Aujourd'hui, LREM, le "mix" de "la droite la plus bête du monde", Guy Mollet, IVème République, 1957, et de la Gauche, détentrice du titre, élection présidentielle 2017, ordonne la mise à mort d' EDF. Mais qui s'en soucie vraiment au sein de la population?
Ce pays est perdu, mais qui s'en soucie vraiment au sein de la population?
Merci à Jean-Pierre Riou, lanceur d'alerte, pour son éclairage."Si l'union fait la force, la force n'a jamais fait l'intelligence"
Pierre Desproges
php
***
Un atout qui dérange
En 2019 encore, la production d’EDF donnait à la France la place de plus gros exportateur mondial d’une électricité décarbonée à plus de 90%, ainsi que c’est le cas quasiment chaque année depuis 1990. Son parc nucléaire, déjà amorti financièrement, et l’abondance de l’uranium à bas coût [1], lui confèrent un avantage compétitif déterminant sur ses concurrents européens, que l’augmentation du prix du carbone ne saurait que conforter chaque année, puisque l’énergie nucléaire n’en émet pas.Après avoir dilapidé la « rente » de cet héritage sans renouvellement du parc pendant 30 ans, nous assistons aujourd’hui impuissants à la condamnation, par la Commission européenne, au démantèlement d’EDF [2] au nom d’une libre concurrence dont il est utile de comprendre les règles.
La seconde partie de cet article reviendra donc sur les arguments de Bruxelles.
(http://lemontchampot.blogspot.com/2020/12/edf-lexecution-dun-geant-partie-2.html)
1ère partie
Un atout maître
Rappel : la compétitivité en questionDans son 13ème bilan annuel [3], le centre de recherche Rexecode met en évidence l’inquiétant recul de la valeur ajoutée industrielle française en Europe, rappelant que c’est cette création de valeur qui détermine les revenus. Elle détermine d’ailleurs également l’ensemble des marges de manœuvre de toute ambition politique.
Graphique 1
(Source Rexecode)
Pour expliquer la dynamique allemande, la Direction générale du Trésor a publié un rapport [4] qui compare différentes stratégies européennes et met en évidence la politique de modération salariale des entreprises allemandes jusqu’en 2007, permettant son dynamisme actuel, après l’impact de la crise de 2009.
Graphique 2
Pour expliquer la dynamique allemande, la Direction générale du Trésor a publié un rapport [4] qui compare différentes stratégies européennes et met en évidence la politique de modération salariale des entreprises allemandes jusqu’en 2007, permettant son dynamisme actuel, après l’impact de la crise de 2009.
Graphique 2
(Source Ministère de l'Economie)
La stabilisation actuelle des parts de marché françaises illustrées dans le graphique 1 doit être comprise à la lumière d’un autre rapport du Trésor [5] qui relève que « Dans les trois pays étudiés, l'énergie contribue fortement à la hausse des prix de production entre 2000 et 2007 », essentiellement en raison de la forte hausse du pétrole et visible dans la partie gauche du graphique ci-dessous. On observe également un rattrapage de compétitivité de la France sur l’Allemagne dans la période suivante, partie droite, en raison d’une économie sur les coûts unitaires des consommations intermédiaires (CUCI), avec une compression de ceux des services, mais également par une réduction de leurs coûts concernant l’énergie plus importante qu’en Allemagne.
Graphique 3
(Source Ministère de l'Economie)
La part de l’électricité
Selon la Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (2010) [6] la consommation électrique moyenne de l’industrie manufacturière est en France de 0,6 kWh par euro de valeur ajoutée (VA). Les industriels sont considérés électro-intensifs au dessus de 2,5 kWh par € de VA. La note précise que certains sont très électro-intensifs, tels les secteurs stratégiques comme la fabrication de gaz industriel (11,4kWh par € de VA), la métallurgie de l’aluminium, 8,5 kWh par € de VA, ou la chimie, plus de 5€ par € de VA.
Pour ces électro-intensifs, les dépenses en électricité correspondent en moyenne à plus du tiers des coûts salariaux, salaires et charges, et les dépassent même pour la fabrication de gaz industriel, avec 20% du chiffre d’affaire en dépenses d’électricité, contre 12,1% pour les charges salariales, tableau 2 du rapport.
