Energie : plus de production renouvelable intermittentes (EnRi) = plus de consommation de gaz = guerre? Opinion publique, réveilles-toi!

On croit mourir pour la patrie… Par Anatole France (1922)

" On y verra notamment (ce dont nous avions déjà tous deux quelque soupçon) que la guerre mondiale fut essentiellement l’œuvre des hommes d’argent, que ce sont les hauts industriels des différents États de l’Europe qui, tout d’abord, la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent. Ils en firent leur état, mirent en jeu leur fortune, en tirèrent d’immenses bénéfices et s’y livrèrent avec tant d’ardeur, qu’ils ruinèrent l’Europe, se ruinèrent eux-même et disloquèrent le monde. [...] Ainsi, ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pas pourquoi ils mourraient. Ils en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l’ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels."

Source : La souris verte

100 ans plus tard, bis repetita? 


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Chronique d'un conflit ordinaire

Jean Pierre Riou 

18/12/2019

Où il apparaît que le recours au gaz, rendu incontournable par le développement des énergies renouvelables intermittentes, a vocation à déstabiliser l’équilibre géostratégique mondial avec d’autant plus de certitude que ses réserves sont appelées à s’épuiser.

L'escalade en méditerranée orientale
Les découvertes en 2009 et 2010 d’importants gisements d’hydrocarbures dans les fonds marins de méditerranée orientale ont contribué à déstabiliser la région.
Les perspectives de manne pétrolière ont notamment exacerbé les tensions tribales libyennes, ainsi que l’analyse l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) [1].
En janvier 2019, le Forum de la Méditerranée [2] s’est efforcé d’exclure la Turquie de l’exploitation de ces ressources.
Décidée de jouer avec le feu et provoquant la colère de l’Europe, la Turquie a néanmoins entrepris des forages illégaux [3].
En réaction à ce passage en force, le Conseil européen à adopté, début novembre, un cadre de mesures [4] permettant de sanctionner ces activités illégales de forage.
Fin novembre, un accord turco-Libyen [5] de délimitation maritime, partageait l’exploitation entre les deux protagonistes et évinçait la Grèce et Chypre de leurs droits.
La tension est montée d’un cran le 6 décembre, avec l’expulsion de Grèce [6]de l’ambassadeur libyen.

Le recours aux armes
Hier, 16 décembre, Ankara  renforçait son bras de fer [7] et revendiquait ses droits en faisant atterrir un drone armé de l’armée turque dans le nord de l’île de Chypre*.
Selon Zone Militaire [8], ce drone tactique Bayraktar TB2, pourrait être armé de missiles anti-char UMTAS.
Le même jour, le Parlement d’Ankara avait entériné les accords turco libyens et le président Erdogan montrait sa détermination en annonçant l'engagement des soldats turcs [9] dans la guerre civile libyenne.
*Rappelons que la République Turque de Chypre du Nord (RTCN)[10] est issue de l’invasion par l’armée turque du nord de Chypre, voilà plus de 40 ans.
République qui n’est reconnue, depuis, que par la Turquie.

Les leçons d’un passé récent
Les conséquences potentielles d’un conflit de ce type doivent être évaluées à la lumière de l’imbroglio du conflit syrien. Et le rôle des enjeux concernant l’acheminement du plus gros gisement de gaz au monde, le gisement irano-qatari de South Pars.
Malgré le caractère religieux des rivalités en présence, le Qatar affichait une volonté géopolitique de construire un gazoduc « sunnite » destiné à approvisionner l’Europe par voie terrestre, afin d’éviter la surveillance étroite des méthaniers par l’Iran au passage du détroit d’ Ormuz, ainsi que l’expliquait David Rigoulet-Roze [11], chercheur rattaché à l’Institut d’Analyse Stratégique (IFAS). TV5Monde, qui rapporte cette analyse, révèle que lors de la Conférence de Doha (2012), le Qatar aurait signé un protocole avec l’opposition syrienne, qui garantissait le passage du gazoduc dans la Syrie de l’après Bachar el-Hassad. Ce dernier avait en effet avait opté pour le « gazoduc chiite » destiné à acheminer le gaz jusqu’au port syrien de Tartous d’où les méthaniers auraient pu s’approvisionner.  
L’option qatari, qui représentait pour l’Europe une alternative à une trop grande dépendance du gaz russe, avait le soutient des Occidentaux, États-Unis et France en tête.
Mais le soutien armé de la Russie a permis de maintenir au pouvoir le gouvernement de Bachar el-Hassad, malgré les 3 milliards de dollars qataris destinés à armer les rebelles syriens, selon le Financial Times [12], ainsi que les frappes françaises [13] et américaines.
Il ne faudrait certes pas voir dans cette explication la seule cause d’un conflit beaucoup plus complexe. Toujours selon David Rigoulet-Roze « Le pipeline est une variable importante, qui s'inscrit dans un ensemble et qui n'est pas le déterminant essentiel, mais qui n'est pas non plus un déterminant mineur »
L’audition devant le Sénat[14] d’Alain Juillet, président du Club des Directeurs de Sécurité des Entreprises (CDSE) n’en reste pas moins convaincante quant à l’importance de cette « variable ».

