Bouger en 2050

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Tribune parue dans Les Echos du 24 octobre 2017

L’Accord de Paris, qui sera rappelé au monde entier le 12 décembre prochain, demande d’avoir divisé par 3 les émissions planétaires de gaz à effet de serre d’ici à 2050. 30% du CO2 venant du pétrole, il va être difficile de respecter l’accord sans en consommer beaucoup moins.

Or, ce précieux pétrole sert aujourd’hui à alimenter 98% de ce qui roule, vole ou navigue sur terre. Comment faire, alors ?

Une chose est sure : en 2050, nous serons toujours des hommes. Et les hommes, comme tous les animaux, se déplacent. En France, 3,7 fois par jour, très exactement, depuis que des statistiques existent, soit environ 60 ans, et c’était probablement comme cela avant. Exit l’idée d’un télétravail massif pour ne pas sortir de chez nous : nos gènes sont contre !

Mais on peut bouger pour aller moins loin. Un français parcourait 3700 km par an tous modes confondus en 1960, en 2000 c’était plus de 14000 ! Notre mobilité quotidienne étant liée à l’emplacement de notre travail, des écoles et des magasins, en changer la longueur moyenne demandera de repenser l’urbanisme : autant dire que ça va prendre un temps… que nous n’avons pas.
Reste alors une dernière marge de manœuvre : diminuer l’énergie fossile par km parcouru. C’est là que la voiture électrique, fortement mise en avant récemment, entre en compétition avec d’autres possibilités pour atteindre le même objectif : des voitures restant à pétrole mais plus petites et moins puissantes, la marche, le bus, le train, le vélo, le covoiturage, voire le téléphérique ou le bateau…

Pour les départager, il faut calculer : quel potentiel réaliste, quel temps minimum pour l’atteindre, quel cout, quelles contreparties inévitables, et s’il n’existe pas des limites physiques (disponibilité des métaux, de la puissance électrique pilotable pour la recharge, etc) qui vont se charger de mettre un terme au rêve.

La voiture électrique est-elle alors l’action la plus évidente, dans notre pays où l’électricité actuelle est bas carbone ? Pas sur : électrifier tout ce qui roule, sans toucher aux masses et aux puissances des véhicules, suppose 40% de consommation électrique en plus, et a minima un doublement de la puissance électrique pilotable, deux choses incompatibles avec les 50% de nucléaire en 2025. Descartes, au secours !

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