27/11/2017
Commentaire : (...) " Pourtant, malgré ces vents soutenus en moyenne sur le mois, le graphique de la production éolienne au pas de temps semi-horaire indique la versatilité de cette dernière, et l’impossibilité de compter dessus pour constituer le socle d’un système électrique de la taille de celui nécessaire à la France" [...] Ce que prouve ce graphique, c’est que les taux minima de couverture ne dépendent absolument pas du nombre d’éoliennes implantées sur le territoire. Qu’il y ait 10 000 MW ou 5 000 MW d’installés, ce parc peut ne produire qu’une quantité dérisoire d’électricité, de l’ordre de 0,5% de la consommation. Autrement dit, pour des périodes plus ou moins longues, dont la prévisibilité est égale à la prévision météorologique, soit une dizaine de jours à l’avance maximum, la production éolienne sera toujours proche de zéro."
Tout est dit!
SAUVONS L'HUMAIN et LE CLIMAT, STOPPONS et DEMANTELONS MAINTENANT ET À JAMAIS, ICI et AILLEURS, L'EOLIEN!
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Le jus d’octobre n’est pas toujours celui de la vigne. Parlons de celui des centrales électriques et des machines qui l’utilisent. A partir du bilan mensuel que vient de publier RTE (Réseau et transport d’électricité, la filiale d’EDF en charge du réseau haute tension). Il comporte en effet quelques leçons utiles alors que le gouvernement vient de repousser après 2025 la date d’une diminution à 50% de la part du nucléaire dans la production nationale.
1- Une consommation qui signe la reprise
La hausse des consommations des sites industriels signe la reprise économique et montre ce que signifierait une réelle réindustrialisation du pays.
Les températures d’octobre, 1,2°C dessus des moyennes climatiques, ont retardé la mise en route des chauffages. Du coup, comme octobre 2016 fut plutôt frisquet, la consommation chute de 5,2% sur un an (attention, le graphique présente les données corrigées de l’aléa climatique). Mais si l’on se penche sur le détail, on observe une poursuite de la hausse des consommations de la grande industrie. Un signe clair de la reprise économique notée par les indices de l’ INSEE. Et un avertissement : toute politique de ré-industrialisation du pays – nécessaire pour l’emploi, la balance commerciale et une plus forte contribution à la lutte contre le changement climatique grâce à une électricité décarbonée à plus de 90% – doit s’accompagner d’une politique d’approvisionnement en jus suffisante.
2- Une puissance installée où le nucléaire régresse
L’un des arguments pour diminuer la production d’origine nucléaire serait d’éviter de « mettre tous ses œufs dans le même panier ». L’argument n’a rien d’idiot, mais rien d’évident non plus. Si vous êtes Québécois ou Norvégien, c’est très intelligent et raisonnable de mettre tous vos œufs dans le panier hydraulique : abondant, pas cher, sûr, propre. Pour la France, le panier doit nécessairement être divers, le tout est de le bien composer au regard d’objectifs de sécurité d’approvisionnement, de coûts et d’actions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Or, il est divers, comme le montre le graphique de la puissance installée, où le nucléaire est minoritaire :
Le nucléaire représente 63 GW sur les 132 GW de puissance installée en France métropolitaine.
Toutefois, le « facteur de charge » de ces différents moyens de production n’est pas équivalent. Certains sont utilisés au maximum de leurs capacités, via l’obligation d’achat des productions éoliennes et solaires ou pour l’hydraulique « au fil de l’eau ». En revanche, le nucléaire, les centrales thermiques ou l’hydraulique de lac, sont pilotés en fonction des besoins et des coûts respectifs de ces moyens de production.
3- Une production massivement décarbonée
Du coup le camembert de la production diffère sensiblement de celui du parc installé :
Une production plutôt forte pour l’éolien en octobre, mais un recours aux énergies fossiles accru par les arrêts de centrales nucléaires.