Quand la Russie se tourne de l’Asie
La « Chronique d’un suicide collectif » [15] avait évoqué les raisons de l’éviction de TOTAL de ses droits d’exploitation de ce fabuleux gisement.
C’est la Chine qui a tiré les marrons du feu, en remplaçant TOTAL[16], après que les pressions américaines aient contraint ce dernier à abandonner son contrat iranien à 5 milliards d’euros.
L’explosion économique de pays émergents comme la Chine rebat les cartes des équilibres géopolitiques. En se rapprochant d’elle, la Russie « renforcera  sa capacité à servir de passerelle entre l'Asie et l'Europe et fournira à Moscou un levier d'influence supplémentaire », ainsi que le remarquent les analystes de l’Institut Montaigne [17] qui considèrent que leurs liens sont amenés à se resserrer, quelle que soit l’évolution des rapports sino-américains ou russo-américains,
L’inauguration du gazoduc géant « Power of Sibéria » [18] a constitué, ce 2 décembre 2019, une étape supplémentaire de ce rapprochement.

L’impuissance de l’Occident
 Ce rapprochement sino-russe se situe dans un contexte de sanctions occidentales vis-à-vis des 2 partenaires.
A propos de la Crimée pour la Russie, et de la guerre commerciale avec les États-Unis pour la Chine.
Le Conseil européen a prorogé jusqu’au 15 mars 2020 [19] les sanctions contre la Russie liées à son annexion illégale de la Crimée
La partie économique de ces sanctions vise notamment son secteur bancaire, ses compagnies énergétiques et ses entreprises de défense.
Non seulement la bascule vers l’Est et l’intégration asiatique de la Russie la protège de la menace des conséquences de telles sanctions futures, mais le formidable débouché chinois de son gaz lui confère un puissant levier diplomatique à travers notre propre approvisionnement.

Le bloc de l’Est
Malgré tous ses efforts en ce sens, l’Occident n’avait pas réussi davantage à évincer le président syrien que son homologue turc.
Car tous 2 ont pu compter sur un appui sans faille de Moscou.
Et le gazoduc géant « Turkish Stream », dont l’inauguration est prévue le 8 janvier 2020 [20], renforce encore leurs liens.
Notons que la Chambre des représentants des États-Unis vient de décider la mise en place de sanctions [21], aussi bien envers les entreprises concernées par ce gazoduc turc que contre celles du gazoduc allemand Nord Stream 2, pour la raison que ce dernier affaiblit la position de l’Ukraine et renforce encore davantage la dépendance de l’Europe à la Russie.

Vers une déstabilisation
L’escalade des tensions en méditerranée orientale doit faire craindre des tentatives de déstabilisation de la région, identiques à celles qui ont armé les rebelles syriens, malgré la protection militaire de la France [22].
Et on ne peut ignorer que les réseaux sociaux peuvent en être le cheval de Troie.
Le Times[23] et Bloomberg[24] ont notamment évoqué le rôle de la Russie dans le mouvement des gilets jaunes, via des centaines de comptes Tweeter propageant des informations fausses.
Selon le Courrier International [25], les russes pourraient tenter, par cette méthode, d’amplifier les divisions ethniques, ainsi qu’entre politiques et travailleurs.
Le propos n’est pas de donner du crédit à une quelconque paranoïa complotiste relative à l’origine des conflits qui ébranlent la France depuis un an.
Mais de ne pas occulter le fait que nous avons-nous même armé les rebelles syriens [26] qui « préparaient leur démocratie ».
Et de prendre conscience de la gravité extrême des enjeux de l’équilibre mondial, dans un contexte de raréfaction des ressources fossiles et d’explosion de leur consommation.
Ces enjeux sont autrement plus déterminants que lors des premiers chocs pétroliers qui avaient incité la France à se doter d’un parc nucléaire en à peine 20 ans.

Mais défions nous des contes de fées qui reposent sur des systèmes qui s’obstinent à ne pas fonctionner [27].
Il ne convient pas que l’opinion publique se trompe de risque et en fasse courir un plus grand encore par l'incitation des politiques à réduire ce parc nucléaire au bénéfice d’une production renouvelable intermittente, dont on connaît parfaitement le lien avec la dépendance au gaz et l'embrasement des conflits.

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