Par Claude Brasseur, mathématicien astronome, chercheur et fondateur d’un centre de recherche sur les énergies renouvelables
brasseurvossen@skynet.be
27/11/2016
Commentaire: Ah, qui n'a jamais rêvé de vivre dans "la petite maison dans la prairie" avec la famille Ingalls, fermiers au XIXe siècle, venue s'installer dans le Minnesota à Plum Creek?
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Aujourd’hui, le village allemand de Jühnde se déclare indépendant sur le plan énergétique et on vient de partout admirer ses solutions...
Jühnde, Basse-Saxe, Allemagne (photo : Axel Hindemith cc by-sa 3.0 de)
Dans le film Demain, j’ai surtout été impressionné par ces habitants pauvres de la ville détruite de Detroit qui plantent fruits et légumes sur des terrains abandonnés. Ils se sont assuré une belle autonomie alimentaire au lieu de sombrer dans la dépendance... Ils me font penser à un aspect sympathique du Moyen Âge : le niveau d’autonomie très élevé, sur tous les plans, de chaque village. Les villages produisaient même leur énergie.
Aujourd’hui, le village allemand de Jühnde (1) se déclare indépendant sur le plan énergétique et on vient de partout admirer ses solutions.
Précisons qu’il s’agit de la production d’électricité et de chaleur domestique mais pas de combustible pour les véhicules par exemple. La plus grande partie de l’énergie produite sert à chauffer un digesteur (2). À ce digesteur sont réservés 25 % des terres arables (!). Il reçoit aussi les déchets des 75 % de terres arables restées utiles à la production alimentaire. Quelques éoliennes et des panneaux photovoltaïques complètent le « power plant » de Jühnde.
Il n’est pas étonnant qu’avec 2 hectares de cultures par villageois et en ajoutant des éoliennes qui fonctionnent quand le vent le veut bien (à une puissance qui varie de seconde en seconde !) et des panneaux photovoltaïques qui dépendent du soleil, la production de chaleur et d’électricité soit assurée par le digesteur...
Si l’on voulait imposer cette solution à toute l’Allemagne, sa population devrait se réduire – comme au Moyen Âge – à 5 millions d’êtres humains et non 82 millions comme actuellement ! Il est vrai que nos ancêtres de cette époque n’avaient pas besoin de courant électrique pour la télé, Internet... qu’ils chauffaient peu leurs maisons. Et comme la population de ce village consomme quantité d’autres produits et de services venus de l’extérieur du village, son impact territorial est encore bien plus grand qu’on ne le précise dans l’article.
Imaginons que les habitants de Jühnde importent des véhicules brésiliens bicarburants et produisent l’éthanol qu’ils consomment. La surface agricole du village devrait encore doubler. Il faut savoir que les végétaux récoltent au mieux un millième de l’énergie solaire...
Vue d’un peu plus haut que la hauteur du digesteur de Jühnde, on mesure le côté tout relatif et plutôt impossible de l’idée de reproduire à grande échelle « l’autarcie énergétique » de ce village. Il ne semble pas vraiment raisonnable de réduire la densité de population de plus de dix fois pour pouvoir acquérir son léger degré d’autonomie énergétique.
(1) Le Sillon belge 11/11/16, pp. 8-9 : Un village ose et réussit le pari de l’indépendance énergétique, J.F.
(2) Un digesteur fonctionne correctement à 24 °C. L’eau de la nappe phréatique qui alimente le digesteur est à 10 °C. Il y a des milliers de tonnes d’eau à réchauffer... C’est donc plutôt dans les pays tropicaux que les digesteurs sont à leur place.
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