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Le 27/03
La transition énergétique devrait être focalisée sur la réduction de la consommation d’énergie, et des énergies fossiles en particulier.
La concomitance de deux dossiers particuliers au niveau environnemental, la fermeture de Fessenheim et la renégociation technique et économique des champs d'éoliennes marines en Bretagne et Normandie, est une bonne occasion de mettre en perspectives quelques chiffres.
Le 12 avril 2018, Mr Sébastien Lecornu, Secrétaire d'État auprès de Mr Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et Solidaire, se rendra en Alsace pour discuter des conditions de fermeture de Fessenheim, qui devrait intervenir d'ici la fin de 2018, soit 41 ans après sa mise en service. Réunion particulière s'il en est, car cette centrale a aujourd'hui l'autorisation de l' ASN de fonctionner jusqu'en 2021, et elle est la copie d'une centrale américaine, mise en service en 1976, qui a une autorisation de fonctionnement de 60 ans.
Une
centrale comme Fessenheim, d'une puissance de 1,8 GW, fonctionne en
moyenne entre 5000 et 6000 heures par an. Elle délivre donc annuellement
environ 10 Tera Wh, et ce, de manière tout à fait prévisible. Les champs
d'éoliennes à implanter en mer, proche des côtes bretonnes et
normandes, ont une puissance de 3 GW. Une éolienne bien positionnée peut
fonctionner entre 2500 et 3000 heures par an. La quantité d'électricité
produite chaque année serait donc de l'ordre de 7,5 à 9 Tera Wh. Moins
que Fessenheim. Disponible non à la demande, mais de manière
intermittente, c'est-à-dire quand il y a un vent suffisant pour les
faire tourner.
Simultanément à la
supervision du dossier Fessenheim, M Sébastien Lecornu doit renégocier
le dossier des champs d'éoliennes marines, sur l'aspect technique -
avec une substitution d'éoliennes de nouvelle génération en lieu et
place de celles d'ancienne génération actuellement proposées, et sur
l'aspect économique - à la baisse par rapport à ce qui avait été
envisagé par le gouvernement précédant : une facture de l'ordre de 40
milliards sur 20 ans pour disposer des kWh générés par les éoliennes (à
un prix facturé entre 17 et 20 centimes le kWh), soit un montant très
supérieur à celui qu'aurait facturé Fessenheim si la centrale avait
continué à fonctionner, ou de manière indicative, 4 à 5 fois supérieur à
celui du marché, qui est proche de 4 centimes le kWh.
Souhaitons à M Sebastien
Lecornu le meilleur des succès dans sa négociation, et ce, pour le bien
du consommateur final à qui le kWh est facturé. Car aujourd'hui, si les
conditions économiques sont laissées telles quelles, ce projet
d'éoliennes marines aura un impact à la hausse sur le prix de
l'électricité payé par ce même consommateur final. Et sans intégrer à ce
stade l'impact des investissements qu'il faudrait encore réaliser pour
stocker l'énergie produite lors des périodes de faible demande de
consommation. Le tout sans réduction globale de CO2, si l'on prend comme
base de comparaison l'électricité qui aurait été fournie par
Fessenheim. Par contre, effectivement, les déchets nucléaires en moins.
De
manière générale, les projets mis en avant dans le cadre de la
transition énergétique font très souvent référence à la substitution de
l'énergie nucléaire par une autre énergie, et ne sont pas ciblés sur ce
qui devrait être la priorité, et ce sur quoi les COP 21 et 22 ont
insisté, à savoir la réduction du CO2. La meilleure des politiques pour y
arriver est celle qui a pour objectif de réduire la consommation
d'énergie, et en particulier celle des énergies fossiles : meilleure
isolation des bâtiments, choix des énergies les plus efficaces pour les
transports, utilisation des matériaux à faible contenu énergétique, la
liste est longue et connue. C'est avant tout une question de mise en
oeuvre.
La mise en perspective de
chiffres comme ci-dessus n'a pas pour but de remettre en cause la
transition énergétique. Bien au contraire, l'objectif est bien que
l'allocation de ressources financières
soit la plus appropriée possible, et permette donc, à budget
équivalent, une transition énergétique encore plus rapide et efficace,
permettant une réduction réelle de l'ennemi numéro 1 : le CO2, le tout
avec des conditions économiques satisfaisantes.
La
France a l'une des électricités les plus décarbonées d'Europe, et son
prix payé par le consommateur final est la moitié de celui de
l'Allemagne. Faisons le maximum pour réussir une transition énergétique
efficace, incluant une forte réduction de CO2, tout en conservant cet
avantage économique compétitif sur le prix de l'électricité.
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