Haute-Marne, Langres : pourquoi la ville ne sera jamais une des « merveilles du monde », inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l' Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, UNESCO

" 1052 biens sont aujourd’hui inscrits à la liste du patrimoine mondial "
   Et le nom de la ville de Langres n'y figurera jamais! Pourquoi? Car, une minorité de personnages, préfets, élus locaux, propriétaires terriens, exploitants agricoles et, " cueilleurs-chasseurs de subventions publiques " éoliens, ont, au nom du pognon " durable " et " écolo ",  cerné, méticuleusement, petit à petit, la ville de centaines de machines, visibles depuis les remparts, et, ainsi, lui interdisant toute chance d'obtenir un jour un classement au Patrimoine mondial de l' Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture, UNESCO, synonyme de préservation du patrimoine, de financement pour l'entretenir et, d'une exploitation touristique remarquable, mettant en avant cette reconnaissance.
   " Langres, sur son rocher,
Moitié fou, moitié enragé.
"
   Aujourd'hui, nous sommes enragés!

jhm magazine


 


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Le Patrimoine de l’Humanité, une approche renouvelée des rapports Homme, Cultures, Nature

Yâsimîn Vautor
AUE, architecte DPLG Membre d’ ICOMOS France et du groupe de travail de l’ UICN
sept. 2016

  1052 biens sont aujourd’hui inscrits à la liste du patrimoine mondial. Créée après la seconde Guerre mondiale, cette reconnaissance internationale est conçue pour contribuer au rapprochement et à la compréhension mutuelle des Hommes, par le partage et la promotion de mêmes valeurs, de « valeurs universelles et exceptionnelles » communes. Cette assertion se présente comme un moyen de faire voir au monde le meilleur de ce que porte l’humanité et d’en assurer, par ce même mouvement, la préservation : chefs d’œuvre de la création humaine, lieux d’échanges d’influences considérables, exemples éminents d’un type de construction ou d’un ensemble architectural figurent parmi les 10 critères admis et obligatoires auxquels doivent répondre les candidatures. 
 
 
Le fleuve Maroni marquant la frontière entre la Guyane et le Suriname en “Pays amérindien”, commune de Maripasoula. © Yâsimîn Vautor.

  Les biens inscrits au Patrimoine mondial sont donc les miroirs officiels du meilleur de ce qui nous caractérise dans notre rapport aux autres et au monde, de ce que nous souhaitons transmettre aux futures générations, de ce qui nous transcende.
  Pourtant, une analyse succincte des principaux traits des biens inscrits invite à reconsidérer cette présupposée représentativité des « merveilles du monde » : les pays européens apparaissent en effet comme ultra-majoritaires, phénomène d’autant plus étonnant au regard de leur contribution démographique relative face à la croissance mondiale. Quant au rapport Homme-Nature lié au patrimoine culturel, il donne souvent la part belle aux paysages très fortement anthropisés où l’homme a construit des dispositifs monumentaux qui affichent le dépassement d’une nécessité de construire, apposant leurs marques sur l’espace, la nature et le temps. L’immatériel y est traité à part, comme si l’espace habité par les hommes ne relevait pas de pratiques, de connaissances, de récits essentiels à la constitution et à la transmission de l’esprit des lieux.
  Qu’en est-il des perceptions autres du rapport à l’art de construire et de concevoir l’espace ? Quelles attitudes adopter pour que les biens inscrits au patrimoine de l’Humanité illustrent véritablement la richesse et la diversité des rapports des Hommes à leur environnement et ne tendent pas finalement à reproduire les inégalités observées dans les rapports Nord-Sud ou pays développés - pays en développement ? Comment valoriser les cultures « minoritaires » illustrant d’autres rapports au monde et d’autres clés de lecture et d’appréhension de la notion de patrimoine ?
  Dans le contexte actuel de tensions et de violences mondialisées où sévissent rapports de force et négations identitaires, où certains intellectuels et politiques n’hésitent plus à parler de « guerres de civilisations », mettre l’accent sur le devoir de représentativité d’un outil de reconnaissance aussi fort que le patrimoine mondial n’est pas une gageure. C’est une nécessité urgente.
  Quel rôle la France peut-elle jouer face à cet enjeu ? Quel rôle pouvons-nous avoir en tant que professionnels et acteurs impliqués dans la valorisation de nos territoires et des formes de patrimoines qui s’en nourrissent ? 
 
