22 octobre 2018
Commentaire : remarquable démonstration de l'inutilité et de la dangerosité du grand remplacement par les ENRi. Sauf que 99% de nos élus ruraux qui valident un projet solaire ou éolien sur leur commune s'en foutent de tout cela. La seule chose qui compte à leurs yeux, c'est les €€€ espérés, promis par le promoteur, ceux qui vont remplir le compte en banque ou celui de la famille et améliorer le budget de la commune?
Sauver le Climat? Réduire les émissions de CO2? Faîtes pas chier avec vos conneries de bobos urbains! "De tout façon dans 15 à 20 ans, on sera plus là, alors!" Déjà entendu...
C'est comme donner de la confiture à des cochons. Quel gâchis!
php
Les objectifs affichés par la France concernant son mix
électrique visent à réduire à 50 % la part du nucléaire dans la
production nationale d’électricité, à une échéance encore floue. On
pourra se demander d’où vient ce chiffre de 50 % : pourquoi pas 60 %, 30
%, ou même 0 % ? Ne pourrait-on pas être ambitieux, et viser un
remplacement de la totalité du parc nucléaire ? Après tout, le soleil et
le vent ne manquent pas, et s’ils sont à même de remplacer 17 réacteurs, il suffirait de multiplier par un peu plus de trois nos efforts pour remplacer la totalité de nos 58 réacteurs.
Mais on ne remplace pas le nucléaire par du vent et du soleil aussi
simplement que l’on remplace le charbon par du nucléaire. Illustration.
Test d’un mix électrique hypothétique
Début 2018, France. Le mois de décembre a été doux, la période des
fêtes en particulier, et janvier continue sur cette lancée. Le parc
nucléaire tourne à un bon régime, soutenu, malgré un nombre légèrement
plus élevé que la normale de réacteurs à l’arrêt. Et le parc gaz est
significativement sollicité pour ménager des réserves d’eau déjà basses
dans les barrages. Rien d’alarmant cependant, jusqu’aux derniers jours
du mois. Mais voilà que les températures commencent à baisser
considérablement sur toute l’Europe, durablement jusqu’en mars, et alors
reviennent les inquiétudes sur les capacités du mix électrique
français…
Si cet hiver n’a pas battu le record de consommation d’électricité atteint en 2012 (102,1 GW), avec une pointe à 96,6 GW
le 28 février 2018 à 19h30, nos capacités de production et nos
interconnexions ont été lourdement sollicitées. Donc cette période, sans
aller chercher dans le cas extrême, semble une bonne base pour étudier
le dimensionnement d’un mix électrique alternatif. Un mix sans
nucléaire, évidemment sans charbon et sans fioul et, dans la mesure du
possible, sans gaz !
Voyons la consommation, demi-heure par demi-heure, telle que la
retrace le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français, RTE,
et comparons-là à la production de notre système électrique, déduction
faite du nucléaire et des énergies fossiles. De la sorte, ne restent que
l’hydraulique, les bioénergies (biomasse, biogaz, déchets), le solaire
et l’éolien :
On reconnaîtra, dans le tracé de la consommation, quelques variations bien identifiables :
- un cycle quotidien jour/nuit,
- un cycle hebdomadaire semaine/week-end,
- une élévation rapide de la consommation à la fin du mois.
Dans la réalité, l’intervalle entre ces deux courbes est couvert par
le nucléaire, les énergies fossiles, et les échanges avec les pays
voisins – souvent des exports mais, à cette période, parfois aussi des
imports d’électricité.
Finalement, à vue de nez, si on multiplie par 4 environ le niveau de
production, on devrait atteindre la courbe de consommation, non ? C’est
un raisonnement à expérimenter. Cependant, dans la mesure où la
quasi-totalité du potentiel hydraulique en France est déjà exploitée,
il n’y a que le solaire, l’éolien et les bioénergies que l’on puisse
encore développer à grande échelle. Prenons donc un peu de marge, et
multiplions leur production par 8 :
On voit alors que la production parvient, par moments, à rattraper la
consommation. Pour rendre l’observation plus simple, il est possible de
tracer l’écart, à chaque instant, entre production et consommation :
Ainsi, au-dessus de l’axe horizontal, on produit davantage que l’on
consomme et en dessous, la production est insuffisante. Le but est donc
que la courbe reste très proche de l’axe horizontal. En moyenne sur la
période, on n’est pas trop loin de l’équilibre, mais à chaque instant,
la production est rarement égale à la demande. Et pour cause ! L’éolien
et le solaire ne sont pas pilotables : le vent souffle et le
soleil brille au gré de la météo, c’est-à-dire indépendamment de nos
besoins, tandis que les bioénergies fonctionnent à puissance
relativement constante. Ne reste que l’hydraulique qui tente
courageusement de suivre la demande, mais c’est bien insuffisant…
Octroyons-nous trois leviers d’action supplémentaires. Commençons par
abaisser la consommation de, disons, 20%. Efficacité et sobriété
énergétique en appui à la sortie du nucléaire. Puis prenons en compte
les échanges aux frontières : nos records, historiquement, sont de
respectivement 12 et 17 GW en import et en export. Envisageons d’avoir
la possibilité d’importer ou exporter, selon les besoins, jusqu’à 20 GW.