L’atout français
Le parc de production d’électricité confère, à l’évidence, un avantage compétitif à ces industries françaises que l’augmentation des taxes sur les énergies fossiles ne peut qu’accroitre par rapport à nos voisins.
Le graphique 4, ci-dessous, illustre la mesure de cet avantage, notamment sur l’Allemagne, l’Italie et la moyenne européenne, avec une comparaison des prix TTC du kWh au 1er semestre 2020 selon la consommation des sites non résidentiels.
Graphique 4
La part de l’électricité
Selon la Direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (2010) [6] la consommation électrique moyenne de l’industrie manufacturière est en France de 0,6 kWh par euro de valeur ajoutée (VA). Les industriels sont considérés électro-intensifs au dessus de 2,5 kWh par € de VA. La note précise que certains sont très électro-intensifs, tels les secteurs stratégiques comme la fabrication de gaz industriel (11,4kWh par € de VA), la métallurgie de l’aluminium, 8,5 kWh par € de VA, ou la chimie, plus de 5€ par € de VA.
Pour ces électro-intensifs, les dépenses en électricité correspondent en moyenne à plus du tiers des coûts salariaux, salaires et charges, et les dépassent même pour la fabrication de gaz industriel, avec 20% du chiffre d’affaire en dépenses d’électricité, contre 12,1% pour les charges salariales, tableau 2 du rapport.
L’atout français
Le parc de production d’électricité confère, à l’évidence, un avantage compétitif à ces industries françaises que l’augmentation des taxes sur les énergies fossiles ne peut qu’accroitre par rapport à nos voisins.
Le graphique 4, ci-dessous, illustre la mesure de cet avantage, notamment sur l’Allemagne, l’Italie et la moyenne européenne, avec une comparaison des prix TTC du kWh au 1er semestre 2020 selon la consommation des sites non résidentiels.
Graphique 4
Infographie JPR Source Eurostat [7]
Il est important de noter que les raisons de cette différence de prix du kWh, notamment avec l’Allemagne, est exclusivement liée aux taxes, car tandis que le différentiel hors taxes s’inversait en 12 ans, depuis 2008 à l’avantage de l’Allemagne en raison de l’effondrement des cours quand le vent souffle, l’augmentation des taxes allemandes liées au soutien des énergies renouvelables préservait intégralement la compétitivité du kWh français. Ces taxes atteignent en effet des records en Allemagne, représentant 216,82% du prix du kWh HT pour les sites compris entre 70 et 150 GWh, contre 29,52% en France, et restent supérieures à 100% pour chacun des sites allemands.
Ainsi que nous verrons dans la 2ème partie, les États s’efforcent de préserver la compétitivité de leurs entreprises par des dispositions légales favorables. C'est ainsi que la Commission européenne a condamné certaines dispositions de la loi EEG de 2012 qui visaient à préserver les entreprises allemandes électro-intensives (EEI) du fardeau de la transition énergétique, Energiewende.
Le 10 mai 2016, la Cour de Justice de l’Union Européenne confirmait ce jugement en rejetant le recours de la République fédérale allemande et la condamnait aux dépens.
Elle rappelait notamment dans son jugement [8] que « le régime de compensation spécial créé par les articles 40 et 41 de l’ EEG de 2012 ne saurait échapper à la qualification d’aide d’État du seul fait qu’il supprime, pour les EEI, un désavantage structurel ».
Demain
Tout porte à croire que la place de l’électricité est appelée à croitre considérablement à court terme. Que ce soit directement, notamment par l’électrification de voies, y compris par induction [9], de façon combinée grâce à la cogénération de chaleur, ou par l’intermédiaire de vecteurs tels que les batteries ou l’hydrogène, malgré les pertes considérables qui en découlent.
Mais le développement de l’intermittence se heurte depuis 25 ans à l’inflation des coûts nécessaires à son intégration, notamment par les taxes destinées à renforcer le réseau électrique pour en refouler les surplus aléatoires.
Dépassant les idées reçues, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) vient de publier un rapport [10] sur les coûts de chaque filière de production d’électricité, intégrant le modeste scénario du prix d’un CO2 à 30$ la tonne.