Des détails de la production sont intéressants à souligner, alors que le débat public sur le système électrique français a été relancé par la décision du gouvernement de retarder la diminution de la part du nucléaire à 50% après 2025. Comme le fait que ce système permet une électricité décarbonée à 87%. Un objectif climatique mondial pour… les années 2050. Parmi ces détails, ceux de la production éolienne sont particulièrement aigus pour la réflexion. Ainsi, le mois d’octobre a été marqué par des vents assez soutenus, permettant une augmentation de 46,7% de la production éolienne relativement à octobre 2016. Un phénomène qui s’est également déroulé en Allemagne.
Pourtant, malgré ces vents soutenus en moyenne sur le mois, le graphique de la production éolienne au pas de temps semi-horaire indique la versatilité de cette dernière, et l’impossibilité de compter dessus pour constituer le socle d’un système électrique de la taille de celui nécessaire à la France :
L’écart entre les périodes de forte et de faible production éolienne suppose des moyens de production en back up importants, dès lors que les vents s’affaissent.
Informer correctement les citoyens de la production éolienne ne peut donc se faire en saluant les pics de production et en faisant silence sur les creux, ou l’inverse, mais en soulignant cette versatilité et ses conséquences sur l’approvisionnement et les coûts de production.
Un autre graphique permet de quantifier le problème, celui du taux de couverture de la consommation par la production éolienne :
La production éolienne peut couvrir jusqu’à 22,3% de la consommation, mais également n’en couvrir que 0,1%.
Ce que prouve ce graphique, c’est que les taux minima de couverture ne dépendent absolument pas du nombre d’éoliennes implantées sur le territoire. Qu’il y ait 10 000 MW ou 5000 MW d’installés, ce parc peut ne produire qu’une quantité dérisoire d’électricité, de l’ordre de 0,5% de la consommation. Autrement dit, pour des périodes plus ou moins longues, dont la prévisibilité est égale à la prévision météorologique, soit une dizaine de jours à l’avance maximum, la production éolienne sera toujours proche de zéro.
4- Les conséquences de l’intermittence
Un graphique annuel pour l’année 2016 montre bien que cette caractéristique physique n’a rien de particulier au mois d’octobre :
Comme la production photovoltaïque est marquée de la même caractéristique, tout système comportant une forte part de ces deux énergies intermittentes doit se doter de capacités de production en back-up, pilotables, et dont les coûts et rentabilités seront déterminées non seulement par les prix des sources d’énergie (combustibles par exemple) mais aussi par la durée durant laquelle elles seront utilisées. Un mauvais choix serait de se retrouver à devoir subventionner l’éolien, le photovoltaïque… et le gaz si les centrales à gaz utilisées dans ces conditions deviennent non rentables.
L’autre solution technique serait évidemment de disposer d’un parc de production intermittent très surdimensionné et de stocker l’électricité ainsi produite. On ne sait pas encore le faire pour les quantités nécessaires, mais peut-être cela sera t-il le cas dans un futur plus ou moins lointain (voir cette annonce du CNRS sur des batteries sodium-ion, ce qui élimine le problème du lithium). Restera alors la question du coût.
4 Un marché toujours fou
Les échanges permis par les connexions électriques entre pays permettent aux électriciens d’optimiser les parcs de production en jouant sur les pics horaires ou la disponibilité des centrales ou les conditions météorologiques. Voire les capacités de stockage dans les lacs de montagne, comme en Suisse.
Toutefois, ces échanges sont également marqués par un marché « spot » dont les prix sont fortement distordus par les subventions massives à l’éolien et au photovoltaïque. Ainsi, en octobre, l’Allemagne qui dispose désormais d’un parc de production fortement sur-dimensionné – en raison des capacités pilotables, gaz et charbon, conservées pour pallier l’absence de vents et de soleil – a affiché des prix… négatifs sur le marché spot durant 31 pas horaires le week-end des 28 et 29 octobre, avec un -52,1 € en moyenne le dimanche. Ce marché fait donc coïncider des « vrais prix », correspondant aux coûts de production, et des « faux prix ». Il a donc perdu (s’il l’a jamais eu) toute capacité d’orienter les investissements vers le système électrique optimal.
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