Publié le 05 octobre 2017
Commentaire : et les humains riverains impactés par les infrasons ne comptent pas? Pas de statistiques?
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Des éoliennes surplombent la forêt (LODI Franck/SIPA)
La Fondation pour la recherche sur la biodiversité pointe les effets négatifs de l’éolien, du solaire et des autres renouvelables sur la faune et la flore.
Attention ! Le petit cœur de tous ceux qui ont une fibre écologiste va un peu saigner en lisant les lignes qui suivent. Ils y apprendront, en effet, que les énergies renouvelables ne sont pas forcément les amies de la planète.
Ou, plus exactement, que si leur rôle pour lutter contre le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources terrestres est crucial, elles doivent être aménagées pour ne pas trop faire de mal à la biodiversité.
Cette affirmation n’émane pas du lobby du pétrole ou de l’atome, mais de la très sérieuse Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) rassemblant les travaux scientifiques les plus pointus sur la question en France.
Les Journées FRB 2017, un ensemble de colloques qui s’ouvrent ce jeudi 5 octobre à Paris, vont se pencher sur ces "liaisons dangereuses" (c’est le terme employé par la Fondation), entre la faune, la flore et énergies dites "vertes".
Petit passage en revue avec Jean-François Silvain et Hélène Soubelet, président et directrice de la FRB.
L’éolien
On a le droit de défendre le bilan carbone de ces rangées d’hélices blanches tournant sur la ligne d’horizon. Mais les éoliennes ont un défaut majeur : elles provoquent des collisions avec certains oiseaux et avec les chauves-souris. Jean-François Silvain :
"Aux Etats-Unis, on estime qu’entre 234.000 et 573.000 oiseaux seraient tués chaque année. Les rapaces sont plus touchés que les autres pour une raison que nous ignorons."
Certes, il faut mettre ce chiffre en perspective avec d’autres causes de mortalité des oiseaux bien plus alarmant, comme le rôle des chats (1,4 à 3,7 milliards de piafs tués tous les ans aux Etats-Unis !). Mais il reste important.
"Les chauves-souris sont proportionnellement encore plus impactées, souligne Jean-François Silvain. Entre 600.000 et 900.000 seraient tuées annuellement par les éoliennes aux Etats-Unis, même si les estimations restent à compléter. Et entre 200.000 et 250.000 chauves-souris le seraient en Allemagne."
Une hypothèse est avancée : les lumières clignotant en haut des mâts éoliens pour prévenir les avions pourraient attirer les insectes et donc, les chauves-souris.
"En tout cas, il est nécessaire de réfléchir à des programmes pour limiter la surmortalité, explique Hélène Soubelet. Par exemple, aux Etats-Unis, il existe un programme appelé eBird, qui alerte les exploitants d’éoliennes du passage des oiseaux migrateurs. C’est une piste."
L’hydraulique
Aujourd’hui, près de 4.000 projets d’hydroélectricité sont prévus rien en Chine et les barrages affectent quelque 80% des rivières dans le monde. Hélas, la biodiversité ne leur dit pas merci !
"Les retenues d’eau noient des vallées entières et toute la faune et la flore qui s’y trouvent. De plus, elles modifient les déplacements et la reproduction de certains poissons, pointe Jean-François Silvain. C’est un impact direct extrêmement important."
Ce chamboulement des écosystèmes peut même provoquer des maladies, comme la bilharziose, une affection parasitaire qui a explosé au Sénégal à cause de la disparition de certains crustacés due, eh oui, aux barrages.
Le solaire
Le soleil brille pour tout le monde, mais les panneaux qui captent sa chaleur ou sa lumière ne font pas que du bien. En l’occurrence, les installations de fours solaires, assez répandues en Californie, déciment des milliers d’oiseaux chaque année - qui finissent cuits en rôti…
Quant aux fermes solaires, elles grignotent des hectares riches en biodiversité (champs, prairies, vallées) souvent traité aux herbicides pour empêcher l’herbe de faire de l’ombre aux panneaux. Ces espaces sont en plus souvent grillagés, perturbant le passage des espèces terrestres les plus grosses.
Le bois
Le principe de l’énergie biomasse-bois est très simple : on récupère des déchets de bois dont nul ne sait que faire et on les fait brûler pour produire de l’énergie. Cela dégage du CO2, mais, en théorie, il est compensé parce que d’autres arbres sont plantés à la place de ce qui a été coupé. Or, les nouveaux arbres aspirent le CO2.
Mais cela, c'est en théorie seulement. Parce que, dans les faits, cette idée est de plus en plus remise en cause par les scientifiques.
"D’abord, on ne replante pas forcément les arbres qui ont été coupés, décrit Hélène Soubelet. Ensuite, le bois, dès qu’il brûle, dégage immédiatement du CO2, alors que le rôle d’'aspirateur' à carbone des arbres exige de longues années de croissance. Les plus rapides ont besoin de dix ans."
Surtout, la logique de rentabilité des grandes centrales à bois exige beaucoup, beaucoup de bois. Comme les déchets ne suffisent pas à fournir, on se met à… couper des arbres et à les importer.
Un scandale du bois américain a ainsi éclaté en Grande-Bretagne : profitant d’une réglementation yankee très peu protectrice, les forestiers américains ont décimé les forêts du sud du pays pour fournir les chaudières britanniques… Pas terrible pour une "énergie propre"...
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