Par Michel Giraud
Pour Bourgogne Magazine #54
Le Tour à Nuits-Saint-Georges, c’est avant tout le bébé de son maire, Alain Cartron. Le premier magistrat de la commune a donc sonné le rappel tous azimuts afin que sa ville bénéficie d’un des plus grands événements sportifs et médiatiques de la planète. Attention mastodonte en vue !
Nuits sera en ébullition le 7 juillet ©J.L Bernuy
Le large sourire qui barrait le visage d’Alain Cartron au moment de présenter l’événement aux partenaires, aux institutionnels, aux journalistes, en disait long sur sa fierté. L’obtention d’une arrivée du Paris-Nice 2011 en guise d' hors-d’œuvre n‘avait fait qu’accroître la ferme volonté du maire de Nuits-Saint-Georges d’accueillir un jour le Tour de France sur sa commune : « Communiquer ne fait jamais de mal. Notre terroir qui produit le précieux nectar, tout le monde le connaît. Sur la lune, nous avons un petit bout d’étiquette, en même temps qu’un cratère, depuis la mission Apollo XV [lire p. 33]. Sous la mer, nous sommes ville marraine du sous-marin nucléaire Le Rubis. Le nom de Nuits-Saint-Georges résonne dans le monde entier, mais nous avions, à mon sens besoin d’un rajeunissement de notre publicité, une sorte de piqûre de rappel actuelle. Dans ce contexte, le Tour de France, c’est une aubaine incroyable. Une heure et demie de direct au-dessus des Climats de Bourgogne, vous imaginez ? Deux ans après le classement Unesco, on trouvait que ça valait le coup de se lancer, quel qu’en soit le prix. »
Ticket d’entrée à 130 000 euros
Justement, la Ville de Nuits-Saint-Georges a dû s’acquitter auprès d’ASO (Amaury Sport Organisation), l’organisateur de la Grande Boucle, d’un ticket d’entrée à 130 000 euros, le forfait pour une arrivée. À quoi il faut ajouter des dépenses obligatoires, pour financer les équipes médicales et les travaux de voirie entre autres. Coût total de l’opération : 186 000 euros. « Une fois déduites toutes les subventions, de la Région, du Département, il doit rester 110 000 euros à la charge de la commune, dont une partie sert au financement de travaux pour l’avenir, je pense là aux rues aménagées, consolidées », précise le maire.
Le Département de la Côte-d’Or a aussi mis la main à la poche, apportant l’équivalent de 400 000 euros de l’aveu du président François Sauvadet, « pour rénover les routes qui seront empruntées par les cyclistes. Là aussi, c’est de l’investissement intelligent. Notre département est clairement engagé dans une opération de communication touristique autour du vélo. 2016 a été une année forte en la matière. Nous avons été désignés “Destination Vélo 2016” par la Fédération française de cyclotourisme. Nous avons aujourd’hui 320 km de véloroutes aménagés aux quatre coins du département. Nous allons poursuivre nos investissements justement pour terminer le maillage de tout le territoire. En 2018, Semur-en-Auxois prendra le relais avec l’organisation des Championnats de France de cyclisme. Bref, jouons la carte à fond. ».
Toujours prompt à défendre les vins de « sa » Côte comme sa ville, Alain Cartron a beaucoup travaillé à l’arrivée du Tour.
Mobilisation générale
Le 7 juillet, entre Troyes et Nuits-Saint-Georges, les coureurs parcourront 164 kilomètres en Côte-d’Or (sur les 213 de l’étape), et tous les partenaires de l’opération lorgnent sur des « retombées colossales », difficilement palpables certes, mais sans doute perceptibles à l’évocation de certains chiffres : 30 à 35 000 spectateurs attendus rien que sur l’arrivée à Nuits-Saint-Georges, et 3,5 millions de téléspectateurs promis devant leurs lucarnes. Au moment où la route des Grands Crus fête ses 80 ans, l’aubaine est d’autant plus belle : « C’est en une journée l’équivalent de nos visiteurs sur un an à Nuits, sourit Alain Cartron. Ce n’est pas pour rien s’il y a chaque année 350 candidats pour seulement une trentaine d’élus. À titre d’exemple une Saint-Vincent tournante, c’est 40 000 visiteurs sur deux jours. »
C’est d’ailleurs une organisation « saint-vincentesque » que le Général Carton a tissé autour de lui, avec la participation active des Nuitons qui ont mis la main à la pâte. Ici des dons de vélo pour décorer la ville, là des fleurs en papiers par centaines… Des entreprises ont donné l’une de la peinture, l’autre des chutes de contreplaqué. Les clubs sportifs nuitons seront aussi impliqués, tout comme les producteurs qui installeront un village de produits bourguignons en centre-ville. Sans parler des commerces et restaurants, trop heureux d’ouvrir grands leurs portes et leurs bras à ce public d’un jour : « L’engagement est la hauteur de l’événement, se réjouit l’édile. Certes, ce sera contraignant. Le centre-ville sera fermé, et certaines entreprises ont prévu de fermer ce jour-là, car elles ne pourront pas travailler. Cependant, beaucoup ont joué le jeu, ont fait de la communication autour du passage du Tour à Nuits, ont invité des clients. Au-delà de notre image de marque, cette manifestation d’ampleur internationale va se traduire sur le terrain par une activité économique exponentielle pour la restauration, l’hôtellerie, les chambres d’hôte. Alors, j’ai envie de dire aux Nuitons : souriez et donnez aux gens l’envie de revenir chez nous ! »
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