L'homme, l'ami qui veut du "bien" aux oiseaux protégés...

  Si les hommes manient la contradiction, je t'aime, moi non plus, à l'endroit du milan royal et des 275 autres espèces d'oiseaux protégés, il est surprenant de lire que La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), mise à l'honneur dans cette lettre : " Je dois cependant admettre avec bonheur que certains d’entre vous mettent tout en œuvre pour nous offrir un destin plus serein. La LPO a même initié un « plan national d’action » qui vise à soulager notre peine jusqu’en 2027. ", ferait exception à la funeste règle. Certes, responsable de nombreuses études, elle admet que " ces éoliennes sont responsables d’une certaine mortalité d’oiseaux et de chauves-souris" mais, pas au point, quand même, de demander, jusqu'à ce jour, la fin définitive de l'éolien!
  Pour avoir un début d'explication à cette... contradiction apparente, peut-être faut-il chercher du côté de ses partenaires, privés & publics?  Quelques noms : EDF, Eiffage, Enedis, RTE, France nature environnement (FNE), Greenpeace, Réseau action climat (Rac) , etc., ou poser la question à son président, Monsieur... Allain Bougrain-Dubourg? 😉

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Lettre des animaux aux humains reconfinés : le milan royal

Allain Bougrain-Dubourg 
2020 12 08

  Les amoureux des oiseaux reconnaissent facilement son vol et sa silhouette profilée. Ce magnifique rapace, hier encore très fréquent, subit toutes sortes d'attaques. Alors qu'il est théoriquement protégé par la loi, des chasseurs s'amusent à tirer dessus et l'emploi de cocktails chimiques pour tuer les rongeurs finit de massacrer les milans.
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  On me dit royal, je me sens prince. Le ciel est mon royaume. Nul besoin d’afficher des records de vitesse comme mon cousin le faucon pèlerin, c’est le vagabondage aérien qui me convient. Je joue avec le vent et flirte avec les courants ascendants. Un léger coup d’aile, un mouvement de queue ou un étirement du corps suffisent à me faire planer, à louvoyer nonchalamment, à flotter au dessus de mes terrains de chasse. Que du bonheur.
  Jusqu’aux 16e et 17e siècles, vos archives témoignent de la présence de mon clan en grand nombre. On faisait même la voirie dans Paris et Londres, tant notre régime alimentaire pouvait s’adapter aux opportunités. Nécrophages à l’occasion, prédateurs si nécessaire, c’est ainsi que les campagnols ou les taupes figurent parfois à notre menu. Cette ripaille a pourtant causé notre perte.
  Tout le cortège chimique que vous imposez à la faune sauvage finit par m’affecter à terme. La bromadiolone, puissant anticoagulant, détruit les campagnols que je consomme ensuite. Les corvicides, les insecticides et autres molluscicides s’ajoutent au cocktail meurtrier qui conduit à ma perte. Et comme si l’épreuve n’y suffisait pas, vous me piégez et me tirez comme à la foire. Cible facile, c’est ainsi que je me retrouve dans les centres de soin. Mais au-delà du plomb, je dois également affronter les éoliennes et les lignes électriques. Ajoutez à cela les dérangements durant la période de nidification et la fermeture des décharges à ciel ouvert qui nous procuraient une aimable pitance, et vous conviendrez que les temps sont devenus invivables. 



 

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  Je dois cependant admettre avec bonheur que certains d’entre vous mettent tout en œuvre pour nous offrir un destin plus serein. La LPO a même initié un « plan national d’action » qui vise à soulager notre peine jusqu’en 2027. Des placettes d’alimentation nous sont proposées, tandis que vous instaurez une vigilance sur les poisons. Il est même prévu de nous réintroduire dans les secteurs que nous avons désertés bien malgré nous.
  Mais pourquoi tant d’efforts alors que vous continuez d’utiliser des poisons aussi redoutables que la bromadiolone ? Ou d’autres saletés gravement toxiques et pourtant interdites d’usage que l’on retrouve dans les cadavres des miens ?
  Je ne comprends pas vos paradoxes… De même en 2019, les ornithologues bénévoles ont passé 1 257 journées à nous observer et nous préserver alors que nous avons connu le plus lourd bilan de mortalité depuis ces dix dernières années. Même certains de mes semblables, équipés de balises Argos, ont été victimes de malveillances. Je ne comprends pas vos contradictions. Puisque nous sommes théoriquement protégés par vos lois et que nous figurons sur les listes des rapaces le plus fragiles, comment ne pas en finir avec le saccage de notre espèce ? « Je ne comprends pas, mais je ne suis qu’un rapace », aurait dit le chef Indien Seattle en 1854… •

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