Chercheur principal à la Macdonald-Laurier Institut
19/12/2018
Entre-temps, l'existence marginale et en grande partie insignifiante de l'énergie verte coûtera cher tant aux contribuables qu'aux consommateurs d'électricité.
Si les technologies propres et vertes sont les emplois de demain, comme le prétendent inlassablement leurs promoteurs, nos perspectives d'emploi sont vraiment sombres.Mike Drew/Postmedia
Le lobby vert, qui se fait entendre et qui est bien financé, fait régulièrement la leçon aux Canadiens qu'il n'y a aucune contradiction entre un programme environnemental strict et la croissance économique. En fait, les défenseurs de l'environnement affirment que les deux sont liés positivement, puisque l'énergie propre est censée être le fondement de notre économie dans l'avenir. Ainsi, la publication cette semaine par Statistique Canada des premières estimations de ses Comptes de l'environnement et des technologies propres permettra aux lobbyistes à faible émission de carbone et à leurs partisans de faire une lecture sobre.
Les comptes de l'économie verte de Statistique Canada comprennent tout, de l'hydroélectricité et de l'énergie nucléaire aux services comme la gestion des déchets et la fabrication de biens énergétiques propres comme les éoliennes. Statistique Canada ne documente pas encore les subventions appuyant ces diverses activités. Les industries de l'environnement et des technologies propres représentaient 3,1 % du PIB du Canada en 2017. Plus important encore, Statistique Canada a noté que ce ratio est demeuré relativement stable depuis 2007, année où les données ont commencé. La part de l'économie verte dans le PIB a stagné pendant les 10 années les plus importantes pour les politiques favorables à l'environnement et le soutien massif du gouvernement, et contre une croissance historiquement lente dans le reste de l'économie. Si l'économie verte ne peut pas prospérer dans ces circonstances, il est peu probable qu'elle le fasse un jour.
L'économie verte est encore moins importante pour l'emploi, ne représentant que 1,6 % de l'emploi total. Si les technologies propres et les technologies vertes sont les emplois de demain, comme le prétendent inlassablement leurs promoteurs, nos perspectives d'emploi sont vraiment sombres. Cela reflète le fait que l'énergie verte, comme toutes les sources d'énergie, utilise plus de capital que de travail.
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De plus, ces tableaux ne tiennent pas compte des pertes d'emplois attribuables au coût plus élevé de l'énergie renouvelable, comme l'énergie éolienne et solaire. La hausse des tarifs d'électricité au Canada montre que l'environnement et l'économie vont souvent dans des directions opposées, même si la ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, répète souvent qu'ils ne le font pas. Les critiques appellent le processus par lequel les projets d'énergie propre augmentent les prix de l'énergie qui tuent les emplois "destruction renouvelable" (contrairement à la fameuse "destruction créative" du capitalisme, qui déplace les ressources des secteurs en pleine maturité vers de nouveaux secteurs à forte croissance).
Il a toujours été un fantasme vert que les projets d'énergie verte étaient suffisamment importants pour alimenter la croissance économique globale. Lorsque Dalton McGuinty était premier ministre libéral de l'Ontario, son gouvernement a suivi l'exemple du gouvernement Obama en croyant qu'il pourrait amortir la récession de 2009 en subventionnant fortement des projets verts en vertu de la Loi sur l'énergie verte. Tout ce que cela a fait, c'est d'augmenter fortement le prix de l'électricité, ce qui a nui à la croissance. Ce n'était pas plus réussi ou plus sage que lorsque Bob Rae, en tant que premier ministre de l'Ontario, a proposé de réagir à la récession de 1991 en fabriquant des casques de vélo en Ontario, puis en adoptant des lois pour forcer chaque cycliste à en posséder un.
Le système comptable de Statistique Canada est généreux envers le concept d'économie verte en acceptant la définition fournie par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) selon laquelle l'énergie propre devrait inclure l'hydroélectricité. Mystérieusement, le GIEC a décidé que les grands barrages réservoirs qui inondent des millions d'hectares d'arbres et de faune sont " verts ", car ils n'affectent pas les émissions de gaz à effet de serre. De nombreux pays dans le monde ont décidé que les grands projets hydroélectriques sont dommageables pour l'environnement. Même le gouvernement néo-démocrate et vert de la Colombie-Britannique n'a appuyé qu'à contrecœur la construction du barrage controversé du site C, ce qui laisse entendre qu'il ne l'aurait pas maintenu en vie si la construction n'était pas déjà si avancée.
En fait, le Canada est le seul pays au monde à développer davantage de grands projets hydroélectriques en invoquant l'argument instable qu'ils représentent de l'énergie " propre ". Même en ignorant les dommages environnementaux, le coût élevé de l'électricité qui en résulte pour payer ces méga-projets est répercuté sur les contribuables.
Après l'expérience désastreuse de l'Ontario avec l'alimentation en énergie verte de ses factures d'électricité, Terre-Neuve fait maintenant face à des hausses de tarifs ruineuses en raison du coût exorbitant de son projet Muskrat Falls. Les contribuables de la C.-B., qui doivent payer le coût du site C même si la province jouit d'un surplus d'énergie hydroélectrique (elle ne trouve pas de marché d'exportation en Alberta voisine, où l'électricité produite à partir du gaz naturel coûte deux fois moins cher), sont également sur le point de le faire. Manitoba Hydro, quant à elle, supprime les hausses de tarifs pour les consommateurs en augmentant rapidement le niveau d'endettement pour payer les nouveaux projets, un processus non viable.
Il y a deux leçons à tirer de la croissance tiède du secteur vert au Canada. Il faudra beaucoup de temps, sinon jamais, avant qu'il ne contribue de façon importante à la création d'emplois et de revenus au Canada. Dans l'intervalle, même son existence marginale et en grande partie dénuée de sens coûtera cher aux contribuables et aux consommateurs d'électricité, ce qui montre que faire passer l'environnement avant l'économie a un coût que beaucoup s'objecteront à payer. L'économie verte ne prospérera pas tant qu'elle n'aura pas un sens à la fois économique et environnemental.
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