Le coût exorbitant de l'éolien offshore français

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Benjamin Fremaux est Senior Fellow - énergie, climat de l'Institut Montaigne



La France a accordé 30 milliards de subventions pour des éoliennes offshore produisant 3 gigawatts. C'est trop cher pour une puissance si faible.

« Les énergies renouvelables bientôt toutes compétitives ». C'est ainsi que « Les Echos » titraient un article sur une étude de l'Agence internationale des énergies renouvelables dévoilée mi-janvier. La subtilité est dans le « bientôt » ; l'exemple de l'éolien offshore en France en est une triste illustration. Partie dix ans après ses concurrents d'Europe du Nord, la France a tenté de combler son retard dans l'éolien offshore en attribuant des subventions massives à six projets, lauréats d'appels d'offres organisés à partir de 2011.

L'objectif était, au-delà de l'accélération de la production d'énergie renouvelable, de faire émerger des champions industriels français du secteur, avec en première ligne les développeurs EDF et Engie, et les fournisseurs de turbines, Alstom et Areva, aujourd'hui rachetés par GE et Siemens.

Montants financiers colossaux
L' Etat a mis les moyens en décidant d'accorder à ces projets plus de 30 milliards d'euros de subventions sur une période de vingt ans. Des montants financiers colossaux à mettre en regard de la puissance modeste de ces projets, 3 gigawatts. Cela correspond à celle d'une paire de réacteurs nucléaires de type EPR. Le tout pour une production annuelle 40 % inférieure.

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A ce niveau de subvention, c'est une puissance de 120 gigawatts de solaire photovoltaïque qui aurait pu être financée. L'énergie produite par les grandes centrales solaires au sol, sélectionnées aux derniers appels d'offres, est environ 15 fois moins gourmande en soutien public que celle qui sera produite par l'éolien offshore à l'horizon 2020.

Des tarifs trop chers
Alors que la France s'est fixé des objectifs de développement des énergies renouvelables très ambitieux, l'Etat devrait orienter les moyens alloués aux énergies renouvelables vers les technologies les plus compétitives.
Si, ailleurs en Europe, des appels d'offres pour des projets d'éolien offshore ont été gagnés en 2017 à des prix variant entre 50 et 80 euros par mégawattheure, les tarifs des premiers projets français oscillent entre 180 et 200 euros par mégawattheure.
La France bénéficie non seulement de conditions de vent moins favorables qu'en Europe du Nord, mais, depuis 2011, les turbines disponibles sur le marché ont aussi beaucoup évolué. Les nouvelles éoliennes sont de plus grande puissance (entre 8 et 15 MW), ce qui réduit de manière importante le coût de l'énergie produite et, donc, des subventions nécessaires.
Si la filière industrielle s'organise en France autour de la fabrication de produits de première génération, il n'y a aucune chance qu'elle soit compétitive à l'export. On prend le risque, après quelques années, le temps d'équiper les côtes françaises, qu'il faille restructurer cette filière naissante faute de nouveaux marchés.

Sortir du risque juridique
Malheureusement, tels que sont conçus les appels d'offres français, il y a un risque juridique important à permettre aux consortiums retenus d'utiliser des turbines différentes de celles prévues il y a déjà sept ans. Le gouvernement et les industriels se trouvent pris dans un piège administratif coûteux. Deux voies peuvent être envisagées pour en sortir :

- la première consisterait à remettre en cause ces projets et à indemniser les consortiums. Cette stratégie, déjà éprouvée avec l'écotaxe poids lourd ou l'aéroport Notre-Dame-des-Landes, constituerait un nouveau revers pour l'Etat mais aussi pour la filière industrielle dans son ensemble, qui perdrait la confiance des investisseurs.

- Une seconde solution serait de permettre aux industriels de construire leurs projets avec des machines de nouvelle génération tout en revoyant sensiblement à la baisse le niveau des subventions accordées à ces projets. C'est ce qu'a fait fin 2017 la Belgique qui a gagné près de 4 milliards d'euros en réduisant de 40 % les tarifs accordés initialement. Des moyens juridiques robustes, y compris ceux passant par la loi, doivent être trouvés afin de résister au statu quo.

Ces solutions permettraient à Nicolas Hulot de montrer que la transition énergétique est vraiment solidaire et que tout est fait pour en minimiser le coût.

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