Contribution externe
Jean-Yves Kitantou
citoyen engagé dans l'associatif et la politique (CDH)
Publié le
Commentaire : On devrait dénoncer le même scandale humanitaire concernant les Terres rares servant à la fabrication des éoliennes, en Asie.
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Les batteries nécessaires à la transition énergétique sont notamment
composées de cobalt : un minerai extrait dans des conditions plus que
douteuses, au mépris des droits de l’homme, notamment en RDC.
Il est en effet prouvé que parmi les dérives que provoque l’exploitation du cobalt en République démocratique du Congo, on peut noter la surreprésentation d’enfants parmi les mineurs-extracteurs, et d’autres populations vulnérables payées seulement 1 à 2 dollars par jour. Selon l’Unicef, environ 40 000 enfants travaillent dans les mines dans le Sud de la RDC, dont beaucoup dans les mines de cobalt.
Il est donc important de garder à l’esprit que nous ne devons pas sacrifier les droits de l’homme sur l’autel du progrès technologique. Les risques humanitaires inhérents à cette avancée sont bien réels car la demande pour le cobalt devrait être multipliée par quatre d’ici à 2020 et par onze en 2025. Des constructeurs comme VW participent grandement à cette hausse de la demande car ils comptent investir 34 milliards d’ici 2024 dans les technologies liées à la voiture électrique.
Si l’obsolescence programmée de certains
smartphones a du mal à être admise par leurs fabricants, celle des
voitures classiques (au diesel et à l’essence) est bien programmée. Sous
l’impulsion du secteur automobile et des gouvernements
climato-conscients, les voitures électriques sont appelées à dominer le
marché d’ici 2040. Ceci permettra d’entrevoir une réduction presque par
deux des émissions de carbone dans l’atmosphère, un des composants des
gaz à effets de serre responsables de la dégradation de la qualité de
l’air. Il faut donc se féliciter d’un tel virage s’inscrivant dans la
nécessaire transition énergétique (des énergies fossiles aux énergies
vertes) et numérique.
Toutefois, là où le bât blesse, c’est que cette transition repose sur
des ressources naturelles rares et obtenues dans des conditions plus
que douteuses. En effet, les batteries grâce auxquelles fonctionnent les
voitures électriques sont rechargeables car elles sont composées de
trois éléments principaux : le lithium (extrait en Amérique du Sud), le
graphite (en Chine) et le cobalt (en République démocratique du Congo).
Ces éléments sont plus ou moins les mêmes utilisés pour nos smartphones
et autres ordinateurs. Il faudrait plus d’un billet pour approfondir les
enjeux. Par conséquent, nous allons nous concentrer sur le cas du
cobalt.
Travailleurs vulnérables et sous-payés
De nos jours, les plus grosses réserves de cobalt sont situées en
République démocratique du Congo (RDC). Ce pays produit la moitié de la
consommation mondiale tandis que la plus grande partie de la
transformation du cobalt en produit exploitable est réalisée en Chine.
Or, dans les pays susmentionnés, qui ne sont pas des étendards en termes
de respect de droits de l’homme, l’extraction et l’exploitation du
minerai soulèvent un problème d’ordre éthique et humanitaire.Il est en effet prouvé que parmi les dérives que provoque l’exploitation du cobalt en République démocratique du Congo, on peut noter la surreprésentation d’enfants parmi les mineurs-extracteurs, et d’autres populations vulnérables payées seulement 1 à 2 dollars par jour. Selon l’Unicef, environ 40 000 enfants travaillent dans les mines dans le Sud de la RDC, dont beaucoup dans les mines de cobalt.
Matériel et sécurité déplorables
On peut également noter l’inadéquation du matériel d’extraction qui
présente des risques d’affections pulmonaires permanentes, ainsi que des
conditions d’extraction déplorables (les mines s’effondrant fréquemment
et entraînant des milliers de décès annuels).Il est donc important de garder à l’esprit que nous ne devons pas sacrifier les droits de l’homme sur l’autel du progrès technologique. Les risques humanitaires inhérents à cette avancée sont bien réels car la demande pour le cobalt devrait être multipliée par quatre d’ici à 2020 et par onze en 2025. Des constructeurs comme VW participent grandement à cette hausse de la demande car ils comptent investir 34 milliards d’ici 2024 dans les technologies liées à la voiture électrique.
Reconnaître la zone de guerre
Sachant cela, il est primordial de combler une importante faille
juridique. Nous constatons d’une part que le cobalt n’est pas considéré
comme un minerai extrait d’une "zone de conflit" par les USA et l’UE et,
d’autre part, que les fabricants et exploitants de ce minerai n’ont pas
l’obligation de s’assurer qu’il a été extrait dans des conditions
respectueuses des droits de l’homme. Nous devons rectifier le tir et
faire reconnaître cet élément comme un minerai extrait en zone de guerre
et exiger sa traçabilité.
Faire bouger fabricants et Etats
Concrètement, il faut s’assurer que les véhicules électriques soient
moins polluants (leur fabrication actuelle se faisant à des températures
de 400 °C) et nocifs (cobalt dont l’extraction se fait dans des zones
où un voile d’opacité recouvre le processus d’extraction) notamment dans
l’assemblage de leur batterie. A ce jour, parmi les fabricants de
batteries automobiles, aucun n’a pris les mesures nécessaires pour
s’assurer de la propreté morale et humaine du cobalt qu’il exploite,
comme le demandent pourtant les directives de l’OCDE. Les Etats doivent
donc augmenter leurs exigences pour obliger les entreprises à une plus
grande transparence sur la chaîne d’approvisionnement en cobalt, ainsi
que sur la commercialisation et surtout les points et conditions
d’extractions.
Sensibiliser l’opinion
Il importe aussi de sensibiliser davantage l’opinion publique. Les
violations des droits de l’homme perpétrées dans les mines de cobalt
restent hors de la vue et des consciences : le temps est venu de mettre
la lumière sur cette situation.
Le titre, l’introduction et les intertitres sont de
la rédaction. Titre original : "Travail des enfants, extraction du
cobalt et production de voitures électriques : le scandale humanitaire
dont personne ne parle."
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