Haute-Marne : une histoire de trains, épisode IV

"Les villageois s'attardaient au seuil de leurs maisons. Au loin, roulaient des trains, qui clamaient des cris éperdus. Les femmes se penchaient vers l'ombre, incurablement tristes de n'avoir pas connu les beaux départs. Et quand le train était passé, elles prêtaient encore l'oreille : la grande plaine d'été chantait sur les grillons, les grenouilles et le silence. Elles pensaient alors qu'elles étaient nées de ce village, qu'elles avaient vécu comme leurs mères, ni heureuses, ni malheureuses et qu’après tout, il n' y avait rien à redire à cela."
Marcel Arland, Terres étrangères, Varennes, 1923. 


Gare de Vaillant

  En gare de Vaillant, située vers le milieu de la ligne, il est parfois nécessaire d'ajouter de l'eau pour les chaudières des locomotives à vapeur. Il a donc fallu construire un château d'eau pour les ravitailler. 
  Ce réservoir est alimenté par une station de pompage qui refoule l'eau pompée dans l'étang de Besseveaux située sous le village à 2 km de là.
  Un petit café construit tout près de la gare par François Donnot, menuisier à Montsaugeon, brûle avant la guerre de 1914.
  Le père Etienne était un chef de gare sérieux, toujours bien habillé avec la tenue officielle. Il s'occupait des manœuvres et surveillait tout dans la gare. Il était la terreur des chargeurs de wagons. Si un bout de bois dépassait de quelques millimètres au passage du gabarit, il disait " déchargez-ça" et il fallait recommencer le même travail. De temps en temps, il était remplacé par une intérimaire. Cela ne lui plaisait pas. Il disait : "une femme dans une gare, c'est comme une poule dans un jardin"... Ensuite Franck et Lefèvre, puis Mme Barot on tenu cette gare. 
  De 1922 à 1963, la fromagerie Germain de Chalancey expédie ses célèbres petits fromages vers la région parisienne. Le charbon et les emballages nécessaires à l'usine arrivent par le train. Cette entreprise sera la seule à essayer de protester contre la suppression de la ligne.



  De 1942 à 1944, un cuisinier parisien se reconvertit en charbonnier et habite à Aujeurres. Chaque jour, il part travailler en forêt du mont Saule où il cuit la charbonnette sous des meules de métal. Le charbon est ensuite transporté par Georges et Marcel Monier jusqu'à la gare de Vaillant où il est trié à la fourche à cailloux, remis en sacs de 50 Kg et empilé sous le hall. La société pétrolière Desmarais commercialise ensuite ce produit dans les villes.
  La gare expédiait encore le bois qu'une machine très bruyante déchiquetait au-dessus de Musseau, sur la route de Chalmessin. Les employés de chez Nozal s'activaient à son bon fonctionnement.
  En été 1944, des locomotives sabotées par des maquisards étaient stationnées sur une voie de garage. Des avions chasseurs alliés qui survolaient la région les ont mitraillées!
  En 1970, la gare est vendue à la société Elhyporc dont les actionnaires étaient deux industriels laitiers de la région, Marcoux et Germain. Ils ont fait construire de vastes bâtiments et une cuve à lisier immense. 
  Plus de 1 000 cochons étaient élevés là. 130 truies produisaient des porcelets. Le lisier a enrichi les champs et parfumé l'air de la région pendant quelques années. L'établissement repris par M.Blanchot a dû s'arrêter suite à la mévente du porc. 





À suivre...

Bernard Sanrey, Le petit train de la montagne haut-marnaise, de Langres à Poinson-Beneuvre, pp. 26-27, 1990.


 


Aujourd'hui



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