Cet article a été publié initialement dans le journal satirique Zelium.
Avant, le luxe c’était un monde pourri, sale, arrogant. Mais ça, c’était avant l’avènement du salon « 1.618 », qui rhabille de vert le gadget bling bling et cultive le 4×4 bio en or équitable avec application, tablette et smartphone, qui mesure le suivi de l’empreinte écologique de ses options de défiscalisation durable.
1,618 kezaco ? Mais pauvre inculte, c’est LE nombre d’or, issu d’une équation mathématique devenue mystique et dont se sont servis les suprémacistes blancs de tous poils pour légitimer leurs théories eugénistes. Depuis 2009, c’est aussi le nom déposé du « salon du luxe durable » (« substainable luxury fair »). Cette grande lessiveuse pour nantis est sponsorisée par L’Oréal, HEC, Swatch et une myriade de sociétés parasites — mais aussi les ministères du redressement productif et de la culture (celui de l’écologie ? Trop has been!). Partenaire des premières éditions, le WWF, connu pour ses sympathies avec le big business, s’est retiré discrètement.
Il serait trop long de citer la logorrhée employée par les organisateurs pour légitimer leurs étals dégoulinant de bien-pensance grenello-compatible.
Zélium avait pu se rendre à la première édition, en 2009 : Ambiance glou-glou cui-cui version Nature & Découvertes. Tout est design, aérien, déstructuré. Avec en prime des néo-artistes ralliés à la cause. Les éco-exposants éco-vendent des éco-trucs de riches. Comme des grosses bagnoles aux moteurs « verts » ou des yachts « utilisant des matériaux renouvelables et des énergies alternatives » (sic). Côté voyages, on a le choix entre le spa nomade personnalisé dans le désert (une caravane entière dédiée à votre bien-être comme à l’époque des colonies) et l’île cinq étoiles de Robinson Crusoé desservie par des jets privés, à 2 800 euros la nuit. Cosmétique, maroquinerie, haute-couture… tout passe à la lessiveuse. Même un marchand de tapis d’Iran vendus 16 000 euros — « mais-non-bien-sûr-que-non-qu’on-vous-dira-pas-le-coût-de-fabrication ». Même vert, le luxe reste un marqueur social. Comme dit la vendeuse, « associé au développement durable, le positionnement très haut-de-gamme nous permet de réaliser des marges somptueuses, tout en relançant la consommation des produits plaisir ». La nausée monte rapidement. Comme par magie, le vomi sera de couleur vert à paillettes.
Mais rassurez-vous. Le salon 1.618 bouge encore. Rendez-vous en janvier 2016.
1,618 kezaco ? Mais pauvre inculte, c’est LE nombre d’or, issu d’une équation mathématique devenue mystique et dont se sont servis les suprémacistes blancs de tous poils pour légitimer leurs théories eugénistes. Depuis 2009, c’est aussi le nom déposé du « salon du luxe durable » (« substainable luxury fair »). Cette grande lessiveuse pour nantis est sponsorisée par L’Oréal, HEC, Swatch et une myriade de sociétés parasites — mais aussi les ministères du redressement productif et de la culture (celui de l’écologie ? Trop has been!). Partenaire des premières éditions, le WWF, connu pour ses sympathies avec le big business, s’est retiré discrètement.
Il serait trop long de citer la logorrhée employée par les organisateurs pour légitimer leurs étals dégoulinant de bien-pensance grenello-compatible.
Zélium avait pu se rendre à la première édition, en 2009 : Ambiance glou-glou cui-cui version Nature & Découvertes. Tout est design, aérien, déstructuré. Avec en prime des néo-artistes ralliés à la cause. Les éco-exposants éco-vendent des éco-trucs de riches. Comme des grosses bagnoles aux moteurs « verts » ou des yachts « utilisant des matériaux renouvelables et des énergies alternatives » (sic). Côté voyages, on a le choix entre le spa nomade personnalisé dans le désert (une caravane entière dédiée à votre bien-être comme à l’époque des colonies) et l’île cinq étoiles de Robinson Crusoé desservie par des jets privés, à 2 800 euros la nuit. Cosmétique, maroquinerie, haute-couture… tout passe à la lessiveuse. Même un marchand de tapis d’Iran vendus 16 000 euros — « mais-non-bien-sûr-que-non-qu’on-vous-dira-pas-le-coût-de-fabrication ». Même vert, le luxe reste un marqueur social. Comme dit la vendeuse, « associé au développement durable, le positionnement très haut-de-gamme nous permet de réaliser des marges somptueuses, tout en relançant la consommation des produits plaisir ». La nausée monte rapidement. Comme par magie, le vomi sera de couleur vert à paillettes.
Mais rassurez-vous. Le salon 1.618 bouge encore. Rendez-vous en janvier 2016.
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