Nucléaire vs ENRi : demain, quel type d' électricité et dans quelles conditions pour monsieur tout le monde?

Ace of spades
Nicolas Postic
Alternis

Dialogue

Ace of spades (ingénieur)
- Quelle électricité vendez vous lors d'épisodes de froid ou sans vent puisque solaire et éolien ne fonctionnent pas? - de quelle puissance hydroélectrique ou biomasse disposez vous? Et combien de puissance hydroélectrique peut-on encore installer en France?
- Quelle est la part de subventions dans l’électricité que vous vendez? - Vendez vous votre énergie solaire directement aux particuliers qui contractent chez vous, ou à EDF, et à quel prix? Pour quel prix de revente aux particuliers?


Nicolas Postic (salarié-sociétaire Enercoop, ne répond qu'en son nom)
-Bonjour, aujourd'hui notre engagement 100% renouvelable en achat aux producteurs se fait à l'année et non en temps réel : nous ajustons donc sur le réseau en temps réel par rapport à notre équilibre production-consommation. De ce fait en hiver par exemple, notre production est généralement inférieure. Nous espérons qu'avec le temps, le développement des ENR et de notre portefeuille (moyens humains et financiers) nous permette progressivement de nous rapprocher de cet équilibre. Nous souhaitons aussi pouvoir progressivement avancer vers les solutions que prescrit Negawatt à l'échelle de notre portefeuille : stockage, effacement, transfert des usages électriques, etc. La part des subventions dans l'électricité que nous vendons est aujourd'hui faible puisque très peu de nos producteurs sont en obligation d'achat (15 GWh sur 350 annuels). La plupart de nos installations sont soit déjà amorties, soit existent grâce à nos tarifs. Ce choix s'explique par le fait que nous n'avions pas accès historiquement à l'obligation d'achat. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, donc cela pourrait changer dans le temps, au moins pour une part de notre approvisionnement. L'objectif reste quand même à terme de faire exister un système sans subventions, notamment grâce à la baisse des coûts des ENR.
Concernant notre puissance hydraulique actuelle, elle est autour d'une centaine de MW (plus les chiffres exacts) et son développement en France est amené à être assez limité, bien que non nul (petite hydraulique notamment). Nous avons pour l'instant très peu de biomasse. Enfin pas sûr d'avoir compris votre dernière question, mais au-delà des échanges sur le marché (qui sont non tracés), nous ne vendons rien spécifiquement à EDF.


Ace of spades (ingénieur)
Merci pour les réponses. Par contre, dans la mesure ou vous ne pilotez pas en temps réel, est-on d'accord pour dire que ça implique que quand l'éolien/solaire ne produisent pas (et dans la mesure où vous avez peu d'hydraulique), ce que vous vendez c'est du nucléaire ? Dont acte sur les subventions. Si vous dites que vous n'êtes pas subventionné, je vous crois sur parole. Vous dites vouloir avancer vers le stockage pour palier à l'intermittence. Avez- vous un ordre d'idée du prix de ces solutions de stockage et de la quantité de stockage nécessaire pour ne plus avoir à faire appel au nucléaire/charbon/gaz? En clair, tout compris (EnR, stockage, etc.) quel serait le prix pour le particulier d'une solution EnR intégralement pilotable?

Nicolas Postic (salarié-sociétaire Enercoop, ne répond qu'en son nom)
Si elle doit exister seule sur un petit volume (Enercoop aujourd'hui c'est 350 GWh/an) dans un système (le réseau électrique français) qui majoritairement ne l'est pas, celui-ci est sans nul doute exorbitant. Si elle est pensée à l'échelle nationale, c'est déjà plus évident, on retombe dans des scénarios type Negawatt ou de l'Ademe qui demandent de mettre en place un certain nombre de leviers.
Le scénario de l' Ademe présente bien sûr de nombreuses failles comme celui de Negawatt qui, bien que plus robuste, reste perfectible à mes yeux. Notamment sur le fait qu'il repose énormément sur une technologie de power-to-gas encore très expérimentale. C'est d'autant moins simple que ce sujet est loin de n'être que technique, il est aussi social : la vision que défend le monde de l'énergie citoyenne est celle où chacun peut s'emparer à son échelle de la question énergétique, investir dans des projets de territoire, se sensibiliser à la question énergétique à travers le sujet de sa consommation également (volume et profil), ce qui constitue un changement de modèle culturel.


