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Lionel Taccoen
Lettre n°84- 31mai 2018
Les énergies renouvelables : le monopole solaire-éolien
Il y a dix ans, un tiers des investissements mondiaux concernant les énergies renouvelables était consacré à d’autres sources que le solaire et l’éolien. En 2007, 60 milliards de dollars s’étaient dirigés vers les biocarburants, la biomasse, la petite hydraulique, la géothermie et les énergies marines. En 2017, ce montant s’est réduit à moins de 12 milliards. Solaire et éolien bénéficient désormais de 96% des fonds. Cette évolution est majeure. L’électricité, seule débouché possible du solaire et de l’éolien, ne compte que pour 18,5% de la consommation finale d’énergie mondiale. L’impact de ces deux sources sur le mix énergétique est marginal. Il est faible pour les émissions de gaz à effet de serre.
Il existe une contradiction entre les baisses des prix de production du solaire et de l’éolien et une augmentation continue des factures des clients. La cause est une profonde mutation des secteurs électriques, dont les coûts suivant plusieurs Cour des Comptes ne sont pas maîtrisés voire mal connus. Les autres moyens de réduire les émissions manquent de moyens financiers. L’établissement du monopole solaire+éolien pour les renouvelables apparaît comme dommageable à la lutte contre le réchauffement climatique.
Les énergies renouvelables : le monopole solaire-éolien
L’objet de cette étude est d’évaluer l’évolution des programmes actuels de développement des énergies renouvelables et ses conséquences.
Explicitons ces termes : comment définir les énergies renouvelables ?
Il y a un consensus pour admettre qu’une énergie renouvelable ne doit pas émettre de gaz à effet de serre lors de sa production d’énergie. Plus généralement, une énergie renouvelable n’a pas d’impact irréversible sur l’environnement. Ceci n’est pas suffisant pour définir une politique.
Pour recevoir des aides, il est nécessaire que les énergies renouvelables reçoivent une définition juridique précise. Celle-ci n’est pas partout la même. L’Union européenne, se contente d’une liste. L’hydraulique en fait partie, mais seuls les petits barrages peuvent être aidés. Toute la production hydraulique est néanmoins comptabilisée dans les statistiques. Le bilan est plus flatteur pour les Européens. Les États montagneux, la Suède, l’Autriche, la Norvège ou la Suisse deviennent des parangons des énergies renouvelables sans effort particulier. La prise en compte de l’hydraulique, différente de par le monde fait souvent varier les définitions et gêne les comparaisons statistiques. L’ONU privilégie les installations hydrauliques de 1 à 50MW. L’IRENA (International Renewable Energy Agency) considère de préférence toutes les installations hydrauliques de 0 à 10 MW.
Certains pays, comme la Chine, l’Inde et quelquefois les Etats-Unis, utilisent la notion « d’énergie propre », définie comme toute source n’émettant pas de gaz à effet de serre, donc incluant le nucléaire. Les médias européens présentent quelquefois les bilans « d’énergie propre » dans ces pays comme ceux des énergies renouvelables.
Que veut dire « programmes actuels » ? L’année 2004
A quelle époque a réellement débuté l’idée de « transition énergétique », indissociable de la volonté de promouvoir les énergies renouvelables ? La force du vent est utilisée depuis longtemps et que dire de la combustion de la plus courante d’une biomasse, le bois ? Rechercher le début effectif du mouvement actuel et des premières législations importantes liées à une prise de conscience écologique est important. Nous avons suivi
l’ONU, qui, dans ses Rapports annuels concernant les investissements renouvelables, démarre ses études et ses statistiques en 2004, considérant que leur importance économique devient notable cette année-là. .
Ainsi nous prendrons 2004 comme première année d’entrée dans l’histoire du vaste mouvement actuel vers les énergies renouvelables.
Ce qui signifie que leur usage immémorial précédent ne relevait pas d’une prise de conscience écologique, mais provenait d’autres considérations. L’exemple des grands barrages hydrauliques construits au XXème Siècle éclaire ces « autres considérations ». Elles étaient purement économiques.
Quelle conséquence allons-nous étudier ?
Le but premier des énergies renouvelables est de rendre plus « propre » le mix énergétique, c'est-à-dire de diminuer les émissions de gaz à effet de serre pour une consommation donnée d’énergie. Il ne s’agit pas de diminuer la consommation, qui relève d’une autre problématique, l’efficacité énergétique, non étudiée ici.
C’est donc l’impact sur la lutte contre le réchauffement climatique qui sera étudié ici.