Climat : le gouvernement Trudeau mise aussi sur le nucléaire

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Fannie Olivier
Publié le jeudi 15 mars 2018

Commentaire : est-ce à-dire que le Canada va démanteler les milliers d'éoliennes qui représentent une puissance installée de  11 900 MW (2016)?

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Dans une allocution, la secrétaire parlementaire du ministre des Ressources naturelles a vanté les réacteurs CANDU. Photo : EAC

Le gouvernement de Justin Trudeau voit l'énergie nucléaire comme « un élément important du panier d'énergies propres actuel du Canada » et il fait pression sur l'étranger pour qu'elle soit incluse dans les discussions sur la lutte contre les changements climatiques.
Il s'agit là d'un revirement inattendu, car l'énergie nucléaire ne faisait pas partie du plan climat déposé par Ottawa l'an dernier.
Il existe une occasion à saisir de « placer l’énergie nucléaire au centre des efforts mondiaux pour lutter contre les changements climatiques », selon Kim Rudd, secrétaire parlementaire du ministre des Ressources naturelles, Jim Carr.
Dans un discours prononcé devant l’Association nucléaire canadienne le 22 février, dont Radio-Canada a consulté la version papier, elle a signalé que le Canada s’est allié aux États-Unis et au Japon pour que l’énergie nucléaire soit incluse dans les discussions du Clean Energy Ministerial (CEM), un forum qui se penche sur la transition vers une économie verte.
« Le CEM se réunit à nouveau à Copenhague en mai et nous nous sommes assurés que l’énergie nucléaire aura sa place dans le cadre d’une discussion large et de haut niveau sur une transition mondiale vers une économie faible en carbone », a indiqué Kim Rudd. Elle a ajouté que le Canada sera l’hôte du forum en 2019. « Vous pouvez déjà imaginer quelles seront nos priorités », a-t-elle lancé aux représentants de l’industrie.
Dans son allocution, elle vante les mérites des réacteurs CANDU, que le Canada cherche à exporter, et des petits réacteurs nucléaires, une technologie actuellement en développement. Les deux produisent des déchets radioactifs. Les CANDU génèrent par ailleurs du plutonium, qui pourrait être utilisé à des fins militaires et contribuer à la prolifération nucléaire.
Une porte-parole de Ressources naturelles Canada a confirmé par courriel qu’Ottawa voyait d’un bon œil ce type d’énergie.
« L’énergie nucléaire est un élément important du panier d’énergies propres actuel du Canada et elle continuera de jouer un rôle clé dans la réalisation de l’avenir sobre en carbone du pays », a indiqué Jerri Southcott.
Pourtant, le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques, document phare du gouvernement Trudeau en environnement présenté en décembre 2016, n’évoque pas l’énergie nucléaire comme une façon de diminuer les gaz à effet de serre (GES) au pays ou à l’étranger.

L'énergie nucléaire ne faisait pas partie du plan climat déposé l'an dernier par le gouvernement de Justin Trudeau. Photo : La Presse canadienne/Jason Franson

À contre-courant

Chez les écologistes, on ne s’explique pas du tout ce changement de cap d’Ottawa.
« Ça m’a jeté en bas de ma chaise. J’ai l’impression qu’on retourne 20 ans en arrière, s’étonne Steven Guilbeault, de l'organisme Équiterre. Il n’y a à peu près plus personne qui parle du nucléaire comme d'une solution aux changements climatiques. »
De nombreux pays se sont engagés ces dernières années à cesser progressivement l’utilisation du nucléaire. L’Allemagne, notamment, a proclamé l’arrêt de toutes ses centrales nucléaires dans la foulée de la catastrophe de Fukushima, au Japon. Québec a annoncé en 2012 le démantèlement de son unique centrale, Gentilly-2. Ottawa a par ailleurs vendu la division réacteurs CANDU d’Énergie atomique du Canada limitée (EACL) au secteur privé en 2011.
Aux yeux de Steven Guilbeault, le nucléaire est une énergie coûteuse, non renouvelable et polluante. « C’est très préoccupant, parce que c’est la première fois que le gouvernement Trudeau parle de ça », signale-t-il.
Pierre-Olivier Pineau, de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal, voit cet intérêt soudain du gouvernement fédéral pour le nucléaire d’un autre œil.
« Nos sociétés ayant tellement de difficulté à changer leurs approches, je crois que se dire qu’il faut à la fois lutter contre les changements climatiques et bannir le nucléaire […] est complètement utopique, a-t-il expliqué. Je pense que c’est un moindre mal, de dire qu’on va accepter du nucléaire pour pouvoir sortir plus rapidement des énergies fossiles de notre parc énergétique. »
Le professeur fait toutefois valoir qu'il est impératif que plus d’efforts soient déployés dans les secteurs des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. Il admet par ailleurs que le nucléaire pose d’énormes défis sur le plan de l’acceptabilité sociale.
On compte quatre centrales nucléaires en activité au Canada : trois en Ontario (Bruce, Pickering et Darlington) et une au Nouveau-Brunswick (Point Lepreau). L’Ontario a récemment prévu des investissements de 26 milliards de dollars sur 15 ans pour remettre à neuf ses réacteurs.
Le Canada demeure le deuxième producteur mondial d’uranium, le métal utilisé comme combustible dans les centrales nucléaires. Les gisements sont situés dans le nord de la Saskatchewan.

 

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