Plus de 95% de la population mondiale respire un air pollué

Par Fiona Harvey
The Guardian
translated by Mathilde Mortier
17 avr. 2018

 Langues : English

En moyenne, les zones les plus touchées seraient 11 fois plus polluées que les régions les moins touchées, contre six fois en 1990. [testing/ Shutterstock]
Plus de 95 % de la population mondiale respire un air ambiant pollué, selon un nouveau rapport du Health Effects Institute. Les communautés les plus pauvres seraient les plus touchées. Un article de notre partenaire, The Guardian.

Les villes hébergent une majorité croissante de la population mondiale, exposant des milliards de personnes à la pollution atmosphérique, notamment dans les pays en développement. Cependant, dans les zones rurales, la combustion d’énergies fossiles pollue souvent l’air à l’intérieur des habitations.
Le Health Effects Institute, une organisation qui étude la qualité de l’air, a publié un rapport en se basant sur de nouvelles découvertes, telles que des données satellite et un meilleur contrôle, pour estimer le nombre de personnes exposées à un air pollué au-dessus des limites fixées par l’Organisation mondiale de la santé.
Une personne sur trois dans le monde est touchée par la pollution atmosphérique intérieure et extérieure, qui est la quatrième cause de décès, après l’hypertension artérielle, l’alimentation et le tabac. En 2017, six millions de personnes sont décédées à cause de la pollution de l’air, qui contribue aux risques d’AVC, de crise cardiaque, de cancer du poumon et de maladie pulmonaire chronique. Plus de la moitié des personnes décédées vivaient en Chine ou en Inde.

L’utilisation de combustibles fossiles tels que le charbon ou la biomasse pour la cuisine ou le chauffage a exposé 2,6 milliards de personnes à la pollution atmosphérique intérieure, selon le rapport du Health Effects Institute. Cette combustion ne nuirait pas seulement à la qualité de l’air à l’intérieur des foyers, mais elle pourrait polluer l’air des zones avoisinantes. Un décès sur quatre en Inde et un décès sur cinq en Chine sont dus à ce phénomène.
Robert O’Keefe, vice-président de l’institut, estime que l’écart entre les pays les plus touchés et les moins touchés par la pollution atmosphérique est frappant. Alors que les pays développés ont mis en place des mesures pour assainir l’air, de nombreux pays en développement ont pris encore plus de retard en se concentrant sur leur croissance économique.
En moyenne, les zones les plus touchées seraient 11 fois plus polluées que les régions les moins touchées, contre six fois en 1990. « Les systèmes de contrôle de pollution atmosphérique sont à la traîne par rapport au développement économique [dans les pays en développement] », selon le vice-président de Health Effects Institute.


Cependant, « il y a des raisons d’être optimiste, bien qu’il y ait encore un long chemin à parcourir. La Chine semble prendre le taureau par les cornes, en réduisant par exemple l’utilisation de charbon et en renforçant les contrôles. L’Inde a également commencé à s’attaquer à ce problème, en fournissant par exemple du GPL [gaz de pétrole liquéfié] pour les foyers », affirme Bob O’Keefe.
En 1990, le nombre de personnes exposées à la pollution atmosphérique intérieure à cause de la combustion de combustibles fossiles était de 3,6 milliards. Aujourd’hui, ce chiffre est tombé à 2,4 milliards, malgré la population mondiale croissante.
En revanche, les émissions provenant des transports inquiètent de plus en plus à mesure que le trafic routier augmente. Le diesel est une cause majeure de pollution atmosphérique dans certains pays riches, notamment au Royaume-Uni – mais dans les pays pauvres, les voitures en piteux état fonctionnant à l’essence peuvent être tout aussi polluantes que les véhicules à diesel.


Les gouvernements sont soumis à une pression de plus en plus forte pour diminuer les émissions de particules fines polluantes par le biais de réglementation et de contrôles, affirme Bob O’Keefe, saluant l’utilisation d’internet comme un outil permettant de sensibiliser la population.
« Les réseaux sociaux jouent un rôle crucial, car un nombre croissant de personnes y ont accès ainsi qu’aux données et aux discussions [sur la pollution de l’air]. Les citoyens ont maintenant la possibilité de s’inquiéter non seulement de la nourriture qu’ils consomment et du fait d’avoir un toit sur leur tête, mais ils ont les moyens de discuter de problématiques », estime le vice-président de l’institut.
Le rapport du Health Effects Institute a confirmé les données de ces dernières années, démontrant que la pollution de l’air augmente et est responsable de plus en plus de décès. Depuis dix ans, les satellites et la surveillance au sol ont permis d’obtenir davantage de données, tandis que des études à grande échelle ont révélé un grand nombre de risques pour la santé dus à la pollution atmosphérique, qui ne tue souvent pas directement les personnes, mais qui contribue maintenant à d’autres causes de décès.



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