Ace of spades (ingénieur)
Indépendamment de çà, Negawatt (scénario évoqué plus haut) propose quand même 60% d'électricité en moins. Et la, je suis curieux de voir où? Des postes d'économie il y en a, mais 60% de moins, on en est à faire rouler moins de trains ou autre? Et j'ai peut-être loupé un épisode, mais il me semble que ma question, sur le fait que l'électricité vendue en l'absence de vent ou soleil était d'origine nucléaire, est restée sans réponse?

Nicolas Postic (salarié-sociétaire Enercoop, ne répond qu'en son nom)
Je vous l'ai dit, on s'équilibre en temps réel sur le réseau. On achète quand on manque, on vend quand on a trop. Et vu la part nucléaire dans le mix français, pas besoin d'être devin pour savoir... (ce n'est pas faute de militer pour que ce soit de moins en moins le cas).

Ace of spades (ingénieur)

C'est quand même la solution de facilité... Produire de façon fatale, et laisser toute la partie "pilotage de réseau" (celle qui fait la majeure partie du prix) à EDF. Vous ne pouvez pas décemment prétendre être moins cher si dans votre modèle vous déléguez le pilotage... Soyez cohérent : achetez des dispositifs de stockage (STEP ou autre) ou d'effacement et ensuite vendez exclusivement EN TEMPS RÉEL votre électricité à vos clients, à un prix de marché. Et là on pourra comparer des choses comparables. Je me permet d'ajouter que piloter un réseau, c'est aussi faire de l'écologie. Quand vous avez un courant propre, stable à 50 Hz, vos matériels durent bien plus longtemps qu'avec un courant électrique dégueulasse dont la tension/fréquence oscillent. Et je me demande dans quelle mesure afficher ça quand derrière on ne s'occupe pas de réglage réseau, et alimenter ses clients en charbon/nucléaire quand on en a (forcément) besoin n'est pas une forme de tromperie...




Nicolas Postic (salarié-sociétaire Enercoop, ne répond qu'en son nom)
Je comprends mais je ne partage pas vos conclusions.
1 - L'intérêt de vouloir être 100% autonome tout seul dans son coin est limité, surtout quand on pèse seulement 350 GWh. Notre objectif est d'amener le système global vers un max d' ENR, pas de recréer, seuls, notre propre réseau.
2 - La partie pilotage de réseau c'est pas EDF c'est RTE. Elle était prête à considérer d'autres évolutions de réseau que celles choisies (cf. les fameux 5 scénarios prospectifs où seuls 2 ont été retenus).
3 - Nous comptons tout de même bien, à mesure que nous augmenterons de volume, mettre en place davantage de choses dans ce que vous citez, mais il faut mesurer le chemin et les obstacles : pendant 10 ans seule l' hydraulique nous était accessible, le reste étant verrouillé chez EDF OA.
4 - Nous ne faisons pas mystère de ce que nous ne sommes pas 100% vert en temps réel et que nous ne sommes qu'au début du chemin, notamment auprès de nos sociétaires, en assemblée générale, etc.
5 - Pour être franc, je partage votre manque d'enthousiasme sur le graphe que vous pointez, qui ne me paraît ni juste ni pertinent. Mais n'hésitez pas, prenez une part sociale et exprimez votre avis sur le sujet. Tant que c'est constructif ça ne peut qu'enrichir notre réflexion.



PS 
L' Ademe ne prend pas en compte les investissements dans le réseau. En Allemagne, un rapport (2012) montrait que pour 1€ d'éolienne implantée, il fallait investir 0.8€ dans le réseau.. [...] L'Allemagne doit investir 32 milliards d'euros dans les réseaux électriques
 
L'objectif de l'Allemagne, c'est 2 500 MW/an de terrestre et 6 500MW offshore en 2020. Donc ~31500MW installé en 10 ans (2012-2022). On est donc à 35Mds d'investissements étalés sur 10 ans avec à côté 32 Mds pour le réseau ce qui fait 90% du prix à rajouter.

En France 
Coûts de raccordement au réseau électrique : bientôt totalement à la charge des producteurs ?

De plus, dans son scénario 2017-2050, Negawatt compense la non-construction suffisante de stockage par des restrictions d'utilisation d'électricité. [...] Negawatt, par exemple, bannit les consoles de jeu et fixe des heures de consommation et en dehors.. [...]. Alternis (ingénieur) 

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