Pour ce faire, il faudra réaliser un généreux développement des
interconnexions, mais pas surréaliste. Par ailleurs, ce faisant, on
suppose qu’à tout moment, notre voisinage sera en mesure de nous
délivrer ou nous délester la puissance que l’on souhaite, avec un
maximum de 20 GW. Et… On ferme les yeux sur l’origine de cette
électricité qu’ils nous fourniront.
Enfin, mettons en œuvre un mécanisme d’effacement. Il s’agit
de rémunérer des clients (particuliers ou, surtout, des entreprises
très consommatrices d’électricité) pour qu’ils acceptent, à la demande
du gestionnaire du réseau, « d’effacer » leur consommation, c’est-à-dire
de la réduire jusqu’à être autorisés à l’augmenter à nouveau. En
d’autres termes, cela permet, face aux pointes de consommation, de
diminuer la consommation plutôt que d’augmenter la production avec des
capacités de réserve (généralement, des turbines à combustion au gaz ou
au fioul, très onéreuses car ne fonctionnant que quelques heures par
an). Pour modéliser ce mécanisme de manière très simple, à chaque fois
que la production et les interconnexions sont insuffisantes, pour chaque
GW de consommation en trop, on réduit la consommation de 0,2 GW.
En cumulant dopage des interconnexions, consommation réduite et effacement, on en vient aux résultats suivants, avec :
- en rouge, la différence entre production et consommation réduite de 20 %,
- en orange, la différence une fois sollicitées les interconnexions,
- en vert, la différence une fois mise en œuvre le mécanisme d’effacement.
On le voit, nous avons pu considérablement réduire les écarts.
L’équilibre production/consommation est très souvent respecté, et nous
n’avons pas de forts déficits à combler, et quelques surproductions
qu’il faudra simplement écrêter. Cela peut se faire en arrêtant des
moyens de production (facile à réaliser, mais coûteux, puisque l’on va
perdre de l’électricité), ou en stockant ces excédents (complexe et
coûteux), en prévision des périodes où l’électricité manquera. Le
déficit de puissance atteint 16 GW au maximum, telle est donc la
puissance minimale qu’on doit conserver en « back-up » fossile ou de
stockage futur.
Notons aussi que, compte tenu des exports, des imports, et des
excédents de production qui sont écrêtés et donc perdus, la balance
commerciale est nettement déficitaire, alors qu’elle est aujourd’hui
excédentaire. Selon les conditions du marché, les pertes pour la France
peuvent aisément atteindre quelques centaines de millions d’euros sur le
mois.
Conclusion
Finalement, ce mix est relativement coûteux à mettre en place (+ 94
GW d’éolien, + 52 GW de solaire, + 14 GW de bioénergies, + 3 GW en
interconnexions, centrales à gaz à maintenir en état malgré un usage
réduit) et à entretenir (pertes, déficit commercial…), mais ne paraît
pas irréaliste, en dépit du cadre relativement sévère retenu que fut le
mois de février 2018.
Mais regardons nos hypothèses…
- développement très important des bioénergies en dépit de contraintes de ressources,
- pays voisins à notre entière disposition pour les interconnexions,
- consommation électrique en baisse – et ce, malgré le besoin de sortir des fossiles (63% de notre consommation d’énergie), en partie grâce au remplacement par l’électricité ;
- exports à prix positif (lors des fortes productions éoliennes en Europe, ils peuvent devenir négatifs, et ce, potentiellement de plus en plus souvent) ;
- imports à prix soutenable.
Cliquez ici
pour accéder au fichier ayant servi à réaliser cette analyse. Soyez
joueurs, tentez de réaliser un mix électrique pertinent, avec des
hypothèses plus ou moins ambitieuses. Prenez le temps d’observer les
réactions des courbes aux coefficients sur le solaire, l’éolien, les
bioénergies. Regardez évoluer les indicateurs. Prenez en main la
difficulté d’atteindre un certain équilibre, les différentes
transformations à appliquer au mix et au réseau électrique pour réduire
autant que possible à la fois les coûts pour notre société et son impact
sur le climat. Cette difficulté est directement liée au caractère
intermittent des productions éolienne et solaire. À mesure qu’on
augmente la part des moyens non pilotables, de fortes adaptations
du réseau électrique sont nécessaires pour garantir la sécurité
d’approvisionnement sans augmenter les émission de gaz à effet de serre.
À l’heure d’une urgence climatique de plus en plus pressante,
on pourra se demander s’il est pertinent d’affronter de tel défis, sans
le moindre bénéfice pour le climat. L’électricité française est déjà
bas carbone et représente moins d’un quart
de notre consommation d’énergie, le reste étant largement dominé par le
pétrole et le gaz. Les moyens que la France alloue à la fameuse
transition énergétique étant limités, les efforts consentis pour réduire
la part du nucléaire sont autant d’efforts que l’on ne déploie pas pour
réduire notre lourde dépendance aux énergies fossiles.
php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire