Haute-Marne, Langres : tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la place Bel' air (sans jamais oser le demander) III

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(...)" La crise mondiale de 1873 entrava encore le relèvement de l'agriculture haut-marnaise dont les récoltes en blé, favorisées par de bonnes conditions atmosphériques sont redevenues excellentes (1.500.000 hectolitres en moyenne annuelle). Mais les blés étrangers arrivaient toujours en masse et, en 1884, de vives protestations s'élevèrent dans le monde paysan, à l'annonce d'un nouvel abaissement du prix du blé tombé à 19 Francs le quintal (ou 14 Francs 25 cents., l' hectolitre). À ce prix, le blé, source principale du revenu agricole, non seulement n'était plus rémunérateur, mais, déduction faite de tous les frais, ne produisait que de la perte, évaluée en 1884 à 30 Francs 30 cents. par hectare emblavé ou à 2 Francs 60 cents. par quintal récolté, ce qui représentait, au total, une perte de 3.000.000 Francs pour tout le département. [...] 

Cependant, l'éducation agricole, depuis si longtemps réclamée par les comices, vient de commencer en 1881 à l' École pratique d'agriculture de Saint-Bon et porte ses fruits ; En 1884 "l'élevage et l'engraissement du bétail, constatent les administrateurs, donnent lieu à une spéculation avantageuse". Mais les progrès sont lents, le cheptel a de la peine a réparer ses pertes, les bêtes à cornes sont peut-être de meilleure race et de meilleur chair, mais elles ne sont encore que 79.000. Quand au mouton, il semble impossible d' arrêter sa diminution (195.000 têtes pour 280.000 en 1809). seul l'élevage du cheval paraît donner des résultats appréciables puisque le nombre actuel de 40.000 têtes n'a jamais encore été atteint. [...]
À l'écart des crises, le vigneron haut-marnais peut paraître, momentanément, un privilégié : son vin se vend mieux que le blé. Sans doute, depuis 1847, les récoltes ne sont pas considérables, mais le chemin de fer facilite la vente, et le vigneron encouragé fait des plantations nouvelles : le vignoble atteint, en 1860, 16.000 hectares qui donnent, année moyenne, 600.000 hectolitres de vin d'une valeur de 15 millions de Francs.
Mais les maladies apparaissent, mildiou, pourridié, etc., qui, avec les gelées fréquentes compromettent la récolte ; L'hectare de vigne qui valait 1.800 Francs commence à baisser, parce que son produit n'est plus sûr. Mais la crise mortelle ne s'est pas encore produite.
Le phylloxéra. C'est en 1882 qu'elle débute : 5 hectares sont, en 1893, totalement détruits par le phylloxéra et, dans le canton de Varennes, le plus vignoble du département, la récolte moyenne, qui était de 56 hectolitres à l'hectare, tombe à 3 hectolitres 80. En 1896, la ruine touche 12 hectares totalement, et en atteint partiellement 50. Alors commence l' arrachage, le vignoble tombe à 11.000 hectares et sa valeur baisse : ce qui valait encore 1.000 Francs, en 1889, n'en vaut plus que 300. Sans doute, les vignerons haut-marnais on essayé, eux aussi, de nouveaux cépages, mais ils n'ont pu lutter avec le Midi, et le vin de l' Hérault tuera le vignoble de la Haute-Marne, comme le fer de Lorraine a tué sa mine. [...]
Secoués par toutes les crises économiques, placés, comme les autres devant l'éternelle tragédie des améliorations humaines qui grandissent les uns, quand elles broyent les autres, les haut-marnais ont subi les sacrifices et accepté les victimes. [...]
Mais fort d'une richesse fondamentale, le département de la Haute-Marne était arrivé, avant 1850, à se pousser au premier rang des départements ferrifères et métallurgiques français, si haut qu'on aurait pu se demander s'il n'allait pas, cette fois, faire le sacrifice total de ses fermes à ses forges.
Balayé dans la seconde partie du siècle par les crises cycliques générales, il s'était, chaque fois, remis debout, grâce à ses adaptations successives et courageuses jusqu'au moment où sa richesses originale n' a plus eu de sens : alors, il a décliné, malgré la base agricole qui lui restait, jusqu'à un niveau où les problèmes généraux d' équilibre ne manquent pas.

La Haute-Marne, le département et son évolution, p128, 129, 131, 133 et 134, Paul Méjean et Marcel Henriot, Delpire éditeur, 1958.

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