 
 
Scène de découpe des colosses de la façade du grand temple d’ Abou Simbel lors du sauvetage des deux temples d’ Abou Simbel en 1964-1968. Source : Wikipédia

Patrimoine mondial, ou la naissance d’une conscience mondialisée de la notion de valeur patrimoniale
   Les Nations Unies sont nées de la volonté des hommes et des femmes de « préserver les générations futures du fléau de la guerre ». En application de ce principe, l’ UNESCO est créée sur une idée forte exposée dans les premières phrases de son acte constitutif : « les guerres prenant naissance dans l’esprit des Hommes, c’est dans l’esprit des Hommes que doivent être élevées les défenses de la paix ». Concrètement, l’événement qui a suscité une prise de conscience internationale particulière a été la décision de construire le barrage d’Assouan en Égypte, projet inondant la vallée des temples d’Abou Simbel. En 1959, l’ UNESCO lance une campagne internationale à la suite d’un appel des gouvernements égyptien et soudanais pour sauver ce patrimoine exceptionnel. Une forme de conscience mondialisée de la valeur universelle et exceptionnelle de biens et sites est alors mise en perspective, intellectualisée et amplifiée.
  Dans le monde d’aujourd’hui, mondialisé, connecté et interdépendant, la question de la diversité culturelle demeure un sujet important de débats et de revendications populaires et intellectuelles : pas de gouvernance durable sans prise en compte de la diversité culturelle, pas de développement économique et social possible dans le mépris ou l’ignorance de la spécificité de chaque culture.

Un patrimoine représentatif de « toute l’Humanité » ?
  Depuis son adoption en 1972, la Convention du Patrimoine mondial constitue un instrument juridique de premier plan pour promouvoir l’identification et la préservation de sites naturels et culturels reconnus pour leur valeur universelle exceptionnelle, c’est-à-dire dont l’importance, selon l’ UNESCO, « transcende les frontières nationales et présente le même caractère inestimable pour les générations actuelles et futures de l’ensemble de l’humanité ». L’objectif est d’assurer la protection d’un patrimoine matériel perçu comme un bien universel, indépendamment du territoire dans lequel il s’inscrit, dépassant la notion de frontière et d’appartenance thématique « nature » et « culture ». Le Comité du patrimoine mondial, principal organe opérationnel de la convention, intègre au sein d’un document intitulé “ Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial ”, de nouveaux concepts, connaissances ou expériences. Elle ouvre même à la définition d’une nouvelle notion, le « paysage culturel », qui tend à apporter une lecture plus ouverte, holistique, de la notion de patrimoine. Mais est-ce suffisant ?
  Dans la pratique, l’analyse de la liste du Patrimoine mondial fait toujours apparaître de nombreux déséquilibres.

Déséquilibre géographique au détriment des « pays du Sud »
  Une étude globale, effectuée par le Conseil international des monuments et des sites, ICOMOS, a révélé il y a 30 ans déjà que l’Europe, les villes historiques et les monuments religieux, le christianisme, les époques historiques et l’architecture « élitiste », par opposition à l’architecture dite « vernaculaire », étaient surreprésentés sur la liste du patrimoine mondial, alors que les cultures dites « vivantes », et en particulier les « cultures traditionnelles », étaient sous-représentées. En 2017, les cultures africaines ou d’Amérique Latine peinent encore à être représentées. Et lorsqu’elles le sont, elles y figurent souvent grâce à leurs aires naturelles ou aux riches témoignages d’une époque coloniale révolue.


 
Au brésil, la ville historique d’ Ouro Preto, classée par l’ UNESCO pour la richesse de son patrimoine… colonial. © Vincent Ko Hon Chiu, illustration officielle UNESCO

  Près de la moitié des biens inscrits se situent en Europe et en Amérique du nord, alors que les pays d’Afrique ne rassemblent que 17% des sites inscrits. En Amérique du Sud, 10 biens sont inscrits en Argentine, 41 millions d’habitants, 2 766 890 km², 20 au Brésil, 206 millions d’habitants, 8 514 876 km²…et 42 biens inscrits en France. Même si la question de la représentativité ne relève pas d’un impératif quantitatif ou d’un calcul de proportionnalité, ces décalages manifestes posent tout de même question.

Culture / Nature : tendre vers un meilleur équilibre En janvier 2014, sont dénombrés 759 sites culturels, 193 biens naturels et 29 biens mixtes.
   En janvier 2014, sont dénombrés 759 sites culturels, 193 biens naturels et 29 biens mixtes.
 
 
 
 La calanche de Piana, en Corse, l’un des rares sites naturels français reconnus par l’ UNESCO. Source : Wikipédia

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