Michel Gay
2013
Commentaire: Remarquable reconstitution historique du comment "Alors que la France avait mené depuis le Général de Gaulle une politique indépendante, responsable, cohérente" en matière de politique énergétique, elle se retrouve en 2016 à envisager un manque d'approvisionnement qui pourrait entraîner en cas d'hiver rude, la perte du confort électrique dont nous jouissons depuis plus de 60 ans? Invraisemblable!
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Depuis 10 ans,
la politique énergétique de l'Europe est un désastre qui continue à
s'amplifier. La première directive européenne de 2003 concernant les
énergies renouvelables, dites "vertes (2)" a été à l’origine de toutes
les dérives.
Alors que la
France avait mené depuis le Général de Gaulle une politique
indépendante, responsable, cohérente, la Commission Européenne a décidé
en 2001 d’imposer à chaque pays des directives motivées par des a
priori idéologiques et ne tenant pas compte des spécificités de chaque
pays.
Cette première
directive de 2003, fixant un objectif de 21% de la consommation
intérieure brute à partir des sources d'énergies renouvelables en 2010, a
été une imposture. Sous la pression de l’Allemagne, de lobbies
écologistes anti-nucléaires, très influents à Bruxelles, et de la
passivité inadmissible des négociateurs français, le nucléaire a été
volontairement éliminé des énergies non émettrices de gaz à effet de
serre (GES), alors que l’objectif de la directive était principalement
la lutte contre le réchauffement climatique.
L’Europe a
gravement failli en excluant le nucléaire des énergies non émettrices de
GES et elle est responsable de dizaines de milliards d’euros engloutis
en pure perte.
La directive
dite des 3 x 20, qui lui a succédé en 2008, a été appliquée dans notre
pays par la loi de programmation du 3 août 2009 issue du Grenelle de
l’environnement. Cette loi prévoit en particulier que la part des
énergies renouvelables sera portée à 23% en 2020 dans la consommation
d'énergie finale (3). Elle a été votée à la quasi unanimité des députés.
Les conséquences économiques, environnementales et sociétales pour notre pays sont désastreuses.
Des dizaines de
milliards d’euros ont été engloutis en pure perte dans les éoliennes et
les panneaux photovoltaïques. L’investissement devra être renouvelé
trois fois par rapport au nucléaire compte tenu de la durée de vie de
ces installations qui est au maximum de 20 ans. Ceci entraîne une
augmentation du coût de l’électricité à la charge des consommateurs, et
notamment des plus pauvres. Et pendant 20 ans, EDF a une obligation
d'achat de l’électricité à des prix exorbitants. Cela entraîne aussi un
accroissement des émissions de CO2 dues à l’intermittence qu'il faut
compenser par des centrales à gaz ou à charbon comme en Allemagne en ce
moment.
De plus, la
fabrication des modules solaires se fait en Chine et nous achetons nos
éoliennes au Danemark, à l'Allemagne et à l'Espagne.
L’objectif de 5
GWc d'énergie solaire prévu en 2020 par le Grenelle de l’environnement
sera atteint fin 2013, soit 6 ans plus tôt. Il aura coûté en
investissement plus de 30 milliards d’euros qu’il faudra renouveler
trois fois sur 60 ans alors que l’énergie produite, à peine 1% de la
production totale, pouvait être produite par un réacteur nucléaire de
600 MW ( le tiers de la production de Fessenheim qui comprend deux
réacteurs de 900 MW) pour un investissement de moins de deux milliards,
soit 7 fois moins. Les consommateurs et les contribuables paieront plus
de 1,5 milliards par an et ceci pendant 20 ans, soit une augmentation de
la facture annuelle d’électricité d’une cinquantaine d’euros !
La directive
européenne des 3 x 20 concernant l’efficacité énergétique faisant
référence à l’énergie primaire conduit à pénaliser le recours à
l’électricité pour le chauffage au profit du gaz, ce qui est une
aberration.
Un des objectifs
de la directive européenne concernant la libéralisation des marchés de
l’électricité est de déstabiliser le leader européen et même mondial de
l'électricité, EDF.
Toute politique énergétique responsable, doit être basée sur les deux objectifs prioritaires suivants :
1) L’indépendance énergétique, c'est-à-dire la diminution du recours aux énergies fossiles importées,
2) Le coût le plus bas possible de l’énergie.
Le commissaire européen (M. Oettinger) semble enfin découvrir ces objectifs avec 10 ans de retard.
L’Europe doit
elle intervenir ? La question est posée du rôle de l’Europe dans la
politique énergétique. Il n'est pas indispensable d’avoir recours aux
technocrates de Bruxelles pour prendre des décisions de bon sens.
