Se préserver des enfumages idéologiques : les critères du politiquement correct changent

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Par Michel Bernard

« Nous sommes dans l’ère du profitocène décomplexé. »

Le gouvernement Macron s’émancipe des dogmes de la « vertitude » et des éléments de langage obligatoires imposés par l’alliance politicienne entre Mme Ségolène ROYAL et ses conseillers en idéologie les Verts. Cette complicité a permis l’adoption de la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte et ses déclinaisons TÉPOS et TPCV qui s’imposent comme références non négociables aux élus des collectivités territoriales : EnR partout pour le nouveau « bond en avant » qui selon la CRE, en plus des problèmes technologiques de raccordement de sources dispersées, fragilise la sécurité des équipements télé-opérés de gestion des flux exposés à des attaques informatiques.
Ainsi le Président de la République a recadré ces fantasmes le 18-12-2017 : « Si je ferme demain une centrale nucléaire, ce n’est pas vrai que l’on peut développer tout de suite du renouvelable. »
Revirement acté par N. Hulot pour les choix énergétiques à propos du nucléaire = le réalisme économique à la barre.
L’argument rituel « accélérer la transition énergétique car la France est en retard sur l’Allemagne » tombe puisque pour leur grande coalition, CDU/CSU et SPD ont inclus dans leur programme gouvernemental l’abandon des objectifs de diminution des émissions de gaz à effet de serre pour 2020. Tant que des solutions techniquement et économiquement opérationnelles ne seront pas trouvées pour stocker l’électricité produite par les énergies renouvelables intermittentes, il faudra bien recourir à des moyens pilotables. L’Allemagne a fait le choix du thermique au lignite et de la pollution record au CO2.

La réalité des faits économiques constatables, est confortée par les explications scientifiquement établies, irréfutables. L’intermittence aléatoire de l’éolien et sa suppléance par des centrales thermiques s’opposent à la qualification de cette technologie « d’Énergie Renouvelable ». Nous n’avons pas gagné auprès des médias et de l’opinion publique.

Comment a pu se diffuser l’idéologie de la « vertitude » devenue l’incantation magique : « sauver la planète » ? Qui peut y être opposé ?
L’effondrement des deux courants idéologiques communisme et socialisme promettant un progrès social continu porté par un productivisme exponentiel, une croissance industrielle et un consumérisme illimités a entraîné un changement radical de point de vue : le catastrophisme exposé dans le rapport Meadows commandité en 1972 par le Club de Rome révèle un nouveau paradigme : l’élévation du niveau de vie met en péril l’habitabilité de la planète.

Pourtant, l’idéologie catastrophiste portée en 1974 par la candidature de l’écologiste René Dumont lors de la présidentielle n’attire que 1,32 % des votants. Le mythe du progrès perdure jusqu’à nos jours... habillé en vert.
La stratégie de la « pollinisation » a permis aux Verts de faire leur miel politicien en jouant à la mouche du coche du parti socialiste en pleine déshérence idéologique. Ils sont devenus à la fois le critère de l’orthodoxie écologique et l’appoint électoral de leur allié qu’ils ont parasité subtilement au point d’accéder à des fonctions ministérielles.

C’est à Yves Cochet, Ministre Vert  de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement du gouvernement Jospin, qu’on doit l’arrêté de juin 2001 qui a lancé l’effet d’aubaine des usines éoliennes et l’intérêt subit des industriels allemands pour « sauver la France ».
Pour compenser son vide idéologique, Ségolène Royal a fait appel aux idéologues Verts (ayant renié la lutte des classes pour participer à celle des places) moyennant leur attribution de circonscriptions électorales et de postes ministériels et sénatoriaux.
Cette alliance d’égos a accouché de la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte et de ses déclinaisons TÉPOS et TÉPCV pour obtenir la complicité de tous élus régionaux, départementaux et communautaires, par leur dépendance aux subventions étatiques.
Selon son précepte, « en même temps » (dont les deux temps sont asymétriques), Macron reprend cette théologie culpabilisante pour la population, comme si tous les humains impactaient nuisiblement la planète de façon égale, c’est le mantra du politiquement correct : « urgence de sauver la planète » (1er temps fugace : auto-bénédiction verte) et déroule son programme de mesures de « réalisme économique » (2e temps illimité), la financiarisation de l’économie française pour l’insérer dans celle de l’économie mondiale.
De la COP 21 à visée idéologique et diplomatique : faire de la France le phare de la pensée écologique, il est passé avec son One Planet Summit au niveau économique : faire de Paris la capitale mondiale de la finance privée verte. Il est loin le mensonge de son tuteur « la finance est mon ennemie » ! Macron se passe des idéologues de la vertitude comme « mouches du coche ». Il les instrumentalise en faisant de Nicolas Hulot l’exécutant-caution de sa politique énergétique et de François de Rugy le pion chargé d’encadrer les députés et de les mettre « en Marche » au service de la politique gouvernementale : avons-nous pris la mesure de ce changement de management politique ?
Ainsi dans le domaine de l’énergie, réussit-il à concilier le report de la diminution de la part du nucléaire et la « libération » des EnR actée par les préconisations de la commission LECORNU qui livre la ruralité aux financiers et industriels de l’éolien. 

Nous n’avons pas su ni pu contrer l’idéologie de la « vertitude », du développement durable, du verdissement de la recherche du profit maximal. Nous sommes dans l’ère du profitocène décomplexé : quelle réponse au macronisme qui se prépare à légiférer par ordonnances ?
Sommes-nous acculés à des actes locaux de résistance mais sans plan d’ensemble, faute d’avoir analysé le macronisme ?
Il est urgent de décrypter l’idéologie gouvernementale pour la contrer tant par des recours juridiques que par une pression publique sur les parlementaires, en particulier les Sénateurs qui se prévalent de la défense de la ruralité : objectif bloquer le rapport
Lecornu.

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