18.09.2018
L’Allemagne est accusée de se servir de ses réserve
stratégique énergétiques pour mentir sur ses efforts de transition
énergétique.
Alors que la réforme du marché de l’électricité européen débute, une
controverse est venue tendre les échanges préliminaires. La France, la
Pologne, l’Italie, la Hongrie, la Grèce, l’Irlande et le Royaume-Uni
sont montés au créneau afin de dénoncer ce qu’ils estiment comme une
manœuvre déloyale allemande. Les 7 pays accusent en effet Berlin d’avoir
transféré en catimini les capacités de production de 8 centrales à
charbon vers ses « réserve stratégique » afin de se conformer en
apparence aux exigences européennes.
Ces réserves stratégiques constituent ce qu’on appelle des mécanismes
de capacité, qui ont pour rôle d’assurer la sécurité
d’approvisionnement en électricité. Ces derniers permettant de financer
les centrales électriques – généralement au charbon ou au gaz – qui
restent en veille mais conservées en état de marche. Elles peuvent être
réactivées comme des réserves stratégiques en cas de surconsommation
d’énergie.
« L’une de nos inquiétudes porte sur le manque d’équilibre de
l’approche du Parlement européen envers différents types de mécanismes
de capacité » explique une missive conjointement écrite par les six
états membres, qui demandent que les règles « s’appliquent à tous de la
même manière ». Pour eux, « réserves stratégiques […] devraient
fonctionner uniquement dans des situations critiques » et non comme un
moyen de redistribuer le même jeu à l’insu des autres parties.
« Par conséquent, nous ne pouvons accepter que la priorité soit
donnée aux réserves stratégiques en tant qu’option privilégiée […] Par
ailleurs, tous les mécanismes de capacité, y compris les réserves
stratégiques, devraient respecter les normes de performance d’émissions
établies dans le nouveau règlement » note le ministre de l’Énergie
polonais, Krzysztof Tchórzewsk, particulièrement courroucé. Varsovie a
en effet dû multiplier les efforts pour réduire sa consommation de
charbon.
Le secteur électrique allemand est d’une grande complexité, du fait
notamment de sa grande décentralisation, de sa dépendance encore
importante au charbon, mais aussi de la volonté politique affichée par
le gouvernement de sortir du nucléaire – ce qui rend sa marge de
manœuvre très réduite au vu de ses engagements de réduction d’émissions
de CO2. Si les réformes mises en place par le pays devraient permettre
un mix très propre et diversifié à moyen terme, à court terme, Berlin
fait office de mauvais élève.
La Commission a validé le système Allemand en février dernier. Mais
le Parlement estime que ce mécanisme affranchit les centrales allemandes
des contraintes environnementales, y compris des futures limites
d’émissions de CO2, et lui permet de devancer les négociations sur la
réforme du marché de l’électricité.
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