Madrid
(Montel) Le gouvernement espagnol a confirmé son intention de poursuivre les réformes dans le but de plafonner les « profits exceptionnels » générés par les centrales nucléaires et hydroélectriques. Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a dévoilé jeudi un accord sur le budget 2019 avec la coalition des partis de gauche, dirigée par Podemos, troisième force de la chambre basse.
Selon le gouvernement, l'accord vise à « mettre fin » aux bénéfices exceptionnels perçus par « certaines technologies qui […] ont largement récupéré leurs coûts d'investissement ».
Les partis de gauche espagnols, y compris le parti dirigeant socialiste, affirment que les opérateurs ont depuis longtemps récupéré leurs coûts d’investissement et que leurs profits devraient être plafonnés.
L’Espagne dispose de cinq centrales nucléaires (7,1 GW), construites dans les années 1970-1980, et de 20 GW de capacités hydrauliques, avec des barrages essentiellement édifiés dans les années 1970 et avant.
Le gouvernement n'a pas fourni de détail sur les réformes et il n’est pas certain que ces dernières soient approuvées par le parlement.
Plusieurs sources ont déclaré à Montel que des discussions étaient en cours. Parmi les propositions, figure l'introduction d'un prix fixe pour la production sur le modèle du système français de l’ Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique).
Modèle français ?
Depuis le 1er juillet 2011, l’ Arenh permet aux fournisseurs alternatifs d’acheter, au prix fixe actuel de EUR 42/MWh, jusqu’à 100 TWh d’électricité d’origine nucléaire auprès de l’opérateur historique EDF.
L’Espagne pourrait rechercher un prix plafond similaire à celui de l’ Arenh, a déclaré à Montel le député de Podemos, Juan Lopez de Uralde. Il a souligné que cette mesure viserait spécifiquement à réduire les revenus des centrales nucléaires et des centrales hydroélectriques.
« Cela pourrait être une [option], mais nous ne sommes pas encore parvenus à trouver une solution concrète », a-t-il déclaré.
Une autre source proche du dossier a confirmé à Montel que le système français de l’ Arenh était envisagé pour les centrales nucléaires. Un tel mécanisme en Espagne permettrait aux propriétaires de centrales d’avoir plus de visibilité sur leurs bénéfices à venir par le biais de contrats d’approvisionnement à long terme, a-t-elle ajouté.
La source a néanmoins averti que la mise en place de plafonds de prix pour la production d’énergie issue des centrales hydrauliques n’inciterait pas nécessairement à se détourner des combustibles fossiles si « les prix sont stables », évoquant la flexibilité de la production hydroélectrique.
« Un mensonge »
L'introduction de nouvelles réformes sera toutefois ardue pour le gouvernement et ses alliés de gauche, ces derniers n’occupant qu’une position minoritaire au parlement.
Le porte-parole de l’un des principaux électricien espagnol a vivement critiqué la décision du gouvernement, la qualifiant de « manoeuvre marketing » pour gagner des votes.
«[Les profits exceptionnels] sont un mensonge. C’est un cliché ancré dans certains groupes sociaux. [Les profits exceptionnels] n'existent pas, car ceux qui soutiennent [cette idée] ne prennent en compte que le coût initial », a-t-il déclaré.
« Les centrales nucléaires ont fait d’énormes investissements [réalisés] chaque année, elles ne sont donc pas amorties. Aucune d'entre elles ».
php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire