« Le dernier courrier du maire Pierre Chatelain adressé à Opale date de novembre 2015. Il n’a jamais lu la réponse. Il est mort avant. » Joël Vernier, le nouveau maire d’ Abbévillers prend cet exemple pour signifier « l’immense lassitude » des élus face au silence radio de l’opérateur Opale qui porte le projet de construction d’un parc éolien à cheval sur les communes d’ Abbévillers, Hérimoncourt et Vandoncourt.
Un vieux projet qui semble davantage brasser de vent qu’il ne risque un jour de produire de l’énergie avec le vent brassé ! Dix ans que « ça traîne en longueur ». Dix ans qu’il soulève des vents contraires avec les antis éoliens qui dénoncent, entre autres, les dégâts sur la biodiversité dans la forêt ancestrale du Hollard à Abbévillers si les grands oiseaux blancs venaient à s’y poser.

Il y a sept mois, les élus concernés tapaient du poing sur la table et adressaient une missive à l’opérateur de Fontain pour lui dire que « l’absence d’informations sur un projet industriel aussi important était inacceptable ». Sept mois plus tard, ils sont toujours dans la même brume. À trois mains, les maires viennent de réécrire à Opale puis dire que dans ces conditions, il était « hors de question » de poursuivre l’aventure éolienne. « Au bout de dix ans de tergiversations, il faut savoir s’arrêter », lâche Joël Vernier qui « choqué par le choc pétrolier » de 1973 demeure un défenseur « inconditionnel » des énergies renouvelables « mais pas à n’importe quel prix et dans n’importe quelles conditions ».
Au fil des années, le projet de ce parc éolien a évolué. De 12 ou 15 machines, il est tombé à huit. Aujourd’hui, il n’en compterait plus que sept et Hérimoncourt ne serait plus dans le lot. Les conditions financières ont, elles aussi, changé. La loi NOTRe portant sur la réorganisation du territoire est passée par là. La communauté de communes des Balcons du Lomont, à laquelle appartenaient les villages d’ Abbévillers et Vandoncourt, a été rayée du paysage. Les deux villages ont rejoint le giron de Pays de Montbéliard agglomération. Pour le coup, les revenus fiscaux provenant des éoliennes tomberont dans les caisses de PMA. « Si en plus c’est pour gagner peanuts, autant lâcher le morceau. »