Par Tristan Hurel, SFEN
Alors que le temps presse, pour la première fois une étude dresse le bilan des politiques climatiques pays par pays en Europe. Baptisée European Climate Leadership Report 2017 : Measuring the Metrics that Matter, l’étude analyse les stratégies de chaque pays européen pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Bilan : une transition énergétique efficace est possible, il faut simplement tourner son regard au bon endroit.
Le changement climatique n’est pas un concept abstrait, un horizon lointain. Ses conséquences, déjà perceptibles, vont s’accroître, commence Energy for Humanity dans son rapport : crises de l’eau, crises alimentaires, événements climatiques extrêmes, effondrement de la biodiversité, etc. Autant de conséquences dramatiques et prévisibles appellent à prendre des actions concrètes et rapides. Le GIEC estime à cet effet que les pays dans leur ensemble doivent réduire de moitié le niveau d’émission actuel pour parvenir à contenir le changement climatique.
Partant de ce constat, l’ONG a analysé les trajectoires empruntées par les différentes pays européens (UE-28 + AELE) et la Turquie afin de mettre en lumière les avancées réalisées, pays par pays, et les méthodes utilisées par chacun d’eux, et donc les politiques les plus efficaces.
L'Energiewende : un cas d'école à ne pas reproduire
L’étude analyse longuement la transition énergétique allemande. Au regard de la méthode et de ses conséquences, il apparait désormais qu’il s’agissait moins pour le pays, dont les centrales au charbon tournent à plein régime, de réduire ses émissions de gaz à effet de serre que de sortir du nucléaire. De fait, entre 2010 et 2015, la France a davantage réduit ses émissions nettes de gaz à effet de serre que l’Allemagne : 10 % de réduction contre 4 % pour l’Allemagne. Autre chiffre marquant : tandis que l’énergie est indispensable à l’économie, pour une même quantité de richesse produite, la France émet 30 % de CO2 de moins que l’Allemagne.
Ainsi, malgré 500 milliards d’euros déjà investis, l’Allemagne demeure le plus grand émetteur en Europe (UE-28 + AELE + Turquie) et un mauvais élève puisqu’elle ne décarbonise pas aussi vite que les autres grands émetteurs (14e sur 23 pays analysés). Au final, la part des énergies renouvelables reste inférieure à 30 % dans la production électrique allemande, et inférieure à 15 % dans l’énergie primaire du pays. Les émissions sur la période n’ont pourtant pas changé, les énergies renouvelables s’étant substituées au nucléaire, une autre source de production bas carbone.
Regarder au bon endroit
"Notre analyse montre que l'excellence climatique provient de pays comme le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse et la France, où la politique énergétique a rendu possible la transition vers une économies bas-carbone. A contrario, la promotion de la croissance verte où les renouvelables constitue l'énergie du futur se traduit par une dépendance sur le long terme aux énergies fossiles.” Wolfgang Denk, co-auteur de l'étude.
Le Royaume-Uni une transition énergétique pragmatique qui fonctionne
Loin devant l’Allemagne dans l’action climatique, le Royaume-Uni occupe la première place du podium de l’étude. Pragmatique, le pays a accompli une réelle politique en faveur du climat, pourtant bien moins médiatisée que l’essai allemand, malgré des résultats sans appel : en cinq ans, le Royaume-Uni a réduit ses émissions de 20 %. Pour y parvenir, il est passé du charbon au gaz, a investi dans l’éolien et dans un renouvellement de son parc nucléaire.
Energy for Humanity montre que les leaders climatiques sont des pays qui combinent trois caractéristiques : une électricité bas carbone, une réduction rapide de leurs émissions, le tout avec un niveau de vie et un PIB demeuré élevé. Ces bons élèves, qui fonctionnent avec une combinaison de nucléaire et de renouvelables (dont une grande partie d’hydroélectricité), comprennent la Norvège (hydro-électricité), la France, la Suisse et la Suède (nucléaire et hydroélectricité). L’énergie nucléaire apparaît ainsi comme un moyen efficace pour décarboner rapidement une économie en croissance. Les exemples de la Suède (1976-1986) et de la France (1979-1989) étant les plus parlants.
En définitive, le rapport met en lumière qu’un pourcentage élevé de capacités renouvelables ne garantit pas une baisse des émissions de CO2. Un avertissement éclairant pour trouver le chemin le plus efficace et le moins couteux pour décarboner aussi vite que possible les pays européens
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