Plus de 90 % de
notre électricité est produite sans émissions de CO2 grâce au nucléaire
et aux barrages. La réduction des gaz à effet de serre n’est donc pas un
objectif prioritaire dans la politique énergétique de la France qui est
un des pays les plus vertueux au monde dans ce domaine. Il faut
rappeler que notre pays représente 65 millions d’habitants de la planète
sur plus de 7 milliards d’habitants dont la plupart se désintéressent
totalement du réchauffement climatique.
Il en découle les principales propositions suivantes :
1) Garantir une
part d’au moins 75% de nucléaire pour continuer à bénéficier d'une
production massive d'électricité à bon marché.
2) Prolonger la durée de vie du parc actuel jusqu’à 60 ans si possible.
3) Préparer le
recours dès 2050 aux réacteurs de la génération 4 en lançant le plus
rapidement possible la construction du réacteur ASTRID (600 MWe) prévue
à Marcoule et intensifier aussi la recherche sur le cycle Thorium -
Uranium 233.
4) Accroître le
recours à l’électricité en remplacement des matières fossiles (dans
l’industrie, le chauffage, les transports par le développement des
voitures électriques, les liaisons fer- route,... ).
5) Stopper de
toute urgence les aides accordées aux énergies éoliennes et surtout au
panneaux photovoltaïques dont les coûts pour la nation se chiffrent à
plusieurs milliards d’euros dépensés en pure perte. Ces subventions
inutiles ont atteint 3,6 Mds€ en 2011, 4,3 Mds€ en 2012 et la Commission
de régulation de l'énergie (page 10 Annexe 5, T1 rapport 667 du Sénat
juillet 2012) prévoit 5,1 Md€ en 2013.
6) Supprimer les
obligations de rachat par EDF de l’électricité provenant de ces
énergies à des prix scandaleusement élevés et dont le coût se répercute
pendant 20 ans au niveau du consommateur et notamment des plus pauvres.
Cette taxe qui va perdurer doit apparaître comme un impôt.
7) Modifier la norme aberrante RT 2012 (4) qui pénalise le recours à l’électricité pour le chauffage au profit du gaz.
8) Mener une
action incitative contre tous les gaspillages (y compris financiers
dans certaines énergies renouvelables) par une politique de formation à
l’école et d’information par les moyens audio visuels.
9) Poursuivre
les actions décidées par la loi du 9 août 2009 concernant les
rénovations thermiques des bâtiments et le transport.
10) Développer
l‘utilisation de la biomasse pour la production électrique, le chauffage
collectif, développer la filière du biogaz.
11) Supprimer ou
modifier le principe de précaution, véritable frein à l’innovation et
au progrès, que seuls l’Allemagne, la France et le Brésil ont inscrit
dans leur constitution.
Dans le contexte
actuel de mondialisation et de libéralisation de l’énergie imposé par
l’Union européenne, il appartient à l’État, comme cela a été le cas
pendant 60 ans, d’avoir la maîtrise de la politique énergétique du pays.
La politique
européenne menée depuis plus de 10 ans, politique mise en œuvre dans
notre pays en 2012 avec le Grenelle de l’environnement, est une faute
grave qui ne peut conduire qu'à un désastre encore plus grand pour la
compétitivité de notre industrie, déjà si mal en point, et pour le
niveau de vie des français. Il faut être conscient que les dégâts
"acquis" par contrat devront être supportés par tous les français
pendant prés de 20 ans.
Comme l’a
écrit(5) le 2 février 2012 le Président Giscard d'Estaing : "L'abandon
de l'indépendance énergétique de la France serait plus qu'une faute, ce
serait un crime".
Michel Gay*
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(*) Michel GAY est citoyen engagé - ancien officier de l'armée de l'air.
(1) Ce "billet"
est inspiré d'une lettre de Claude Ringot (ancien expert à la Direction
de l’énergie de la Commission européenne) au Figaro suite à un article
du 10 décembre 2013.
(2)
L’utilisation du terme énergies "vertes" pour les énergies
renouvelables a été inventé par de soi- disant écologistes pour tromper
le peuple afin de faire croire que seules les énergies renouvelables
n'émettent pas de polluants et de gaz à effets de serre. Le nucléaire
est donc une énergie "verte". D’après le dictionnaire "vert" est une
couleur. Il est regrettable que la plupart des gens trompés assimilent
maintenant le terme "vert" aux énergies renouvelables.
(3) Et non
pas uniquement dans l'électricité ce que semblent oublier le Syndicat
des énergies renouvelables (SER) et les "Verts".
(4) RT 2012 : Règlement thermique 2012 qui définit les normes d'isolation et de chauffage dans les constructions.
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