02/07/2019
Commentaire : une "répétition générale" grecque avant la "tournée" dans toute l' Europe, l' U.E comprise? Quand l’Europe aura vendu tous ses actifs industriels à la chine...
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© Getty Images
Racheté par un investisseur chinois en 2016, le port du Pirée tend à se transformer en supermarché géant. Mais dans ce berceau de l’Antiquité, les archéologues ont décidé de se rebeller, provoquant une nouvelle guerre politico-économique au bord de la Méditerranée.
Ici, des hôtels gratte-ciel. Là, un immense centre commercial. Et un peu plus loin, pourquoi pas un casino. Les investisseurs ne manquent pas d’idées pour complètement transformer le visage du port du Pirée, le plus grand de Grèce. Au cœur de la vie athénienne depuis la nuit des temps – il a été construit par Thémistocle au Ve siècle avant JC –, ce haut-lieu maritime est désormais entre les mains d’une entreprise chinoise. En janvier 2016, le Premier ministre Alexis Tsipras l’a cédé au géant Cosco pour 368,5 millions d’euros. Une somme non négligeable pour soutenir la crise qui rongeait le pays. Actionnaire majoritaire, la société hongkongaise s’est également engagée à investir 350 millions d’euros dans la rénovation du port.
Cette privatisation n’est pas passée sans accrocs, surtout du côté des syndicats de dockers qui s’y étaient opposés. Désormais, ce sont des archéologues qui tentent de stopper cette vague d’industrialisation, et plus particulièrement le Kas (le service archéologique grec). Celui-ci veut déclarer l’ensemble du Pirée en zone archéologique protégée, puisqu’il ne l’est pas pour le moment sur toute sa surface. Ainsi, il pourrait ainsi limiter le nombre d’étages dans les hôtels ou encore complètement interdire l’érection d’une zone commerciale. Les spécialistes des vieilles pierres ont en effet peur que les constructions dénaturent le paysage, voire pire, quelques monuments.
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Le conseil des archéologues grecs a donc réussi à bloquer cet énorme investissement et a demandé à Cosco de revoir sa copie. À l’annonce de cette décision, le géant chinois n’a pas caché sa colère et a immédiatement fait savoir qu’il ne ferait pas marche arrière.
Il n’y a en effet plus de temps à perdre pour l’actionnaire, présent dans le port depuis 2008, qui veut désormais transformer plusieurs terminaux pour y attirer une nouvelle clientèle, plus haut-de-gamme. Cosco veut en effet faire du Pirée un hub de croisière incontournable en Méditerranée. Mais pas que. Le port doit également être le pont entre l’Asie et l’Europe : un passage obligé sur la nouvelle route de la soie que souhaite Pékin, pour écouler ses produits vers le Vieux Continent. Pour le moment, le pari semble réussi. Cette croissance s’est accélérée, en a fait le deuxième port de Méditerranée, certainement bientôt le premier, devant Valence en Espagne, et le quatrième d’Europe.
Certains Athéniens se réjouissent donc des ambitions de Cosco. L’entreprise chinoise a déjà créé deux mille emplois, et ne devrait pas s’arrêter là avec son projet de « nouveau Las Vegas ». Mais selon plusieurs syndicats, ce vent de nouveauté ne serait pas que bénéfique : les salaires auraient baissé et les emplois seraient plus précaires, depuis 2016. La population grecque est donc divisée quant au sort du Pirée. En pleine crise économique, les pouvoirs publics se félicitaient de ce rachat mais semblent aujourd’hui en avoir assez de la mégalomanie de l’occupant chinois. À l’époque, plus personne ne voulait investir ou miser un kopeck sur le berceau de l’Antiquité, mis à part les Chinois, aussi audacieux que visionnaires. Désormais, Athènes voudrait bien retrouver un peu de sa souveraineté, avant que son port ne se transforme en énorme parc d’attractions.
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