Malgré le sévère état des lieux dressé par la Cour des comptes en mars 2018 concernant l’évaluation des instruments de lutte contre le réchauffement climatique, l’exécutif confirme le projet d’éolien offshore français dont il est clair qu’il n’aura aucun débouché à l’international et hors subventions massives puisqu’il produit une électricité trois fois plus chère que le prix de marché.
Les forêts ne sont pas la porte d’entrée habituelle pour faire un documentaire politique…
Avant, comme l’immense majorité des Français, je ne connaissais rien de la forêt. C’est à peine si je savais identifier quatre espèces d’arbres ! Il y a 10 ans, je me suis installé sur le plateau de Millevaches, en Creuse, une région fortement boisée. Je me croyais au milieu d’un espace naturel et préservé, mais je me suis vite rendu compte que ces forêts étaient en réalité très récentes et artificielles. Elles avaient été plantées après la Seconde Guerre mondiale, suite à la déprise agricole. Ces forêts subissent maintenant une exploitation intensive et brutale. Entre 1 000 et 1 500 hectares sont coupés à blanc chaque année sur le plateau, laissant la terre à nu et de grandes balafres dans le paysage. Nous sommes à la pointe d’un phénomène d’accélération de l’industrialisation des forêts, qui se généralise partout en France. J’ai conçu ce film comme un voyage dans le monde de la gestion forestière et de ses bouleversements.
Quels sont justement les bouleversements entraînés par l’industrialisation ?
On observe d’abord une simplification de la sylviculture avec la généralisation des monocultures, l’enrésinement, la promotion d’essences à croissance rapide, l’usage de pesticides et d’engrais, la banalisation de la coupe rase… En bref, nous répétons les mêmes erreurs qu’au sein de l’agriculture productiviste. On raccourcit aussi les cycles de coupes. Avant, quand on plantait un arbre, on n’imaginait pas le récolter soi-même. C’était pour les enfants ou les petits-enfants. On essaie désormais de faire coïncider le temps de l’arbre avec le temps du marché. On coupe des douglas en pleine adolescence, à 40 au lieu de 80 ans ! Les années 1990 ont vu l’arrivée d’une mécanisation lourde qui a transformé le travail en forêt. Les abatteuses ont remplacé les bûcherons manuels dans le Massif central ou dans les Landes. Ces énormes machines peuvent remplacer le travail de sept à douze bûcherons en fonction des parcelles. En aval, les scieries se sont adaptées en s’équipant de scies ultraperformantes avec des débits importants. Les industriels ont fait entrer la forêt dans l’ère du « just in time ». Elle doit se standardiser, produire du bois bien calibré et des rendements prévisibles. Avec cette logique, ce n’est pas à la machine de se plier au vivant, mais à la forêt de s’adapter à l’industrie.