Sauvons nos centres-villes !

Gaël Brustier
politologue et essayiste
Publié le 07/08/2018


© Anthony SEJOURNE / iStock

Un coup d’œil au centre de nos villes moyennes, le plus souvent vidées de leurs commerces, donne une sinistre impression de déclin. Les pouvoirs publics se sont saisis de ce problème. Devenu endémique, le mal rongeait le centre de nos cités, moyennes ou plus petites : leur désertification inexorable, implacable se développait depuis de longues années à mesure que se constituaient à leurs marges de ces monumentaux centres commerciaux. Le plan national Action cœur de ville cible précisément ces centres dévastés par la disparition des commerces. Reste à savoir s’il est à la hauteur de l’enjeu, s’il peut enrayer et inverser le phénomène.

Pourquoi et comment nos centres-villes se vident-ils de leurs activités commerciales ? Journaliste ayant enquêté sur la question, Olivier Razemon a dressé le portrait d’une France vivant une véritable crise urbaine. La désindustrialisation avait déjà fait muter à la fois l’économie locale et la structuration de l’emploi. Cette fois, la crise ronge le cœur de ces villes qui se situent en marge des grandes métropoles. Le maintien du commerce est devenu un enjeu majeur dans nombre de ces communes moyennes.

Derrière les fermetures en série des commerces, c’est également une mutation profonde de l’organisation urbaine qui se dessine. Cette question a un lien avec l’aménagement de notre territoire. Il serait erroné de penser que les maires ne disposent pas des outils juridiques pour enrayer la gloutonnerie des grandes surfaces. Au contraire, cet arsenal n’est tout simplement pas utilisé ou alors massivement sous-employé. Les élus locaux disposent bien des outils qui auraient permis d’enrayer leur offensive. Il y a donc une part de déficit de volonté politique dans le laisser-faire menant au foisonnement de centres commerciaux extra-urbains, accessibles en voiture, et dans la capitulation devant la désertification des centres-villes. C’est, in fine, un profond changement des comportements sociaux qui découle de cette mutation de l’aménagement -commercial.

L’extension des aires urbaines, l’allongement des trajets travail-domicile-lieu de chalandise et éventuellement lieu de loisir a un impact sur le lien social, sur la façon dont on conçoit la vie sociale, les rapports sociaux. Le concept de drive parachève cette mutation. La « drivisation » de l’espace social est le vecteur d’un repli sur soi toujours plus grand. Le corollaire du mall à l’américaine est le modèle des gated communities, ces ensembles fermés, contribuant à désarticuler la société. L’aménagement commercial est bien un champ de bataille.

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