Les énergies renouvelables sont-elles plus compétitives que le nucléaire ?

 Nicolas Goldberg*
octobre 2017

Commentaire : "Assurément, voici une excellente analyse avec les bonnes questions de la part de  Goldberg Nicolas. Une réserve toutefois :  l'oubli de l'hypothèse qui verrait une baisse du coût du nucléaire par effet de série (cf VVR)?" J.P Riou
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Les énergies renouvelables sont-elles plus compétitives que le nucléaire ? Est-ce la seule question? Regardons cela en 33 vignettes :

1. Commençons par un contexte : en 2050, seuls 7 réacteurs nucléaires actuels auront moins de 60 ans. Ils seront donc logiquement quasi-tous fermés,



2. La France produit plus ou moins 70% de son électricité avec le nucléaire actuel : il est temps de s’interroger sur ce que nous ferons quand il sera fermé?



3.Dans ce fil, nous avons fait le choix de ne parler que des futurs moyens de production, pas des moyens de production actuels ou passés,

4. Commençons par l’ EPR. En 2012, la Cour des Comptes estimait le coût de production entre 70 et 90 €/MWh avec une durée de vie de 60 ans,



5. Notons que depuis, le chantier de Flamanville est passé de 9 Md€ à 10,5 Md€ : il est probable que cette estimation soit donc à revoir,
6. L'absence d’économies d’échelles, la hausse de la sécurité, les dispositions post-Fukushima et autres ont fait monter les coûts du nucléaire,

7. Sans oublier les retards sur les chantiers et les démantèlements qu’il faudra réaliser un jour pour confirmer leurs coûts,

8. Ainsi, en raisonnant sur la seule énergie produite, le tarif de rachat des EnR est compétitif par rapport au coût de l’ EPR de Flamanville,





9. En UK, le nucléaire et les EnR profitent du même type de subvention. Là encore, l’avantage est aux EnR



10. Avec ces prix, l’ EPR a besoin du même type de subvention que les EnR. Au-delà du choix industriel, c’est un choix politique de le financer,



11. C’est toutefois un raisonnement « Energy Only »: le service réseau rendu n’est pas le même (variabilité, intermittence, service système),

12. C’est bien d’un modèle différent dont nous parlons : comment rémunérer des moyens de « back up » réseau (mécanisme capacité, stockage) ?

13. Comment aussi s’assurer que l’électricité reste sans CO2, les rares moyens de pointe étant l’hydraulique (limité), le gaz et le fioul ?

14. Le gaz pourrait peut-être un jour être vert, mais c’est à construire. Pour le stockage, hors l' hydraulique, c’est également à démontrer...

15. Notons qu’avec le gaz, le réseau lui-même pourrait jouer un rôle de stockage et flexibilité, en plus des 140 TWh déjà disponible,


16. Tout cela reste pour le moment prospectif : le gaz fossile représente 99% de la consommation de gaz et un nouveau modèle est à trouver pour compenser les EnR,

17. Un nouveau modèle a bien été inventé pour le nucléaire afin de gérer sa sûreté, ses déchets, sa production ultra-centralisée et ses compétences de pointe...

18. Inventer un modèle a donc déjà été fait, mais il a fallu pour cela accepter de tuer l’ancien (le charbon dans le cas du nucléaire),

19. En cas de transition, la question de l’emploi devra être centrale. On ne parle pas juste d’€ ou de MWh mais de projet de société,

20. 50 ans après la mise en service du premier réacteur nucléaire, l’ancien bassin minier des Hauts de France est toujours touché par le chômage,




21. Pendant ce temps, le top 10 des producteurs éoliens et solaires n’affichent aucun acteur français. L’Allemagne et la Chine sont en tête,






22. On peut critiquer l’Allemagne, mais ils sont fiers de leur projet de société qu’ils soutiennent et sont cohérents avec leur industrie,

23. En France, le renouvelable crée de l’emploi… surtout dans la production de chaleur, moins dans l’éolien et le solaire,



24. . Cela ne veut pas dire qu’à l’avenir, il n’y aura pas plus d’emploi, comme dans le biogaz par exemple, mais cela reste à démontrer,

25. Il reste donc encore des choses à développer pour que « le renouvelable crée de l’emploi », surtout dans l’éolien et le solaire,

26. Ainsi donc, le nucléaire pas cher, c’est bientôt terminé avec le nucléaire du futur. Les EnR produisent des kWh compétitifs,

27. Faire monter les EnR sur le réseau n’est toutefois pas qu’une question d’énergie : l'emploi, le réseau et autres sont à prendre en compte,
28. Faut-il garder une part de nucléaire ou évoluer vers un mix 100% EnR ? Tout est possible : c'est une question de coûts et de modèle,

29. C’est toute l'ambiguïté sur laquelle le politique a du mal à trancher : le nucléaire est-il une énergie de transition ou d’avenir ?

30. Quel modèle voulons-nous demain ? Laisse-t-on le marché mondial de niche du nucléaire à la Russie et la Chine ?




31. C’est le «retour aux choix publics» : nous avons besoin d’une vision assumée, de la fin des faits accomplis et de formations alignées sur l’avenir,

32. Tout cela est donc à débattre, sachant que toute volonté publique ne pourra trouver de salut que dans l’approbation des citoyens.

* Diplômé de Centrale Supelec. Passionné de l'énergie, compétent sur le nucléaire, les smartgrid,  les ENR, le compteur Linky. Consultant chez Colombus. Coordinateur à l' Université populaire consacrée aux savoirs politiques (Politeia) .

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