Climat : le catastrophisme est de mise... au vert foncé

« Quand nous regardons loin devant nous dans l’avenir et que nous essayons de nous représenter les générations futures, avec leurs millions d’individus, et la forme encore inconnue de leurs mœurs, de leurs ambitions, mais qu’alors une question nous interrompt : d'où seront-ils venus tous ceux-là, et où sont-ils à présent? Où est donc la féconde matrice de ce néant gravide de mondes, qui cache encore les générations à venir? À cette question la vraie et souriante réponse ne serait-elle pas : où pourrait-il donc bien être sinon là et seulement là où le réel a toujours été et sera, dans le présent et dans ce qui le constitue, et donc en toi, l’étourdi qui demande et que son ignorance de lui-même fait ressembler à la feuille de l’arbre, qui se voit jaunir à l’automne, est tout près de tomber, et se lamente sur sa fin prochaine et au lieu de trouver consolation en songeant à la fraîche verdure qui au printemps reviendra habiller l'arbre continue à se plaindre : Ce n’est pas moi, ça! Ce sont d’autres feuilles! Ô feuille imbécile! Où penses-tu aller? Et d’où crois-tu que viennent les autres? Où est donc ce néant dont tu redoutes tant le gouffre? Reconnais donc qui tu es, cela justement, qui est si rempli de la soif de vivre, reconnais-le dans la forme intime, secrète et puissance de l’arbre, la seule et la même durant toute les générations de feuilles, insensible aux naissances et aux morts. » 
A. Schopenhauer 1788-1860

 
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Ces dernières semaines, les journalistes et les défenseurs de l'environnement ont fait un certain nombre de prédictions apocalyptiques sur l'impact du changement climatique. L'écologiste Bill McKibben a suggéré qu'en Australie, les incendies causés par le climat avaient rendu les koalas « pratiquement éteints ». Extinction Rebellion affirme : « Des milliards de gens mourront » et « la vie sur Terre est en train de s'éteindre ». Vice magazine soutient que « l'effondrement de la civilisation a peut-être déjà commencé ».
Peu ont plus attiré l'attention sur cette menace que la militante étudiante Greta Thunberg et la représentante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, sponsor du Green New Deal. Cette dernière prétend que « le monde va s'écrouler dans douze ans si nous ne nous attaquons pas au changement climatique ». Dans son nouveau livre, Thunberg affirme : « Vers 2030, nous serons en situation de déclencher une réaction en chaîne irréversible hors du contrôle humain, qui conduira à la fin de la civilisation telle que nous la connaissons. »

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Parfois, les scientifiques eux-mêmes font des affirmations apocalyptiques. Si la terre se réchauffe de quatre degrés, « il est difficile de voir comment nous pourrions accueillir huit milliards de personnes, voire la moitié d'entre elles », a déclaré l'un d'entre eux, Johan Rockström, directeur de l'Institut de Potsdam pour la recherche sur l'impact du climat. Si le niveau de la mer s'élève autant que le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat le prévoit, un autre scientifique, Michael Oppenheimer, professeur des sciences de la Terre à Princeton, a déclaré : « Ce sera un problème ingérable. »

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Des déclarations apocalyptiques comme celles-ci ont des répercussions dans le monde réel. En septembre, un groupe de psychologues britanniques a déclaré que les enfants souffrent de plus en plus de l'anxiété causée par le discours effrayant sur le changement climatique. En octobre, un militant d'Extinction Rebellion (XR) – un groupe environnemental fondé en 2018 pour désobéir civilement afin d'attirer l'attention sur la menace que les changements climatiques font peser sur l'existence humaine – et un vidéaste ont été frappés et battus dans une station du métro londonien par des voyageurs en colère. Et fin novembre, un cofondateur de XR a déclaré qu'un génocide comme celui de l'Holocauste « se reproduisait, à une bien plus grande échelle, et à la vue de tous » à cause du changement climatique.
Le changement climatique est une question qui me tient à cœur et à laquelle j'ai consacré une partie importante de ma vie. J'ai été politiquement actif sur cette question pendant plus de vingt ans et j'ai fait des recherches et écrit à ce sujet pendant dix-sept ans. Au cours des quatre dernières années, mon organisation, Environmental Progress, a collaboré avec certains des plus grands climatologues du monde pour empêcher les émissions de carbone d'augmenter. À ce jour, nous avons contribué à prévenir l'augmentation des émissions, pour l'équivalent de 24 millions de voitures supplémentaires sur les routes.
Je tiens également à rétablir l'exactitude des faits et de la science et j'ai, ces derniers mois, corrigé la couverture médiatique inexacte et apocalyptique des incendies en Amazonie et en Californie, qui ont été présentés à tort comme étant principalement attribuables aux changements climatiques.

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L'approche catastrophiste du changement climatique est autodestructrice

Les journalistes et les militants ont l'obligation de décrire les problèmes environnementaux avec honnêteté et précision, même s'ils craignent que cela réduise la valeur de ces nouvelles ou leur impact sur le public. Il y a des preuves concordantes du fait que l'approche catastrophiste du changement climatique est autodestructrice, car elle détourne et polarise de nombreuses personnes. Et exagérer le changement climatique risque de nous éloigner d'autres questions importantes, y compris celles sur lesquelles nous pourrions avoir un meilleur contrôle à court terme.
Je ressens le besoin de le dire d'emblée parce que je veux que les questions que je m'apprête à soulever soient prises au sérieux et ne soient pas rejetées par ceux qui qualifient de « négationnistes du climat » ou de « retardateurs du climat » ceux qui repoussent l'exagération.

Cela étant posé, examinons si les données scientifiques appuient ce qui a été dit.

Premièrement, aucun organisme scientifique crédible n'a jamais dit que les changements climatiques menacent la civilisation d'effondrement et encore moins l'espèce humaine d'extinction. « Nos enfants vont mourir dans les 10 à 20 prochaines années. » Quel est le fondement scientifique de ces allégations ? » Andrew Neil, de la BBC, a interrogé le mois dernier une porte-parole de XR visiblement mal à l'aise. « Il est vrai que ces affirmations ont été contestées », répond-elle. « Il y a des scientifiques qui sont d'accord et d'autres qui disent que ce n'est pas vrai. Mais le problème général, c'est que ces morts vont bien se produire. » « Mais la plupart des scientifiques ne sont pas d'accord avec cela » poursuit Neil. « J'ai examiné les rapports du Giec et je ne vois aucune référence à des milliards de personnes qui mourront, ou à de telles conséquences pour les enfants dans 20 ans. Comment mourraient-ils ? » « Des migrations de masse à travers le monde ont déjà lieu en raison de la sécheresse prolongée qui sévit dans certains pays, en particulier en Asie du Sud. Il y a des incendies de forêt en Indonésie, dans la forêt amazonienne, en Sibérie, dans l'Arctique », dit-elle.

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TRIBUNE. Pourquoi les affirmations catastrophistes sur le climat sont fausses
Pour l'écologiste pragmatique Michael Shellenberger, les déclarations apocalyptiques s'avèrent scientifiquement erronées et politiquement contre-productives.
 

Michael Shellenberger*
10/12/2019

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