La mutation électrique sauvera-t-elle le climat ?

Gérard Petit
retraité 
Le 29/11


N’est-il pas temps de regarder les dernières décisions gouvernementales sur l’électricité pour ce qu’elles sont vraiment, c'est-à-dire des mesures qui n’ont rien à voir ni de près ni de loin avec la préservation du climat ?


Pour les tenants des énergies renouvelables électriques, l'opportunité était trop belle et ils ont su pousser leur avantage, étonnés sans doute d'avoir tant obtenu : la multiplication par 3 du parc éolien et par 5 de celle du parc solaire, excusez du peu, le tout garanti sans équipements ou presque fabriqués, voire montés, en France, mais qu'importe.
Ce qui est sûr par contre, c'est que les Français qui paient déjà beaucoup vont payer encore bien davantage pour cette politique de fuite en avant, surtout si on a bien en tête que c'est désormais la TICPE (qui collecte entre autres, les taxes sur les carburants) qui finance le soutien aux renouvelables (aujourd'hui déjà 40 centimes par litre de super ou de diesel, combien demain ?). Décidément, l'horizon des "gilets jaunes" n'est pas près de s'éclaircir. 


Une franche déconnexion
Il a suffi de bien pousser un avantage, que les sondages sur le désamour orchestré du nucléaire servent sur un plateau, pour faire passer des mesures qui vont avoir de très lourdes conséquences..., mais au moins, le nombre de réacteurs, ces bombes à retardement, va-t-il enfin diminuer. Demain Fessenheim, définitivement condamnée, puis une charrette qui se remplira progressivement, ouf !
Quand on connaît la capacité de production d'un seul réacteur nucléaire, lequel équivaut à 300 éoliennes en puissance de crête et à 1200 éoliennes en production annuelle, le tout mobilisable à la demande, jouer sur le nombre de réacteurs comme on joue aux buchettes est bien une manifestation éclatante de la déconnexion entre la sphère politicienne et la réalité industrielle et humaine.


Un sentier déjà battu
L'électorat, qui ignore largement ces ordres de grandeur, saura peut-être gré à E. Macron de décisions ineptes, mais présentées comme courageuses, du moins a-t-il joué à fond cette carte.
On le retrouve ainsi sur les pas de F. Hollande qui à l'époque, obérait lourdement un patrimoine industriel en déniant toute perspective à notre industrie nucléaire, pour quelques voix écologistes. Mais c'était aussi le cas de S. Royal qui, dans sa campagne de 2007, proposait déjà d'arrêter 20 réacteurs, avec liste nominative à l'appui, établie par des conseils encore aujourd'hui dans les sphères du pouvoir.
La protection du climat apparaît vraiment comme le faux-nez de ces énormes intérêts politiques et financiers, mais l'habillage écologique de la punition sur les carburants, qui visait à donner un supplément d'âme à ce racket, aurait pu être une audace de trop. Hélas, les gilets jaunes vont noyer cette revendication, si légitime, dans un embrouillamini d'autres insatisfactions et l'émergence du pot aux roses sera une nouvelle fois retardée, mais gageons qu'elle viendra forcément.

Un nucléaire privé d'avenir
Faire croitre démesurément les parcs éolien et solaire, c'est à coup sûr ruiner le modèle économique du nucléaire qui, moins sollicité, va perdre sur tous les tableaux. Le nombre des réacteurs ne pourra être réduit qu'à la marge (surtout après l'arrêt de Fessenheim) compte tenu de la nécessaire compensation de l'intermittence des EnR, mais leur taux d'utilisation sera sensiblement diminué alors que ce sont des machines "de plein exercice". Moins de kWh seront vendus à des prix tirés vers le bas par la concurrence des productions EnR subventionnés aux coûts marginaux nuls.
Sans compter une utilisation plus éprouvante des matériels qui obligera à accroitre leur maintenance, voire leur remplacement, et que par ailleurs, c'est toujours le nucléaire qui grâce à ses groupes turboalternateurs, machines inertielles et manoeuvrantes, assurera ce qu'on appelle les services réseau (la tenue de la tension et de la fréquence, en un mot la qualité de la fourniture).
Resteront des possibilités à l'exportation rendues plus aisées si on accroit, comme prévu, les capacités d'interconnexion, mais la logique économique poussera inéluctablement vers la réduction du nombre de réacteurs, au risque de devoir remettre en ligne des unités CCGaz pour assurer la sécurité de l'ensemble. 


Un habillage opportuniste
Juste un détail, cette profonde et dispendieuse mutation, technique économique, mais aussi humaine, se fera sans réduction aucune des émissions de CO2, si ce n'est pas l'inverse. Quelle preuve de plus faut-il apporter pour montrer que la sauvegarde du climat n'est ici qu'une couverture verte pour un processus qui répond à d'autres déterminants et surtout à d'autres intérêts ?
Par ailleurs, la France, plutôt vertueuse s'agissant des émissions de CO2, grâce au nucléaire justement, pèse moins de 1 % des rejets au plan mondial. Aussi, sauf à croire encore que notre pays est un modèle sur lequel nombre d'autres vont spontanément s'aligner, il convient de considérer, avec le bon ordre de grandeur, les gains très hypothétiques que pourrait représenter pour la planète la réduction de la consommation de diesel en France suite à l'accroissement des prix à la pompe.


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