Commentaire : rendons hommage aux membres du Conseil scientifique de l' ADEME
- M. Kamel Ben Naceur, chef économiste à l’« ADNOC», ancien directeur de la technologie à l’agence internationale de l’énergie;
- M. Thierry Caquet, directeur scientifique environnement de l’INRA ;
- M. Hervé Charrue, directeur de la recherche au Centre scientifique et technique du bâtiment ;
- M. Olivier Delabroy, directeur de la transformation numérique du groupe Air Liquide ;
- Mme Sophie Dubuisson-Quellier, directrice de la recherche au Centre de sociologie des organisations ;
- M. Christian Dutertre, professeur en sciences économiques à l’université Paris Diderot ;
- M. Gérard Giraudon, directeur de recherche à l’Institut national de recherche en informatique et en automatique ;
- Mme Carla Gohin, directrice de la recherche, de l’innovation et des technologies avancées du groupe PSA ;
- Mme Kristina Haverkamp, directrice générale de « DENA» ;
- Mme Florence Jany-Catrice, professeure à l’université de Lille I ;
- Mme Sophie Jullian, directrice de la société d’accélération du transfert de technologies Lyon-Saint-Etienne, Pulsalys ;
- Mme Dominique Méda, professeur de sociologie à l’université Paris-Dauphine;
- M. Bernard Salha, directeur de la recherche et du développement du groupe EDF ;
- M. Ronan Stephan, directeur scientifique du groupe Plastic Omnium;
- Mme Laurence Tubiana, directrice générale de l’« European Climate Foundation».
- 10 représentants de l' Etat ;
- 1 représentant de l' Assemblée nationale ;
- 1 représentant du Sénat ;
- 3 représentants de collectivités locales ;
- 5 personnalités qualifiées au titre de l'environnement et de l' énergie ;
- 6 représentants élus du personnel ADEME
php
electro-sunset (CC BY-NC-ND 2.0) — Patrick Marioné, CC-BY
Rendons hommage à l’ ADEME. Cette agence publique et gouvernementale emploie des méthodes efficaces de désinformation et de conditionnement de l’opinion.
Après avoir promis 100 % d’énergies renouvelables (EnR) en 2050, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) en promet maintenant (10 décembre 2018) 60 % en 2060.
Certes il y a un léger recul mais n’est-ce pas merveilleux ?
Il y a cependant encore quelques hypothèses « osées », voire hasardeuses, et des raisonnements pour le moins… acrobatiques.
Des hypothèses farfelues ?
D’abord, la future augmentation de la consommation d’électricité est autoritairement limitée à seulement 10 % en 2060 (par quelle contrainte ?) alors que les usages et la consommation augmentent.
Ensuite, cette « étude » prend l’exemple d’une semaine « facile » de septembre (page 10). Le vent y souffle bien et il y a encore du soleil. La puissance des EnR peut en effet atteindre 75 gigawatts (GW) momentanément pour une capacité installée de 90 GW.
Mais en janvier, ce n’est plus le cas ! Pour 90 GW installées, il n’est pas rare que la puissance réelle soit inférieure à 10 GW. Pour présenter un système « robuste », il aurait fallu prendre en exemple une semaine d’hiver sans vent. Et là… c’est le drame ! Les moyens pilotables à la demande ne suffisent plus à répondre à la demande !
De plus, la quantité d’énergie appelée est équivalente à deux ou trois fois la capacité de stockage actuelle de tous nos barrages et il n’est prévu aucun moyen de production en secours à partir de gaz.
L’ ADEME prévoit aussi une forte production pour l’ensemble des « autres renouvelables » (120 TWh), dont 60 TWh à partir de biomasse. En y ajoutant le chauffage au bois et la production de biocarburant, cela fera beaucoup.
Faudra-t-il couper des millions d’hectares de forêts et sera-ce renouvelable ? Du point de vue économique et des émissions de CO2, le bois de chauffage ne peut être qu’un sous-produit de la sylviculture. Le « bois d’œuvre » dégagera-t-il ce volume de bois à brûler ?
Une clairvoyance redoutable
Il convient de saluer la clairvoyance de l’ ADEME (ainsi que de RTE) concernant la production des énergies renouvelables.
L’éolien a apporté un peu plus d'un GW le matin du 11 décembre 2018 (avec un parc de 13 GW) pour une consommation à la pointe du matin de 75 GW.
À la pointe du soir, l’éolien est « remonté » péniblement à 1,2 GW sur une consommation de 76 GW.
La France est sur la bonne voie pour supprimer le nucléaire qui n’apportait « que » 53 GW au même moment pour une puissance installée de… 63 GW. L’étude ADEME, qui semble être le porte-voix de l’association anti-nucléaire Négawatt, est ainsi « validée par l’absurde ».
Ce même jour, l’hydraulique et le gaz ont apporté respectivement 10 GW et 8 GW à la pointe du matin, ainsi que12 GW et 8,5 GW à la pointe du soir.
Des raisonnements tordus
Tous les scénarios de l’ ADEME prévoient d’importer de l’électricité pour éviter le black-out : soit 40 TWh dans le scénario de référence, soit 60 TWh en cas de « faible acceptabilité des EnR ». Ce qui mettrait la France sous la dépendance des pays voisins.
Pour calculer les coûts, l’étude retient un taux d’actualisation (le coût des emprunts) de 5 % pour l’éolien et le PV mais, il augmente étrangement à 7,5 % pour le nucléaire sans justification…
L’étude indique simplement que l’équilibre (délicat) entre l’offre et de la demande sera réglé par une différenciation tarifaire, ou par le jeu du marché. C’est peut-être une hypothèse légère pour engager notre avenir.
Une autre étude (aboutie celle-là) est celle d’EDF R&D publiée en juin 2015. Ses principales conclusions sont que le réseau européen, pris dans son ensemble, pouvait fonctionner avec un taux d’insertion EnR moyen de 40 % sous certaines conditions, notamment des renforcements d’ interconnections.
Ce taux moyen recouvre des situations très différentes selon la demande, allant de 25 % à près de 70 %. L’ ADEME a toujours refusé de prendre en compte cette étude d’EDF parce qu’elle ne va pas dans leur sens…
Incompétence et aveuglement de l’ ADEME ?
Il semble avéré que ni l’ ADEME ni ARTELYS (qui a déjà participé à la première étude « 100 % renouvelable ») n’ont les compétences pour réaliser ce type d’études. Ils extrapolent ce qui les arrangent pour maintenir à flot « coûte que coûte » la fiction des EnR dans une réflexion dogmatique anti-nucléaire. Peut-être est-ce aussi pour répondre à une demande du gouvernement et notamment du ministère de l’Écologie ?
Les auteurs de cette dernière étude sont toutefois conscients (dogmatiques mais pas bêtes) des limites de leur analyse. Ils prennent donc la précaution d’écrire à la fin du document : « Des analyses supplémentaires seraient nécessaires pour approfondir cet aspect du système électrique ».
La politique du parapluie pour se protéger d’éventuelles « erreurs » ?
Mais entre-temps, ils auront diffusé « leur vérité » selon laquelle tout est possible avec des énergies renouvelables. Et c’est bien ce que retiendront les journalistes qui feront de la mousse médiatique et du buzz vendeur…
Rendons hommage à l’ ADEME. Cette agence publique et gouvernementale emploie des méthodes efficaces de désinformation et de conditionnement de l’opinion.
Hourra pour l’ ADEME qui trompe les Français avec constance et talent !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire