L’histoire monétaire passionnante des États-Unis

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Charles Sannat
9 juin 2017

 




Nous connaissons tous aujourd’hui le dollar, ou billet vert, la monnaie des États-Unis ainsi que la devise de réserve mondiale. Mais au cours de son histoire, de nombreuses formes de monnaies ont eu cours aux États-Unis. Cette infographie passionnante résume l’histoire monétaire des USA (source).

Le futur monétaire des États-Unis n’est pas écrit, mais il est fortement probable que la future évolution soit numérique, et le dollar devrait maintenant rapidement prendre le chemin de la virtualisation avec la technologie des blockchains.
Le e-dollar, ou le dollcoin, peu importe le nom, la monnaie américaine devrait prochainement quitter progressivement sa matérialité.

Durant l’époque coloniale, soit de l’Amérique britannique, c’est la livre qui avait cours légal. Elle était divisée en shillings et en pence. Certaines colonies ont tenté d’émettre leur propre devise papier, habituellement pour rembourser une dette ou pour financer une guerre. Dans son plus célèbre ouvrage (La richesse des nations), Adam Smith a critiqué ces initiatives. Il est écrit que la nature inflationniste des lettres de crédit colonial est une « injustice violente » envers le créditeur, et que ce système est « un montage de débiteurs frauduleux visant à gruger leurs créditeurs ».

Mais dans les colonies, l’argent était parfois tellement rare que certaines marchandises comme le tabac, les peaux de castor ou de sewans ont pu servir ici et là de monnaie d’échange. En raison du peu de pièces en circulation, des pièces étrangères comme le dollar espagnol étaient largement utilisées dans les colonies.

La prévalence du dollar espagnol a d’ailleurs mené à l’abandon du terme « livre » pour le terme « dollar ». Durant la révolution américaine de 1775, le congrès continental a émis une devise papier, connu sous le nom du Continental, dans le but de soutenir l’effort de guerre. Le gouvernement a abusé de l’émission du Continental afin de financer son armée, si bien que sa valeur chuta précipitamment. Après cinq années d’inflation galopante, un Continental ne valait plus que 2,5 % de sa valeur initiale. C’est d’ailleurs de cet épisode que nous vient l’expression « Not worth a Continental », « cela ne vaut pas un Continental » (un sou, en français).

Benjamin Franklin a d’ailleurs reconnu que la dévaluation du Continental fut dans les faits une taxe visant à financer la guerre.

L’échec du Continental a dû marquer les esprits, car lorsque la constitution américaine fut rédigée, une clause fut prévue afin d’éviter la répétition de ce fiasco. En vertu de l’article I section 10 de la Constitution, il fut interdit aux États de « battre monnaie, d’émettre des lettres de crédit ou de faire tout autre chose que d’utiliser les pièces d’or et d’argent en tant que moyen de paiement des dettes ».

La naissance du dollar américain
Le Coinage Act (loi sur la monnaie) de 1792 créait le dollar américain en tant qu’unité de devise standard établie par la monnaie américaine, et des pièces régulées. La loi arrima la valeur du dollar américain au largement répandu dollar espagnol, en argent métal. La peine de mort fut prévue en cas de dévalorisation des pièces d’or et d’argent rendues légales par la loi.

Jusqu’à 1857, les pièces étrangères de Grande-Bretagne, du Portugal, de France et d’Espagne furent toujours utilisées en tant que moyen de paiement.

Des années 1830 aux années 1860, durant une période durant laquelle le secteur bancaire fut très peu régulé, des milliers de banques locales émirent leur propre devise. Elles étaient bien belles, mais sans valeur. Avant la guerre de Sécession, il y avait plus de 10 000 devises papier en circulation aux États-Unis.

La guerre civile
La guerre coûte beaucoup d’argent. À l’époque, il était utopique pour le gouvernement de mettre la main sur le fatras de devises papier en circulation à l’époque pour payer son effort de guerre. Le billet de 10 $ fut le premier exemple d’argent papier à être introduit aux États-Unis. Ce fut en 1861, afin de financer la guerre de Sécession. Alors que la pénurie de pièces se faisait ressentir, le gouvernement se mit à émettre des billets fractionnaires (50 cents, 10 cents, etc.). Le Nord se mit également à payer ses factures avec une nouvelle devise papier, connu sous le nom du « greenback ». Sa valeur ne reposait sur rien, si ce n’est sur le fait que le gouvernement avait décrété qu’il en avait. La confédération a également émis sa propre monnaie papier durant la guerre civile, pour environ 1 milliard de dollars, soit le double de la monnaie en circulation aux États-Unis. Cette devise confédérée ne pouvait être échangée contre de la véritable monnaie qu’après la ratification d’un traité de paix. Si bien que lorsque la défaite du Sud fut actée en 1865, elle avait perdu toute sa valeur.

Régler le problème de la contrefaçon
À l’époque, la contrefaçon de la monnaie était un énorme problème, notamment en raison de la multiplication des devis en circulation. Plus d’un tiers des billets étaient des faux ! Au début du XIXe siècle, les faux-monnayeurs opéraient souvent du nord de la frontière du Canada, d’où les criminels pouvaient agir en toute impunité.

Les billets contrefaits, très sophistiqués, étaient fabriqués par des artisans chevronnés. En fait, certains employés pouvaient parfois faire des « heures supplémentaires » pour émettre des billets plus vrais que vrais. Lorsque les services secrets américains furent créés en 1865, ce fut principalement pour s’attaquer au problème des faux-monnayeurs. Aujourd’hui, les mesures pour les contrer sont beaucoup plus efficaces : on estime que moins de 0,01 % des billets sont actuellement des faux.

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