L’énergie nucléaire y apparaît la moins chère des énergies pilotables. La prolongation du nucléaire existant, ou « long-term operation » (LTO) s’avérant, et de loin, plus compétitif que n’importe quelle autre filière, renouvelable intermittent compris.
Graphique 5
Il est important de noter que les raisons de cette différence de prix du kWh, notamment avec l’Allemagne, est exclusivement liée aux taxes, car tandis que le différentiel hors taxes s’inversait en 12 ans, depuis 2008 à l’avantage de l’Allemagne en raison de l’effondrement des cours quand le vent souffle, l’augmentation des taxes allemandes liées au soutien des énergies renouvelables préservait intégralement la compétitivité du kWh français. Ces taxes atteignent en effet des records en Allemagne, représentant 216,82% du prix du kWh HT pour les sites compris entre 70 et 150 GWh, contre 29,52% en France, et restent supérieures à 100% pour chacun des sites allemands.
Ainsi que nous verrons dans la 2ème partie, les États s’efforcent de préserver la compétitivité de leurs entreprises par des dispositions légales favorables. C'est ainsi que la Commission européenne a condamné certaines dispositions de la loi EEG de 2012 qui visaient à préserver les entreprises allemandes électro-intensives (EEI) du fardeau de la transition énergétique, Energiewende.
Le 10 mai 2016, la Cour de Justice de l’Union Européenne confirmait ce jugement en rejetant le recours de la République fédérale allemande et la condamnait aux dépens.
Elle rappelait notamment dans son jugement [8] que « le régime de compensation spécial créé par les articles 40 et 41 de l’ EEG de 2012 ne saurait échapper à la qualification d’aide d’État du seul fait qu’il supprime, pour les EEI, un désavantage structurel ».
Demain
Tout porte à croire que la place de l’électricité est appelée à croitre considérablement à court terme. Que ce soit directement, notamment par l’électrification de voies, y compris par induction [9], de façon combinée grâce à la cogénération de chaleur, ou par l’intermédiaire de vecteurs tels que les batteries ou l’hydrogène, malgré les pertes considérables qui en découlent.
Mais le développement de l’intermittence se heurte depuis 25 ans à l’inflation des coûts nécessaires à son intégration, notamment par les taxes destinées à renforcer le réseau électrique pour en refouler les surplus aléatoires.
Dépassant les idées reçues, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) vient de publier un rapport [10] sur les coûts de chaque filière de production d’électricité, intégrant le modeste scénario du prix d’un CO2 à 30$ la tonne.
L’énergie nucléaire y apparaît la moins chère des énergies pilotables. La prolongation du nucléaire existant, ou « long-term operation » (LTO) s’avérant, et de loin, plus compétitif que n’importe quelle autre filière, renouvelable intermittent compris.
Graphique 5
(Source IEA NEA)
Politique industrielle
Mises à part les marges du producteur et les différentes taxes sur la production, la compétitivité d’une industrie n’a d’autre variable que les coûts salariaux et ceux des « consommations intermédiaires ».
Le coût de l’électricité dans ces consommations intermédiaires est déterminant.
La part supplémentaire qu’il requerrait serait alors aussi lourde de conséquences, quelle que soit la variable dont elle prendrait la place.
C’est la raison pour laquelle, contrairement aux pratiques en vigueur [11], ce n’est pas à la concurrence de la France qu’il convient de demander conseil sur l’avenir de notre politique énergétique.
Notes et références
1 « Le constat partagé par le Gouvernement et la filière est que les ressources en uranium sont abondantes et disponibles à bas prix au moins jusqu’à la deuxième moitié du XXIe siècle, » est la raison évoquée par la Ministre E. Borne devant le Sénat pour justifier l’abandon du projet Astrid, qui permettrait l’assurance de plusieurs siècles de combustible déjà en notre possession….
