.coursera.org/learn/ecologie-politique/lecture/xr5jk/v2-principes-et-caracteristiques-representatives-le-citoyen-juge-mis-a-rude
[18] Extrait de « Méthodologie du bilan carbone », dans Mignerot V. 2014. Le piège de l’existence. Lyon : Éditions SoLo
[19] Théorie du chaos, Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_du_chaos
[20] IPCC / GIEC : RT.2.1.1. Variation du dioxyde de carbone, du méthane et du protoxyde d’azote atmosphériques : https://www.ipcc.ch/publications_and_data/ar4/wg1/fr/tssts-2-1-1.html
[21] Halte à la croissance ? : Rapport sur les limites de la croissance ou « Rapport Meadows », est le titre en français d’un rapport demandé à une équipe du Massachusetts Institute of Technology (MIT) par le Club de Rome en 1970. il est la première étude importante soulignant les dangers écologiques de la croissance économique et démographique que connaît le monde à cette époque. (Wikipédia)
Meadows D. H. 2012. Les limites de la croissance dans un monde fini. Paris : Rue de l’échiquier
[22] Paradoxe de Jevons (économiste), 1865 et postulat de Khazzoom-Brookes – Harry Saunders, 1992 : À mesure que les améliorations technologiques augmentent l’efficacité avec laquelle une ressource est employée, la consommation totale de cette ressource peut augmenter au lieu de diminuer.
[23] Méthodologie du bilan carbone. Depuis Mignerot V. 2014. Le piège de l’existence. Lyon : Éditions SoLo – Article en ligne : http://www.theorie-de-tout.fr/2014/02/24/methodologie-bilan-carbone/
[24] TRE = Taux de Retour Énergétique, dit aussi ERoEI pour Energy Return on Energy Invested. « L’ERoEI est le rapport entre l’énergie récupérée et l’énergie consommée pour cette production. ERoEI = (Énergie récupérée) / (Énergie consommée pour la production) ». Thévard B. La diminution de l’énergie nette, frontière ultime de l’Anthropocène. Institut Momentum, Séminaire du 13 décembre 2013
[25] Shift Project : http://decarbonizeurope.org/
[26] Scénario négaWatt : https://negawatt.org/Scenario-negaWatt-2017
[27] Terrestrial Energy : http://terrestrialenergy.com/
[28] Merci à Alexandre Ganea de m’avoir informé de l’existence de ce projet.
[29] Diamond J. 2009. Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie. Paris : Folio
Harari Y. N. 2015. Sapiens : Une brève histoire de l’humanité. Paris : Albin Michel

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