PPE : « les citoyens doivent prendre conscience des enjeux »

par Bertrand Pancher
Publié le 27.03.2018

Alors que les débats de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) ont été lancés le 19 mars, la rédaction du Monde de l’énergie donne aujourd’hui la parole à Bertrand Pancher, député de la Meuse et très impliqué dans les questions liées aux politiques énergétiques.

Qu’attendez-vous de la PPE qui vient de s’ouvrir ?

J’attends qu’elle clarifie nos conditions de respect de nos grands objectifs environnementaux, et le premier d’entre eux celui de la diminution de gaz à effet de serre.
C’est par là qu’il faut commencer les choses. Ce n’est pas le tout de dire « Moi je veux moins de nucléaire, plus d’énergies renouvelables voire davantage de gaz », il faut sortir des incantations.
Nous nous sommes fixés un objectif de 80% de réduction de gaz en 2050 et 40% en 2030, et cela passe par le développement d’électricité dans le cadre de nos modes de transport, et par conséquent par un modèle de transition énergétique qui soit cohérent.

Appelez-vous les citoyens à se saisir de ce débat public ?

J’attends que le débat public repose clairement les objectifs qui ont été stipulés dans les dernières lois, notamment l’augmentation des énergies renouvelables et la baisse de la part de l’énergie nucléaire, et que l’on démontre les contradictions dans ce domaine.
Ensuite, je souhaite que l’on indique la part des efforts qui sont à réaliser. Et peut-être qu’en fonction des options choisies, il faudra réduire notre consommation énergétique ou faire des efforts considérables en terme de montée en puissance des renouvelables et de la chaleur renouvelable. Et tout cela a un coût. J’attends, dans le cadre du débat, qu’il y ait une réelle prise de conscience de nos concitoyens des enjeux. Il faudra le moins mauvais des modèles…


Quelles sont les priorités selon vous pour atteindre ces objectifs ?

Il faut d’abord mettre cartes sur table les enjeux. C’est un leurre de penser que l’on va diminuer la consommation électrique. Nous avons d’un côté l’énergie nucléaire qui ne produit pas de gaz à effet de serre et de l’autre les énergies renouvelables et la chaleur renouvelable qui nécessitent d’être soutenues financièrement. En fonction de l’évolution de telle ou telle production, il y a des moyens ou non à mettre en œuvre. Si, par exemple, vous souhaitez faire progresser la production de chaleur renouvelable, c’est à dire de gaz vert, il faut faire exploser nos unités de mécanisation. Et nous n’allons pas nous en sortir avec 200 millions d’euros dans le cadre du fonds chaleur. Par conséquent, nous allons nous rendre compte que nous avons de moyens supplémentaires pour développer les énergies renouvelables.
C’est un leurre de vouloir imaginer la sortie du nucléaire pour le moment.

Des ONG craignent un débat tronqué pendant cette PPE… Ils estiment que la réduction du nucléaire et la fermeture du nombre de réacteurs devra être indiqué à l’issue de cette PPE. Pensez-vous que les débats tournent uniquement autour de la question du nucléaire ?
J’attends que la PPE parle des vraies trajectoires et des vrais chiffres pour une fois. On s’est moqué du monde avec la loi sur la Transition énergétique en partant sur des objectifs intenables.La part de réduction du nucléaire n’est pas tenable, l’objectif de la montée des renouvelables ne peut l’être qu’à partir du moment où l’on met des moyens forts. Le débat est très ouvert. Chacun doit se rendre compte des conditions de cheminement sur cette trajectoire de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre. Arrêtons les incantations ! Regardons les réalités en face ! J’espère qu’à l’issue de la PPE nous aurons des positions moins tranchées et s’opposant les unes aux autres.

Quel mix électrique préconisez-vous ?

Je suis persuadé que le mix de demain sera un couple nucléaire énergies renouvelables.

Dans le domaine de l’habitat, la filière du bâtiment attend aussi de réelles perspectives…
La PPE est liée à la demande énergétique et à la consommation. Et l’un des premiers postes réside dans le chauffage et le logement. Si nous restons sur les 500 000 rénovations lourdes par an, il y a loin de la coupe aux lèvres pour le moment. La PPE doit indiquer les conditions d’augmentation de la rénovation énergétique en termes de moyens et de rationalisation de nos intervenants et du nombre d’acteurs. Une des raisons pour lesquelles nous rénovons si peu de logements en France provient du fait qu’il y a une multiplicité d’acteurs et une telle insuffisance de décentralisation. L’ Etat passe son temps, matin, midi et soir, à changer de stratégie. La PPE doit jeter un coup d’œil sur les raisons des échecs des rénovations thermiques depuis le Grenelle de l’environnement.

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