Éoliennes en mer: les pêcheurs picards et normands plus que jamais en colère

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Par Denis Desbleds
14/02/2018

À quelques jours de la décision finale, les deux comités régionaux des pêches réaffirment leur opposition au projet d’éoliennes au large des côtes picarde et normande.
« Parc éolien ou parc naturel marin : Nicolas Hulot doit choisir ». Dans un communiqué commun et un courriel datés du lundi 12 février, les comités régionaux des pêches maritimes de Normandie et des Hauts-de-France apostrophent le ministre de la Transition écologique. Et promettent, s’ils ne sont pas entendus, la création d’une ZHAD (zone halieutique à défendre).
Le 20 février, l’Agence française pour la biodiversité (AFB) rendra son avis environnemental sur le projet d’éoliennes en mer de Dieppe - Le Tréport pour lequel Engie a remporté l’appel d’offres en 2014. Si l’Agence suit l’avis négatif du Parc naturel marin (PNM) des estuaires picards et de la mer d’Opale, rendu le 20 octobre à Abbeville (Somme), le projet ne se fera pas. Ce qui serait « un signal très négatif » pour la filière éolienne en mer française, avait jugé Isabelle Kocher, directrice générale d’ Engie, le 15 janvier 2018, en marge de ses vœux à la presse.

Pour les marins pêcheurs en revanche, ce serait une très bonne nouvelle. Dans leur communiqué, ils répètent ce qu’ils avancent depuis plus de dix ans, à l’époque d’un précédent projet abandonné : la zone où devraient être implantées les éoliennes est la plus poissonneuse de la Manche. Les travaux puis l’exploitation des 62 éoliennes la condamneront pour de nombreuses années. Les pêcheurs ont bien proposé une autre zone, mais l’État s’en est tenu à celle définie par son appel d’offres de 2014.
À quelques jours de la décision cruciale de l’ AFB, les pêcheurs craignent un mauvais signal eux aussi, de la part du ministre de la Transition écologique. Pourtant, en janvier, Nicolas Hulot les avait reçus, ainsi que les élus du littoral, pour une série d’entretiens. Mais entre-temps, le 1er février, le conseil de gestion du Parc naturel marin - dont plusieurs membres ont annoncé leur démission si le parc éolien se faisait - s’est réuni à Berck-sur-Mer. Engie a alors communiqué les évolutions apportées, après la prise en compte des réserves apportées par le PNM en octobre.
« Le conseil de gestion s’est entendu dire par la Direction de l’eau et de la biodiversité du ministère que le ministre Nicolas Hulot avait un tropisme plus marqué pour les thématiques énergétiques que pour la biodiversité », commente le comité régional des pêches des Hauts-de-France. L’Agence française pour la biodiversité est une entité indépendante mais, comme l’indiquait récemment Jérôme Bignon, sénateur de la Somme et membre du conseil d’administration de l’ AFB, les représentants de l’État y sont majoritaires. Nicolas Hulot aura donc le dernier mot mardi prochain. Il devra « choisir entre un parc naturel marin ou un projet éolien », comme l’indiquent les comités des pêches. Et s’exposer, peut-être, à la création de la première zone à défendre... en mer.
***
À Noirmoutier, la colère gronde aussi
Du côté de l’île d’ Yeu et de Noirmoutier, en Vendée, où Engie mène un projet d’éoliennes en mer qui faisait partie du même appel d’offres que celui de Dieppe - Le Tréport, les marins pêcheurs sont aussi en colère. Là-bas, pas de parc naturel marin mais cela n’empêche pas ces professionnels de la mer de dénoncer, eux aussi, « la destruction d’une zone de 86 km2 essentielle à l’entretien et à la reproduction des poissons ». Ils viennent d’écrire un courrier au ministre Nicolas Hulot, l’avertissant « qu’ils ne se laisseront pas faire et qu’ils mettront tout en œuvre pour s’opposer à ce carnage ».

Une manifestation vendredi au Havre
Les opposants au projet d’éoliennes en mer manifesteront vendredi au Havre, ville qui accueillerait deux usines dédiées à la fabrication des pales. La Ville du Tréport, dont le maire, Laurent Jacques, rappelle qu’il n’est pas opposé aux énergies éoliennes mais à la zone choisie, affrétera un car. Pour s’inscrire, renseignements auprès de SOS à l’horizon, association d’opposants. Tél. 02 36 85 24 46 ou au 06 79 51 79 33.

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