La nullité scientifique des politiciens

Laurent Alexandre
23/10/2018

Commentaire : ne le dites pas trop fort!, La grande majorité d'entre eux sont persuadés d' avoir une bonne connaissance des dossiers scientifique et technique, d'avoir le sens des affaires (voir éolien + solaire), d'avoir le sens de l' intérêt général, etc. Comme si le fait d’être élu rendait... moins con.😏

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Chirurgien, énarque, entrepreneur, Laurent Alexandre est aujourd'hui business angel. Bruno Levy

Dans un monde ultra complexe, il sera difficile d'être un citoyen éclairé sans une compréhension minimale de la science.

Twitter est le lieu idéal pour générer des psychodrames. Une polémique y a éclaté entre la subtile journaliste Géraldine Woessner et le leader écologiste Yannick Jadot - qui devrait diriger la liste verte aux élections européennes de 2019 - sur la responsabilité des produits phytosanitaires dans la naissance d'enfants sans membres dans le Jura. Le sujet est terriblement douloureux et scientifiquement complexe : le Dr Bertrand Gagnière, spécialiste en santé publique, a parfaitement expliqué dans Le Figaro l'énorme difficulté à retrouver une cause dans ce type de crises sanitaires.

Au-delà des arguments de fond sur cette question délicate, on découvre à cette occasion que le leader écologiste est incapable de calculer une surface. Cela n'est pas spécifique à la gauche, le libéral Bruno Le Maire a dû avouer à la télévision, à l'époque où il était ministre de l'Agriculture, qu'il était incapable de définir 1 hectare. Les mathématiques apprises par les enfants de 8 ans sont un mystère pour beaucoup de nos politiciens.

La démocratie plus fragile que jamais
Comment nos hommes politiques peuvent-ils juger un rapport scientifique alors qu'ils ont oublié le programme de l'école primaire ? Comprendre le rendement d'une éolienne, l'impact d'un produit chimique, le fonctionnement des OGM, les dangers et bénéfices d'une technique, d'un vaccin ou d'un médicament suppose une solide culture scientifique. Et demain, ce sera pire ! Dans un monde ultra complexe, modelé par les technologies NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives), il sera difficile d'être un citoyen éclairé et plus encore un politicien responsable sans une compréhension minimale de la science et de la technologie.
La réalité est que les apparatchiks politiques sont bien moins compétitifs sur le marché du travail que les scientifiques. Beaucoup des politiciens professionnels battus par la vague macronienne de 2017 ont d'ailleurs eu du mal à échapper à Pôle emploi... La politique étant décourageante et peu valorisée, les premiers couteaux en sortent et certains des plus entreprenants jeunes députés macronistes veulent déjà la quitter. Le décalage de la politique par rapport à la marche du monde creuse la tombe de la démocratie, qui est plus fragile que jamais.
On la pensait gagnante de l'Histoire, point d'arrivée inévitable de la marche des civilisations. Voici à présent qu'elle recule contre toute attente. Si nous ne savons pas enrayer ce déclin à temps, la mort de la démocratie peut être au bout du chemin. Bien sûr, la bourgeoisie préfère la démocratie libérale... Mais les électeurs de Mélenchon et de Le Pen préféreront sans doute - hélas - un régime autoritaire efficace qui leur donnerait, comme à Singapour, un niveau de vie supérieur au nôtre, une école performante et plus de sécurité !

Pour des régulations intelligentes
La vague populiste traduit le refus d'un monde trop complexe et vertigineux pour réclamer, par pensée magique, des solutions simples. Et, par manque total de culture scientifique, de nombreux politiciens offrent à l'opinion des réponses dangereuses et absurdes. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, par exemple, a récemment dit des choses stupéfiantes sur le glyphosate.
Notre Etat doit faire sa révolution et se transformer en machine à favoriser l'innovation, en créant notamment des régulations intelligentes. Son fonctionnement et ses institutions sont à revoir. Les partis politiques doivent mettre en avant des militants capables de décrypter le monde de demain pour y préparer la France. C'est un véritable "Vatican II" de l'Etat et de la politique qu'il faut entreprendre : nous avons besoin de plus de savants comme Cédric Villani et Olivier Véran et de moins de Yannick Jadot !

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