Quand les concurrents d'EDF se ruent sur la production nucléaire...d'EDF

Frédéric de Monicault
Publié le 29/11/2018

En 2019, les rivaux d'EDF vont s'approvisionner massivement chez lui grâce à un mécanisme qui leur donne un accès prioritaire à une partie de sa production. Mais le plafond a été largement dépassé, ce qui n'est pas une bonne nouvelle.




C'est un mécanisme complexe mais très important dans le paysage français de l'énergie: institué en 2015 dans le cadre de la loi sur la nouvelle organisation du marché de l'électricité, le mécanisme de l'accès régulé à l'énergie nucléaire historique (Arenh) prévoit qu'EDF cède chaque année un certain volume de son électricité à un prix attractif. De manière à dynamiser la concurrence. En tout, ce volume atteint 100 térawattheures (TWh) par an, un seuil établi par la loi et qui correspond à environ un quart de la production d'EDF (toutes sources de production confondues). Depuis le début du fonctionnement de l' Arenh, ce plafond n'a jamais été atteint: à cela une bonne raison, les prix de marché qui ont été longtemps inférieurs au prix de l' Arenh (42 euros le mégawattheure) n'incitait pas les fournisseurs alternatifs à recourir à ce mécanisme. Ces derniers préféraient s'approvisionner sur le marché de gros.

L' Arenh est redevenu très compétitif: son prix est toujours de 42 euros le MWh, tandis que les prix de marché de l'électricité se sont envolés cet automne au-dessus de 60 euros.


Mais voilà que la situation va changer en 2019. La Commission de régulation de l'énergie (CRE), qui pilote le dispositif, a indiqué jeudi que pas moins de 132 TWh d' Arenh avaient été souscrits pour l'année prochaine. Bref, pour la première fois, le plafond est atteint et même largement dépassé. Il est vrai que l' Arenh est redevenu très compétitif: son prix est toujours de 42 euros le MWh, tandis que les prix de marché de l'électricité se sont envolés cet automne au-dessus de 60 euros. Dans sa communication de jeudi, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a précisé que 69 fournisseurs avaient souscrit de l' Arenh pour l'année prochaine.

Pour Henri Reboullet, le PDG de Vattenfall France, comme pour les autres alternatifs, ce dépassement du plafond n'est pas une bonne nouvelle. «Dans la mesure où les fournisseurs qui ont demandé de l' Arenh n'auront pas les volumes demandés à l'origine, ils devront s'approvisionner sur le marché pour sécuriser leurs approvisionnements auprès de leurs clients. Donc payer plus cher que s'ils avaient eu toute l' Arenh demandée. Cette hausse, ils la répercuteront auprès des clients finaux.» Pour Henry Reboullet, cette situation est d'autant plus dommageable qu'elle était largement prévisible. «Il faut maintenant veiller à ce qu'elle ne se reproduise pas l'année prochaine. Il va donc falloir augmenter le plafond de l' Arenh.» Pour cela, il faut une loi. Autant dire qu'on n'en a pas fini avec ce dossier.

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