https://www.senat.fr/seances/s201912/s20191211/s20191211010.html
… 5000 ans selon la SFEN
1bis) https://www.sfen.org/rgn/astrid-avancee-marquante-rapide
2 https://reporterre.net/Exclusif-Le-projet-fou-de-Bruxelles-pour-demanteler-EDF
3 http://www.rexecode.fr/public/Indicateurs-et-Graphiques/Competitivite-l-observatoire/Bilan-de-la-competitivite-francaise
4 https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2017/07/20/tresor-eco-comment-expliquer-la-nouvelle-dynamique-salariale-en-allemagne
5 https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2020/04/23/tresor-eco-n-258-cout-des-intrants-et-competitivite-en-france-allemagne-et-italie
6 https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwi937vkw9PtAhXNyYUKHRUCC3YQFjAAegQIBBAC&url=https%3A%2F%2Fwww.entreprises.gouv.fr%2Ffiles%2Fdirections_services%2Fetudes-et-statistiques%2Fetudes%2Findustrie%2F4P-n25-_ECTRO-INTENSIVE.pdf&usg=AOvVaw3Kmq8zL60vhjyG7Z9xaSOo
7 https://appsso.eurostat.ec.europa.eu/nui/show.do?dataset=nrg_pc_205&lang=en
8 http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?docid=177881&mode=req&pageIndex=1&dir=&occ=first&part=1&text=&doclang=FR&cid=18271100
9 https://www.connaissancedesenergies.org/une-start-israelienne-veut-electrifier-les-routes-pour-recharger-des-vehicules-201118
10 https://www.oecd-nea.org/jcms/pl_51126/low-carbon-generation-is-becoming-cost-competitive-nea-and-iea-say-in-new-report
11 http://www.senat.fr/questions/base/2018/qSEQ181208356.html
Politique industrielle
Mises à part les marges du producteur et les différentes taxes sur la production, la compétitivité d’une industrie n’a d’autre variable que les coûts salariaux et ceux des « consommations intermédiaires ».
Le coût de l’électricité dans ces consommations intermédiaires est déterminant.
La part supplémentaire qu’il requerrait serait alors aussi lourde de conséquences, quelle que soit la variable dont elle prendrait la place.
C’est la raison pour laquelle, contrairement aux pratiques en vigueur [11], ce n’est pas à la concurrence de la France qu’il convient de demander conseil sur l’avenir de notre politique énergétique.
Notes et références
1 « Le constat partagé par le Gouvernement et la filière est que les ressources en uranium sont abondantes et disponibles à bas prix au moins jusqu’à la deuxième moitié du XXIe siècle, » est la raison évoquée par la Ministre E. Borne devant le Sénat pour justifier l’abandon du projet Astrid, qui permettrait l’assurance de plusieurs siècles de combustible déjà en notre possession….
https://www.senat.fr/seances/s201912/s20191211/s20191211010.html
… 5000 ans selon la SFEN
1bis) https://www.sfen.org/rgn/astrid-avancee-marquante-rapide
2 https://reporterre.net/Exclusif-Le-projet-fou-de-Bruxelles-pour-demanteler-EDF
3 http://www.rexecode.fr/public/Indicateurs-et-Graphiques/Competitivite-l-observatoire/Bilan-de-la-competitivite-francaise
4 https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2017/07/20/tresor-eco-comment-expliquer-la-nouvelle-dynamique-salariale-en-allemagne
5 https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2020/04/23/tresor-eco-n-258-cout-des-intrants-et-competitivite-en-france-allemagne-et-italie
6 https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwi937vkw9PtAhXNyYUKHRUCC3YQFjAAegQIBBAC&url=https%3A%2F%2Fwww.entreprises.gouv.fr%2Ffiles%2Fdirections_services%2Fetudes-et-statistiques%2Fetudes%2Findustrie%2F4P-n25-_ECTRO-INTENSIVE.pdf&usg=AOvVaw3Kmq8zL60vhjyG7Z9xaSOo
7 https://appsso.eurostat.ec.europa.eu/nui/show.do?dataset=nrg_pc_205&lang=en
8 http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?docid=177881&mode=req&pageIndex=1&dir=&occ=first&part=1&text=&doclang=FR&cid=18271100
9 https://www.connaissancedesenergies.org/une-start-israelienne-veut-electrifier-les-routes-pour-recharger-des-vehicules-201118
10 https://www.oecd-nea.org/jcms/pl_51126/low-carbon-generation-is-becoming-cost-competitive-nea-and-iea-say-in-new-report
11 http://www.senat.fr/questions/base/2018/qSEQ181208356.html
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire