L’énergie : un dilemme entre développement et environnement (Tribune)

par Bertrand Barré
 
D’abord, les fondamentaux
-Une exigence éthique : diminuer les différences de développement entre les régions du globe.
-Une exigence environnementale : réduire les émissions de gaz à effet de serre, surtout de CO2, et donc la consommation de combustibles fossiles.
80 % de la consommation mondiale d’énergie primaire provient de la combustion de pétrole, de charbon et de gaz.
L’énergie est au cœur du dilemme entre développement et environnement : toutes les activités humaines (alimentation, logement, agriculture, industrie, transports, communications, etc.) requièrent de l’énergie.
Sans un minimum d’énergie pas de développement possible, mais si l’on continue à produire et consommer l’énergie comme nous le faisons aujourd’hui, nous mettons gravement en danger le climat qui a favorisé le développement humain depuis le Néolithique.


L’électricité est particulièrement utile au développement, mais c’est aussi la source principale des émissions de CO2 liées à l’énergie. Les sources d’électricité « décarbonée » sont le nucléaire et les renouvelables (hydraulique, biomasse, géothermie, éolien et solaire).
Le défaut principal de l’électricité est que l’on ne sait pas la stocker en grande quantité. Ceci complique et limite l’utilisation des sources intermittentes non ajustables à la demande, éolienne et solaire.

Électricité d’origine nucléaire


Le nucléaire est utilisé dans une trentaine de pays pour produire 11 % de l’électricité mondiale.
Même compte tenu de Tchernobyl et Fukushima, son impact sur la santé est faible rapporté à l’énergie produite, mais c’est une technologie peu « pardonnante » : son utilisation en toute sûreté exige des infrastructures scientifiques, techniques et administratives très solides. Elle n’est donc pas aujourd’hui accessible à tous les pays.
La France fait partie de ces pays capables d’utiliser le nucléaire dans des conditions raisonnables de sûreté et d’économie. C’est pourquoi elle émet très peu de gaz à effet de serre, comme la Suède et la Suisse et pour les mêmes raisons.



Les pays qui ont la capacité d’utiliser correctement le nucléaire, et qui décident de l’abandonner, le font au détriment de ceux qui n’ont pas le choix, ce qui évoque pour moi la parabole des talents.
Ils le font aussi au détriment de l’environnement car l’abandon du Nucléaire freine celui des combustibles fossiles. Son remplacement par l’éolien ou le solaire exige un recours au gaz ou, pire, au charbon pour compenser leur intermittence.
On finira sans doute par trouver des solutions au stockage de l’électricité, ce qui fera sauter les limites de l’utilisation des sources intermittentes, mais l’abandon prématuré du Nucléaire serait contraire à l’éthique et à la prudence.

Les déchets nucléaires de longue durée de vie


La gestion des déchets Nucléaires est unique à bien des égards : il s’agit de confiner ces déchets pour en protéger la biosphère pendant quelques 200 000 ans, sachant que le risque éventuel ne se matérialiserait pas avant des centaines de siècles si ces déchets sont stabilisés et stockés  en couche géologique.
C’est unique de se préoccuper aujourd’hui de conséquences possibles aussi lointaines, mais c’est une exigence éthique.
Même  si l’on arrêtait aujourd’hui le nucléaire, il faudrait gérer les déchets accumulés depuis plus de 60 ans (la première production d’électricité d’origine nucléaire en France date de 1956, dans le réacteur G1 à Marcoule).
Le stockage des déchets de longue durée de vie en couche géologique profonde et stable est aujourd’hui considéré par la majorité de la communauté scientifique internationale comme la meilleure solution à  leur gestion durable.
Cette conviction est renforcée par l’étude d’analogues naturels comme les réacteurs fossiles d’ Oklo, dont les déchets radioactifs à longue durée de vie sont restés confinés presque deux milliards d’années.
Pour ne pas exclure la possibilité d’une future découverte de solution encore meilleure, la loi française impose au stockage CIGEO d’être réversible.
En préparant le stockage géologique, les acteurs du Nucléaire se conforment  à  ce que le sociologue Max Weber appelle « l’Éthique de responsabilité » : ajuster ses actions pour en minimiser les conséquences nuisibles que l’on prévoit.
En revanche, la militance relève de « l’éthique de conviction », et la conviction des militants antinucléaires est que le nucléaire doit être arrêté par tous les moyens. Notons que beaucoup ne font pas de distinction entre nucléaires civil et militaire
En France, où l’on recycle les matières récupérées lors du traitement des combustibles irradiés et où l’on conditionne les déchets, le « maillon faible » du nucléaire reste la gestion ultime des déchets de longue durée de vie, tant que CIGEO n’est pas opérationnel.
C’est pourquoi les militants antinucléaires cherchent à en bloquer la réalisation, pour pouvoir continuer à affirmer que cette gestion ultime est impossible, et donc qu’il est urgent d’arrêter la production de déchets , autrement dit, d’arrêter le nucléaire.
Bien sûr, s’ils parvenaient à leur fin, ils empêcheraient la gestion de ces déchets déjà produits depuis plus de 60 ans que nous évoquions plus haut…

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