par Auguste Bergot
16 octobre 2017
Commentaire : " Mais qu'est-ce, mais qu'est-ce qu'on attend pour foutre le feu ?
Les année passent, pourtant tout est toujours à sa place
Plus de bitume donc encore moins d'espace
Vital et nécessaire à l'équilibre de l'homme
Non personne n'est séquestré, mais s'est tout comme
C'est comme de nous dire que la France avance alors qu'elle pense
Par la répression stopper net la délinquance
S'il vous plaît, un peu de bon sens "
Extrait de Qu'est-ce qu'on attend ? , album : Paris sous les bombes; Année de sortie : 1995, Epic
https://youtu.be/OXPaRKKEi9Y
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L’artiste russe Piotr Pavlenski a mis le feu à la façade de la Banque de France, place de la Bastille, dans la nuit du dimanche 15 au lundi 16 octobre 2017. Dans un communiqué, il s’est expliqué sur les raisons de sa « performance » : chercher à faire renaitre « la France révolutionnaire » face aux « banquiers [qui] ont pris la place des monarques ».
L’artiste d’origine russe, Piotr Pavlenski, est connu pour ses performances extrêmes dénonçant violemment le gouvernement russe de Vladimir Poutine. Ainsi, lors du procès des Pussy Riot, l’artiste s’était cloué les lèvres ; en octobre 2014 il avait escaladé nu l’institut psychiatrique Serbskïi à Moscou et s’était coupé un lobe d’oreille pour dénoncer l’usage politique des internements psychiatriques en Russie ; en 2016 il avait incendié le siège historique du FSB (services secrets russes).
Source : infosactus.blogspot.com
Ce dernier exemple de « l’art politique » de Piotr Pavlenski lui avait d’ailleurs valu sept mois de prison avant qu’il ne soit relâché avec une simple amende. Mais en décembre 2016 il est de nouveau poursuivi par la justice russe cette fois-ci pour avoir agressé sexuellement une actrice de théâtre, une accusation que l’artiste nie fermement. Si la lumière n’a pas encore été faite sur cette affaire, on pourrait en effet y voir une action du gouvernement visant à faire taire l’artiste aux œuvres coup-de-poing. Celui-ci avait d’ailleurs déclaré :
« On nous a expliqué qu’on avait en gros deux possibilité (…) aller en prison dans un camp pour dix ans, avec tout le loisir d’expliquer aux autres prisonniers qu’on avait été victimes d’une sale intrigue ou partir de Russie. »
Et c’est finalement la France qui a offert à l’artiste et sa femme le statut de réfugié politique en mai de cette année. Une décision que la France pourrait bientôt regretter après la dernière performance en date de Piotr Pavlenski. En effet, celui-ci a incendié la façade de la Banque de France aux alentours de 4 heures du matin cette nuit : une action qui ne vise plus directement la Russie, mais s’adresse à l’histoire révolutionnaire entremêlée des deux nations et son actualité mondiale.
L’image impressionnante de cet homme dressé devant les grilles de la Banque de France envahies par les flammes a été massivement relayée sur les réseaux sociaux. Il explique la portée de son œuvre dans une lettre relayée par Inna Schevchenko sur twitter :
« Mettre le feu dans la Banque de France c’est mettre l’éclairage sur la vérité que les autorités nous ont forcé à oublier. La Bastille a été détruite par le peuple révolté ; le peuple l’a détruite comme symbole du despotisme et du pouvoir. Sur ce même lieu, un nouveau foyer d’esclavage a été bâti, la banque, qui trahit les révolutionnaires et qui sponsorisa le Versailles criminel. La Banque de France a pris la place de la Bastille, les banquiers ont pris la place des monarques. La grande Révolution Française a fait de la France un symbole de liberté pour le monde entier. En 1917, grâce à ce symbole, la Russie s’est élancée vers la liberté. Mais cent ans plus tard la tyrannie règne de nouveau, partout. La renaissance de la France révolutionnaire déclenchera l’incendie mondial des révolutions. Dans ce feu, la Russie commencera sa libération. »
On peut contester les méthodes de l’artiste, qui vont certainement dans l’immédiat coûter davantage aux contribuables qu’aux banques elles-mêmes, d’autant plus que la Banque de France a un rôle différent des banques privées et vise davantage à stabiliser le système financier qu’à le déréguler. Mais elle reste « la banque des banques », le symbole de la gouvernance par et pour la monnaie, trônant fièrement sur la place de la Bastille (dont Piotr Pavlenski nous rappelle l’histoire révolutionnaire).
L’artiste et un deuxième individu (encore non identifié) ont été arrêtés et placés en garde à vue. D’après franceinfo, la Banque de France aurait quant à elle annoncé qu’elle allait « porter plainte ». Attendons de voir si Piotr a allumé l’étincelle qui « déclenchera l’incendie mondial des révolutions »…
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