Les pétroliers européens prennent le virage de l'électricité

Vincent Colllen


Commentaire
: pour compenser l'intermittence solaire et éolien, il faut du charbon, du gaz. Pour fabriquer de l' hydrogène, il faut des énergies fossiles, etc. Qui sont ou seront les fournisseurs de ces produits indispensables? Et le sauvetage du Climat dans tout cela?

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Shell, Total ou Equinor investissent de plus en plus dans l'électricité verte. Un marché qui promet une croissance plus forte que le pétrole et le gaz et leur permet de répondre aux critiques des défenseurs de l'environnement. Mais ces nouveaux métiers sont moins rentables.



Total est propriétaire de SunPower, un spécialiste américain du photovoltaïque
Vladimir Rodas/AFP



Le numéro deux de Shell, Maarten Wetselaar, a créé une petite sensation il y a deux mois à la CERAWeek , l'une des grands-messes du secteur pétrolier qui se tient tous les ans au Texas. Le numéro deux des hydrocarbures y a annoncé sa volonté de devenir le leader mondial… de l'électricité. « La quantité d'électricité - d'électricité verte - que nous devrons vendre fera de nous, de loin, l'électricien le plus important du monde », a déclaré le dirigeant au « Financial Times » .

Parmi les grandes compagnies pétrolières, Shell est l'une des plus offensives sur ce front. Le groupe prévoit que l'électricité, de sa génération à partir de gaz ou de renouvelables jusqu'à sa distribution au client final, représentera le tiers de son activité dans les années 2030, une proportion comparable à celle du pétrole et du gaz. Etant donné la taille de Shell - 388 milliards de dollars de chiffre d'affaires-, l'objectif a de quoi troubler.


« Le XXIe siècle sera électrique »
Aucun autre groupe n'a affiché une pareille ambition mais Shell n'est pas le seul à prendre le virage de l'électricité. Contrairement à leurs homologues américains, les pétroliers européens investissent tous dans ce secteur, dont la croissance est plus forte que celle des énergies fossiles.
La demande en électricité devrait progresser de 2,1 % par an au cours des deux prochaines décennies, contre 1,9 % pour le gaz et seulement 0,6 % pour le pétrole, prévoit l'Agence internationale de l'énergie. « Le XXIe siècle sera électrique », affirme depuis quelques années le PDG de Total, Patrick Pouyanné . Une part croissante de cette électricité sera produite à partie de gaz (offrant un débouché aux producteurs) et d'énergies renouvelables.

Améliorer leur image
Ce virage répond aussi à la pression croissante des défenseurs de l'environnement. « Les hydrocarbures vont demeurer ultra-dominants dans l'activité des compagnies pétrolières. Mais en gonflant la part relative de l'électricité verte, certaines espèrent améliorer leur image auprès d'une catégorie d'actionnaires critiques, des autorités politiques ou encore des jeunes talents qu'elles cherchent à recruter », décrypte Christophe Brognaux, directeur associé senior au Boston Consulting Group.

Shell et Total sont dans une classe à part. Les deux pétroliers prévoient d'investir de 1 à 2 milliards de dollars par an chacun dans l'électricité et les renouvelables (éolien, solaire…). C'est peu au regard de leur budget global (25 milliards pour l'anglo-néerlandais, de 15 à 16 milliards pour le français), ce qui fait dire aux ONG qu'il s'agit de « greenwashing ». Mais cela permet tout de même des avancées significatives, comme l'acquisition de Direct Energie par Total l'an dernier.


BP plus prudent après des déboires
Le norvégien Equinor se développe à grande vitesse dans l'éolien en mer, l'espagnol Repsol et l'italien ENI investissent eux aussi dans les énergies nouvelles… BP avance plus prudemment, échaudé par ses déboires dans le solaire dans les années 2000. Le pétrolier britannique investit quelque 500 millions de dollars par an dans les nouvelles énergies, avec un accent particulier sur les recharges pour véhicules électriques.
Voitures électriques : BP s'offre le numéro un britannique des recharges

 
« Beaucoup plus concurrentiel »
« Il est encore trop tôt pour évaluer l'impact de cette stratégie sur les bénéfices des compagnies car le virage est récent et n'a pas pris toute son ampleur », estime Christophe Brognaux. Mais il commence déjà à poser question. « La plupart des projets dans les énergies renouvelables ont toujours du mal à être compétitifs vis-à-vis des énergies fossiles », soulignent les analystes de Rystad. Les coûts de production des fermes éoliennes en mer d' Equinor sont proches de 200 euros le mégawattheure, contre 40 à 120 euros pour l'électricité produite à partir de charbon ou de gaz, relève le cabinet.
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« Le business de l'électricité renouvelable offre une croissance intéressante, écrivent les analystes de Deutsche Bank. Mais il est trop réduit en lui-même pour compenser les cash-flows des hydrocarbures ». « De mon point de vue, la diversification des pétroliers européens se soldera par un échec car ils n'ont pas les compétences ni la culture managériale nécessaires », juge Paul Stevens, chercheur associé du think tank londonien Chatham House.
« Et ils ne pourront pas reproduire la rente économique qui a fait leur fortune dans les hydrocarbures ». Le secteur des énergies renouvelables est « beaucoup plus concurrentiel » car les barrières à l'entrée sont plus basses, souligne-t-il, «
et les producteurs ne peuvent pas manipuler l'offre comme le font aujourd'hui l'Opep et ses alliés pour le pétrole ».

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