Electricité : oublier les fondamentaux et subir une défaite en rase campagne, au pied d'une éolienne

J.F Raux

On entend souvent dire que telle nouvelle production d' ENR va produire les KWh nécessaires à alimenter telle ville. C'est bien sûr une image simpliste, mais surtout fausse.
[exemple : "Saint-Michel-et-Chanveaux. Le parc éolien alimentera 11 500 habitants par an"]
En effet, un raisonnement en moyenne en énergie, KWh, n'est pas valable en électricité. Puisque les ENR ne produisent pas toujours quand on en a besoin. Le soir, en hiver, moment de grosse consommation, il n'y a pas de soleil. Donc pas d'électricité solaire. Quand il fait très froid, cela est souvent lié à la présence d'un anticyclone important, donc absence de vent également.
C'est pourquoi, le principe de base en électricité est qu'à tout instant "t" la puissance, MW, appelée par les consommateurs doit être équilibrée par la puissance des usines de production, centrale, barrage,..., en ligne : c'est la notion de puissance garantie, fondamentale.

Une puissance garantie, c'est une puissance disponible quand on en a besoin. Ce concept propre à l'électricité est lié au fait qu'elle ne se stocke pas. Sauf marginalement, dans des barrages que l'on remplit en période de faible appel de puissance, la nuit, : c'est ce que l'on appelle les
stations de transfert d’énergie par pompage (STEP). Les autres moyens de stockage resteront négligeables en volume et très coûteux pour des années. Si il y a un défaut de puissance garantie face à la puissance appelée par les consommateurs, c'est le... black-out. Le système s'effondre.

Par définition, la puissance des ENR n'est pas garantie. Elle dépend des caprices du vent et du soleil. Il faut donc pouvoir pallier à leur insuffisance par des centrales : charbon, gaz, nucléaire..., dites de backup.
Par exemple, pour l'éolien terrestre, 100MW installés, construits, donnent 20MW utiles en moyenne, mais NON GARANTIS : on n'est pas sûr qu'ils soient là quand on en a besoin, c'est tout bête. Ne pas compter ces centrales de backup dans les coûts de revient des ENRi et leur bilan carbone est une escroquerie intellectuelle. Il en ira de même pour le coût des moyens de stockage demain ou après demain, si ils émergent...

Mais ne peut-on pas jouer sur la flexibilité de la puissance appelée par les consommateurs ?
En théorie, oui. Mais il faut savoir deux choses :
-La première, c'est que depuis la mise en place du marché de l'électricité, on a perdu 8GW d'effacements, clients qui diminuent la puissance appelée, soit l'équivalent de 5 centrales type Fessenheim, car le marché ne rémunère plus les effacements suffisamment.
-La deuxième, c'est qu'à la pointe d'hiver, plus de 70% des appareils ménagers, lave-vaisselle, linge, etc..., sont en route alors que des automatismes pourraient reporter leur fonctionnement la nuit. Je dis bien des automatismes relevant de l'IA.

La conscience écolo c'est bien, mais c'est pas fiable. Les automatismes c'est mieux. La question est alors bien sûr : comment payer et rentabiliser ces automatismes alors que les signaux de prix ne sont pas suffisants, échec des sociétés spécialisées dans les effacements.
Ces exemples simples montrent que le système électrique est uns système technico-économique "dual" : sa tarification a pour objet d'ajuster la demande en puissance à la production en puissance et réciproquement. C'est ce qu'avait inventé Marcel Boiteux.
Le principe économique en est qu'un système électrique se dimensionne, nombre et taille des centrales à puissance garantie à construire, de système d'effacements garantis à mettre en place :

-par la puissance, 
-par l'optimisation de l'exploitation par l' énergie : la mise en route des centrales par ordre de coût de production croissant.
Or, la mise en place du marché de l'électricité basé uniquement sur le prix de l'énergie "moyen" sur la place européenne, avec des pays qui ont des profils de production/consommation différents, a détruit cette construction tarifaire, très performante en France.

Depuis, on rame et on nage en pleine pensée magique car le marché ne remplit aucun de ses deux rôles fondamentaux :

  • investir ; aucune centrale nouvelle ne peut vivre du marché ; 
  • optimiser ; les prix de points sont nettement trop bas.
En plus, la production aléatoire des ENR a foutu le bazar sur ce marché : par exemple, quand il y a beaucoup de vent et peu de demande, on a des prix négatifs. On paye pour consommer. La black Friday est une plaisanterie à coté !

Conclusion

Il faut que quelques personnes incitent les politiques et l'Europe à revenir à un système rationnel qui colle aux fondamentaux du système électrique actuel ; mais cela c'est une autre paire de manche !


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