http://adrastia.orgVincent Mignerot
Juillet 2017
Réformer l’écologie pour nous adapter à la réalité 1 Crédit : Collectif Alaplage Le corpus de textes “Transition 2017” est composé de 4 articles :
1/4 : La réalité n’existe pas
2/4 : Écologie et post-vérité, mise en ligne le 31 juillet 2017
3/4 : Mythologie écologique, mise en ligne le 4 septembre 2017
4/4 : Éléments pour un programme et une éthique de transition, mise en ligne le 18 septembre 2017
L’ensemble de ces articles, publiés entre juillet et septembre 2017 sur le site de l’association Adrastia fait l’objet d’un livre,
disponible dès à présent en suivant ce lien.
Je tiens à remercier Sylviane Platano, Grégoire Chambaz (également cité pour
son article sur le risque d’effondrement) et Loïc Steffan pour leurs relectures et corrections de ces textes. Merci également à Alexandre Ganea de m’avoir informé de l’existence du projet de la société Terrestrial Energy (voir partie 3 sur l’hypothèse du renforcement synergique des énergies).
La réalité n’existe pas Alors que nous prenons progressivement conscience de l’impact de l’activité humaine sur l’environnement, nous peinons à estimer son ampleur et les actions que nous entreprenons semblent sous-dimensionnées comparativement aux enjeux. Nous tenterons d’estimer dans ce texte à quel point notre perception de l’état de la planète est en décalage avec la réalité et en quoi nos propres capacités ainsi que les contraintes physiques du monde contraignent tant notre prise de conscience que l’efficacité de nos actions. Nous envisagerons également que le déploiement des énergies renouvelables génère paradoxalement plus d’émissions de Gaz à Effet de Serre que la seule exploitation des hydrocarbures.
Plan Avant-propos général
1 Trop tard
2 Trop complexe
3 Trop injuste
4 Pour toujours
Avant-propos général Si l’humanité vit en ce début de 21ème siècle des temps encore privilégiés, le contexte de crise continue, qui ne semble trouver aucune issue, ouvre sur des perspectives moins engageantes.
Selon les estimations les plus prudentes,[
1] pour certaines déjà dépassées par les observations et mesures sur la réalité, un effondrement économique global est attendu avant 2050, essentiellement pour cause de déplétion énergétique (réduction des approvisionnements en pétrole, charbon, gaz), laissant à terme la civilisation thermo-industrielle exsangue.[
2] À ce jour, aucun autre modèle de civilisation ne semble pouvoir garantir une qualité d’alimentation, un niveau de santé et de confort général aussi élevé que celui atteint aujourd’hui pour la majorité des 7,5 milliards d’humains.
En parallèle, en complément et aggravation du seul écueil économique, la destruction de l’équilibre écologique vital (destruction directe des écosystèmes, climat, pollution) met déjà en péril une grande partie de la vie[
3] et peut-être l’humanité à terme. L’’état général de l’environnement pourra dans un futur proche empêcher l’établissement de nouveaux modèles de société, aussi solidaires et sobres soient-ils. Même en cas d’improbable découverte d’une ressource énergétique providentielle, il sera au cours des décennies à venir impossible de maintenir le niveau de développement général que l’humanité aura connu à son apogée démographique. Il n’est assurément pas d’initiative plus louable que de travailler à déployer les meilleurs modèles agricoles et partager les productions sous le modèle des communs par exemple. Mais ceci n’empêchera pas les inondations et les sécheresses, toutes deux plus fréquentes et plus sévères, d’impacter les rendements. La solidarité d’après-demain comptera parmi les plus grands défis, alors que le manque de pétrole remettra progressivement en cause la possibilité de distribuer uniformément les productions.