03/08/2018
CO2 allemand à critères constants
Les émissions du secteur électrique allemand baissent moins vite que la moyenne européenne.
La ligne horizontale rouge du bas du graphique ci dessous souligne même qu'elles sont strictement les mêmes en 2016 qu'en 2009.
La ligne oblique du haut témoigne pourtant, sur la même période, d'une tendance marquée à la baisse en Europe.
(Source Ministère de la Transition écologique et solidaire)
Pour aller plus loin dans l'analyse, peu d'histogrammes de ce genre permettent cependant de vérifier le mode de calcul et les paramètres pris en compte.
On ne peut ignorer que plusieurs d'entre eux tendent à mettre en valeur le rôle du développement des énergies renouvelables, ainsi que leur nom l'indique, tels que celui du Fraunhofer-Institute für Solare Energiesysteme ISE, ou celui de Agora Energiewende, excellents sites au demeurant dont il n'est d'ailleurs pas question de contester l'objectivité ni la rigueur du travail.
Il n'en reste pas moins vrai que l'interprétation de tels histogramme demande la transparence des données pour permettre d'en interpréter les causes.
Ces données peuvent en effet être brutes ou nettes, corrigées ou non de l'aléa climatique et/ou du soutirage du secteur de l'énergie et prendre en compte, ou non, certaines émissions jugées renouvelables.
Ces différences expliquent que les émissions, notamment françaises, ne sont pas les mêmes, pour une même année selon les sources retenues.
Enfin, si la modernisation des moyens de production permet la réduction des émissions, il faut être conscient qu'elle permet également de tirer des conclusions fausses d'une telle réduction.
Et laisser croire, notamment que d'autres paramètres que cette seule modernisation y seraient pour quelque chose.
Le présent article a donc retenu le jeu de données brutes de https://www.ag-energiebilanzen.de/ , en lui appliquant le "coefficient moyen par combustible permettant une estimation la plus pertinente possible" retenu par RTE pour ses données en temps réel, à savoir :
-0,96 t/MWh pour les groupes charbon,
-0,67 t/MWh pour les groupes fioul,
-0,46 t/MWh pour les groupes gaz,
-0,98 t/MWh pour les Bioénergies.
Nous y ajoutons, pour le lignite, la base de 1,1t/MWh* Ce n'est que pour ses bilans annuels que RTE affine ses résultats consolidés avec les coefficients propres à chaque technologie d'une même filière.
Le cas de la biomasse
La production d'électricité à partir le biomasse est particulièrement émettrice de CO2.
C'est elle qui a le coefficient le plus important pour RTE, au niveau de la planète, certains calculs sont supérieurs encore, qui tiennent compte de la déforestation des puits de carbone qu'ils entraînent, lorsqu'ils ne s'accompagnent pas de replantation.
Le système d'échange de quotas d'émissions (SEQE U.E), ne retient pas celles de la biomasse, ce qui menace d'ailleurs la crédibilité de son plan d'action pour le climat.
Mais ces émissions sont bien réelles et leurs particules fines et autres polluants atmosphériques sont particulièrement importants.
Pour comparaison, RTE ne compte pas les émissions provenant de l'autoconsommation des moyens de production, mais considère que 6,5 TWh des 8,5 TWh de "bioénergies" sont renouvelables et comptabilise 6,2 millions de tonnes de CO2 pour les bioénergies sur un total de 28,3 millions de tonnes de CO2 émises par le parc électrique en 2016.
Libre ensuite à chacun de retenir, ou non, les émissions de la biomasse, selon le type d'analyse recherchée.
Elles figurent en haut de l'histogramme.
Si l'approche, ainsi retenue ci dessous pour l'évolution des émissions du parc électrique allemand, ne tient donc compte ni des modernisations, notamment intervenues après la réunification des 2 Allemagnes, ni de la part de chaque technologie d'une même filière, elle a du moins l'avantage d'expliciter son calcul ) à partir de la transparence de ses données, et de rendre compte, de façon brute, de l'évolution de toutes les productions polluantes du parc électrique allemand.
Ses résultats bruts apparaissent donc ci dessous.
Ils doivent être mis en regard du fait que la consommation allemande est strictement identique en 2017 et en 2003.
Nous nous garderons de tout commentaire.
Source infographie J.P.Riou d'après données AG Energiebilanze à critères constants
(RTE en temps réel)
Le graphique étant suffisamment éloquent.
* La source de 1,1 t CO2/MWh peut, bien évidemment être contestée. Le lignite est toujours considéré d'avantage émetteur que le charbon, ce taux nous a semblé le plus conforme à celui retenu par RTE pour le charbon. En tout état de cause, aucun des taux généralement évoqués n'aurait eu de répercussion sensible sur l'histogramme)
** La dernière ligne du tableau Energiebilanze indique "autres sources d'énergie", sans autre précision, elles ne sont pas comptabilisées dans l'histogramme
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